Edgar Tekere, secrétaire du parti ZANU-PE, dont le leader est Robert Mugabe, est démis de ses fonctions en août 1981 et inculpé de meurtre. En octobre, c'est Ushewokunze, réputé un des éléments les plus intransigeants du parti, qui doit abandonner son portefeuille de ministre de la Santé.

Exil

Déjà vive depuis de longs mois (Journal de l'année 1980-81), la tension qui règne entre R. Mugabe et J. Nkomo ne cesse de s'aggraver. R. Mugabe annonce, le 4 novembre 1981, qu'il a découvert un complot destiné à le renverser et commence à parler de l'institution probable du parti unique. Mais il faudra attendre le mois d'avril 1982 pour qu'il évoque de nouveau publiquement cette question, préconisant, cette fois, l'organisation d'un référendum permettant à la population de se prononcer pour ou contre le multipartisme.

Dès novembre 1981, en revanche, le Premier ministre se lance dans de sévères attaques contre les éléments d'origine européenne qui composent la population. Inquiets, ces derniers prennent, de plus en plus nombreux, le chemin de l'exil. De 275 000 en 1976, ils ne sont déjà plus que 190 000, ce qui représente, estime-t-on, moins de 2 % de la population.

Complot

Une atmosphère malsaine se développe dans le pays, caractérisée par la dégradation des rapports entre les diverses communautés raciales. Accusé d'espionnage, condamné à une lourde peine d'emprisonnement, le capitaine Frank Gericke, officier blanc, s'évade en novembre 1981 et se réfugie en territoire sud-africain. En décembre, Albert Mugabe, frère du Premier ministre est retrouvé mort dans une piscine, sans que les circonstances du décès soient clairement établies.

Quelques jours plus tard, en plein centre de la capitale, le siège du parti gouvernemental est le théâtre d'un attentat, qui fait sept morts et une cinquantaine de blessés. En février 1982, quatre mercenaires français passent en jugement sous la double inculpation de vol et de meurtre.

Dans le courant du même mois de février, R. Mugabe annonce la découverte, à une quarantaine de kilomètres de Bulawayo, dans une ferme appartenant à J. Nkomo, d'un véritable arsenal, comprenant notamment bazookas et mitrailleuses. J. Nkomo est écarté du gouvernement avec trois de ses sept lieutenants, le 17 février 1982, et l'alliance nouée entre la ZANU-PF de Robert Mugabe, vainqueur des élections législatives d'avril 1980 (57 sièges au Parlement), et la ZANU-PF de Nkomo (20 sièges) éclate (Journal de l'année 1979-80).

Dans un tel contexte, défavorable à J. Nkomo, les défections se multiplient dans les rangs de la ZAPU, dont beaucoup de responsables volent au secours de la victoire de R. Mugabe en ralliant la ZANU. Un nouveau complot est dénoncé par le Premier ministre, le 25 février, et deux des principaux collaborateurs de J. Nkomo sont arrêtés. Néanmoins, le rival numéro un de R. Mugabe esquisse en avril 1982 une sorte de rentrée politique.

Démission

Le Front républicain, qu'anime l'ancien Premier ministre blanc Ian Smith, éclate à la suite de la démission, en mars, de sept de ses principaux dirigeants. Ce parti perd la majorité des sièges réservés aux Blancs au Parlement et n'en conserve plus que huit. Cependant, à la suite du remaniement du cabinet, en avril, Mugabe réserve les portefeuilles de ministre d'État chargé du service public et de vice-ministre du Commerce à deux Blancs.

En politique étrangère, la grande innovation est le rapprochement avec Paris, esquissé dès novembre 1981 avec la visite de Guy Penne au Zimbabwe. Et, quelques jours après qu'à Dakar François Mitterrand a déclaré au terme de son voyage officiel que l'Afrique francophone restait « le pré carré de la France en Afrique », Robert Mugabe est officiellement reçu fin mai à Paris.

Il conclut un accord pour l'octroi d'un prêt de 317 millions de F, la moitié de cette somme étant remboursable en 25 ans avec un intérêt de 3 % et un délai de grâce de sept à dix ans. La France fournit une aide alimentaire de 3 200 t de blé au Zimbabwe, qui s'engage, de son côté, à acheter des hélicoptères et du matériel militaire français.

Sanctuaire

Les problèmes militaires préoccupent d'ailleurs beaucoup les dirigeants de Salisbury — rebaptisée Harare en avril 1982 —, qui considèrent que leurs frontières avec le Mozambique et avec la République sud-africaine sont gravement menacées. R. Mugabe se rend en décembre 1981 à Maputo et y conclut plusieurs accords de coopération.