En mars 1982, c'est à Antsiranana (anciennement Diégo-Suarez) et dans l'île de Nossi-Bé que se déchaînent les contestataires, dont l'action consiste, cette fois encore, à piller boutiques et magasins. La censure imposée par le gouvernement ne permet pas de connaître l'ampleur réelle des désordres ni le nombre des morts. Pudiquement, les autorités consentent à parler de « crise du Nord », suscitant les spéculations les plus folles.

Le Sud paraît gagné par la contagion de la violence en mai. Dans la région de Toliara (ex-Tulear), plus de 100 paysans auraient été massacrés par des gendarmes, à la suite d'une série de vols de bœufs. Il semble que ce fait divers, banal à Madagascar où, dans les régions d'élevage, le vol de bétail est un véritable sport national, ait été accompagné de contestations politiques, suscitées par des militants du parti de Monja Jaona, vieux leader progressiste.

Malgré le contentieux territorial qui oppose Antananarivo et Paris à propos du statut des îles éparses, les relations restent relativement bonnes entre les deux capitales. D. Ratsiraka continue de réclamer par la voie diplomatique les îles sous souveraineté française, administrées depuis La Réunion, dont la superficie globale est de 17 km2 : Bassas de India, Europa, Glorieuses et Juan de Nova.

Le président Ratsiraka est reçu à Paris en septembre 1981, et Guy Penne, conseiller à l'Élysée pour les affaires africaines, se rend à Antananarivo en février 1982. Mais c'est surtout avec les pays de l'Est que le régime malgache entretient les relations de coopération les plus étroites, notamment avec l'Union soviétique et la Corée du Nord qui apportent une aide militaire importante et assurent la sécurité personnelle du président.

Il semble qu'en dépit des démentis officiels l'URSS ait procédé à l'installation de plusieurs bases, dont l'une dans les anciennes installations navales françaises de Diégo-Suarez.

La situation économique difficile est aggravée par une série de pluies diluviennes qui dévastent en janvier 1982 les rizières, particulièrement dans la région centrale du pays, dans l'Imerina et dans la région du lac Alaotra. Dans la capitale, plus de 65 000 personnes sont sinistrées. La moitié de la récolte de riz est perdue.

Ratsiraka doit dévaluer en mai 1982 le franc malgache de 17 %. Le mécontentement s'accroît. C'est ainsi que, dès novembre 1981, l'épiscopat rédige une lettre collective, manifestant son inquiétude devant la dégradation générale de la situation.

Malawi

Lilongwe. 5 970 000. 50.
Économie. PIB (78) : 175. Productions (73) : A 49 + I 15 + S 36. Énerg. (80) : 48. CE (78) : 23 %. P (78) : 185.
Transports. (78) : 68 M pass./km, 201 Mt/km. (*78) : 13 500 + 13 400. (78) : 129 pass./km.
Information. (77) : 2 quotidiens ; tirage global : 18 000. (76) : *130 000. (75) : 4 700 fauteuils ; fréquentation : 1,4 M. (78) : 27 000.
Santé. (77) : 116. Mté inf. (72) : 142.
Éducation. (76). Prim. : 663 940. Sec. et techn. : *16 000. Sup. (75) : 1 148.
Armée.  : *5 000.
Institutions. État indépendant le 6 juillet 1964. République proclamée le 6 juillet 1966. Constitution de 1966. Président de la République nommé à vie et chef de l'exécutif : Dr Hastings Kamuzu Banda, investi par le Parlement le 20 mai 1966.

Mali

Bamako. 6 980 000. 6. 2,7 %.
Économie. PIB (75) : 87. Énerg. (80) : 30. CE (75) : 10 %.
Transports. (77) : 129 M pass./km, 149 Mt/km. (74) : 11 900 + 7 600. (78) : 73 pass./km.
Information. (76) : 2 quotidiens. (76) : *82 000.
Santé. (77) : 254.
Éducation. (75). Prim. : 252 393. Sec et techn. : 55 465. Sup. : 2 936.
Armée.  : *4 950.
Institutions. État indépendant le 22 septembre 1960. République (24 novembre 1958). Constitution du 2 juin 1974 révisée par une ordonnance du Comité militaire de libération nationale (CMLN), conformément aux résolutions du congrès constitutif de l'Union démocratique du peuple malien (UDPM) en mars 1979. Chef de l'État et de l'exécutif : général Moussa Traoré, réélu le 19 juin 1979.

Isolement

Malgré une sérieuse crise intérieure, la junte malienne continue, en dépit de tous les pronostics pessimistes, de se maintenir au pouvoir. Ouverte en 1980, à la suite de l'assassinat d'un leader syndicaliste étudiant torturé à mort par la police (Journal de l'année 1979-80), l'épreuve de force entre gouvernement militaire d'une part, lycéens et étudiants de l'autre reste pourtant sans solution. À plusieurs reprises, les dirigeants sont contraints de fermer des établissements d'enseignement supérieur et secondaire, dont les élèves boycottent les cours. À plusieurs reprises également, des affrontements brutaux, mais sans lendemain, opposent forces de l'ordre et contestataires. Malgré l'influence soviétique, la junte s'efforce de maintenir de bonnes relations avec la France. Le ministre de la Coopération Jean-Pierre Cot se rend à Bamako en mars 1982. Paris s'efforce, sans succès, de convaincre les partenaires africains du Mali d'accepter sa réintégration au sein de l'Union monétaire ouest-africaine (UMOA), organisme dont Bamako s'est retiré en 1967. Lors d'une réunion spécialement convoquée à cet effet à Dakar, en septembre 1981, les représentants des États membres de l'Union reportent sine die cette réintégration. Le motif officiel de la décision est la médiocrité des réformes économiques consenties par la junte de Bamako, qui n'est pas parvenue à apurer le lourd passif hérité de la gestion désastreuse des sociétés d'État. Mais, en fait, il semble que l'opposition de la Haute-Volta, qu'un litige frontalier sur la région de l'Agacher oppose au Mali, ait été déterminante.

Maroc

Rabat. 20 050 000. 43. 3 %.
Économie. PIB (78) : 654. Productions (77) : A 16 + I 32 + S 52. Énerg. (80) : 340. CE (78) : 12 %.
Transports. (78) : 871 M pass./km, 3 785 Mt/km. (*78) : 394 100 + 179 200. (*80) : 360 000 tjb. (78) : 1 905 pass./km.
Information. (76) : 10 quotidiens ; tirage global : *190 000. (76) : *1 500 000. (76) : 522 000. (77) : 146 800 fauteuils ; fréquentation : 35,8 M. (78) : 216 000.
Santé. (77) : 800.
Éducation. (76). Prim. : 1 667 773. Sec. et techn. : 529 027. Sup. (75) : 45 322.
Armée.  : 120 000.
Institutions. État indépendant le 2 mars 1956 (le 8 avril 1956 pour l'ex-zone nord espagnole). Monarchie constitutionnelle. Nouvelle Constitution, modifiée et approuvée par référendum en mai 1980. Souverain : Hassan II, succède le 3 mars 1961 à son père le roi Mohammed V, décédé. Premier ministre : Maati Bouabid.

Une situation intérieure préoccupante

Le roi Hassan II est aux prises avec une situation intérieure difficile, en raison de la rupture avec l'opposition, de l'agitation sociale provoquée par la persistance de la crise économique et de la poursuite de l'inextricable conflit saharien.