C'est dans cet esprit qu'il décide, le 18 juillet 1981, de lever la mesure de suspension qui frappait, depuis 1963, le parti communiste tunisien (PCT). L'opposition, tolérée à défaut d'être légalement reconnue — sa reconnaissance sous forme de partis est liée à l'obtention d'au moins 5 % des suffrages —, ne refuse pas sa participation aux élections législatives du 1er novembre.

Ces élections donnent donc aux électeurs une réelle possibilité de choix, encore que les incidents qui troublent la campagne électorale soient de nature à discréditer la consultation. Au Front national, constitué par le Parti socialiste destourien (PSD) et l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), s'opposent le Mouvement des démocrates socialistes (MDS) d'Ahmed Mestiri, le Mouvement de l'unité populaire (MUP) d'Ahmed Ben Salah, le PCT et quelques indépendants. 94,60 % des suffrages se portent sur le Front, laissant à l'ensemble de l'opposition seulement 5,22 % des voix.

La nouvelle Chambre n'aura donc pas cette physionomie pluraliste que beaucoup escomptaient. À cause de ces espoirs déçus, y compris chez les plus libéraux des dirigeants au pouvoir, la démocratie marque de nouveau le pas en Tunisie.

Craintes

Le Premier ministre, Mohamed Mzali, partisan convaincu d'un multipartisme susceptible de s'opposer à la montée de la vague intégriste, n'entend pas remettre en question le processus démocratique, auquel s'opposent, dans le PSD, les tenants d'un monolithisme que le chef de l'État lui-même juge dépassé. Le 30 novembre, Habib Achour est grâcié par le président Bourguiba, avant de retrouver la direction de l'UGTT dont il avait été écarté après les événements sanglants du 26 janvier 1978 (Journal de l'année 1977-78).

Ce retour sur la scène syndicale, et donc politique, n'est pas suffisant pour apaiser les revendications sociales toujours insatisfaites. Début 1982, la tension s'accentue dans plusieurs secteurs — enseignement, agriculture, industrie automobile, transports —, où se développent des grèves, tandis que les quatre courants dominants de l'opposition (MDS, PCT, MUP et MTI) réclament, en commun, un « assainissement du climat politique ».

À ces désagréments d'ordre interne s'ajoutent les craintes nées d'un regain d'intérêt du colonel Kadhafi à l'égard de la Tunisie. Le règlement du contentieux tuniso-libyen concernant la délimitation du plateau continental, obtenu en défaveur de la thèse tunisienne par un jugement de la cour de La Haye (24 février), coïncide avec les retrouvailles officielles, à Carthage, du colonel Kadhafi avec H. Bourguiba. Quelques jours plus tard, un commando de Tunisiens armés, venus de Libye, est intercepté à la frontière, rappelant fâcheusement l'affaire de Gafsa (Journal de l'année 1979-80). Tunis entend pourtant ne rien entreprendre qui puisse troubler des relations, délicates et fluctuantes à cause de leur caractère ambigu, avec ses deux puissants voisins que sont la Libye et l'Algérie.

Alliances

Pour garantir sa fragile indépendance et sa sécurité, la Tunisie attend beaucoup de la France, dont le nouveau gouvernement issu des élections de juin 1981 affirme qu'il entend bien préserver des relations jusque-là privilégiées. La visite de Pierre Mauroy (18-20 février 1982) ne suffit pas à calmer les appréhensions que l'on a, à Tunis, quant aux intentions réelles de Paris à cet égard. Aussi regarde-t-on avec plus d'intérêt du côté des États-Unis, où Mohamed Mzali obtient, lors d'une visite officielle le 27 avril, que ceux-ci augmentent leurs crédits militaires de 85 millions de dollars à 140 millions en 1983.

Cette orientation, qui coïncide avec le retour des Américains au Maroc, est sévèrement jugée par une partie de l'opposition (PCT) et surtout par l'Algérie qui craint, manifestement, de se voir enserrée dans un dispositif stratégique hostile.

Cette dépendance, sur le plan de la sécurité, jointe à la dépendance économique persistante — la Tunisie devra emprunter à l'extérieur 20 % des investissements nécessaires à la réalisation de son VIe Plan et importe aujourd'hui 50 % de ses besoins, surtout agroalimentaires —, témoigne des incertitudes qui demeurent quant à l'avenir de ce petit pays, devenu le siège de la Ligue arabe et dont la vitalité intellectuelle est unanimement reconnue, du Maghreb au Golfe.

Zaïre

Kinshasa. 28 290 000. 12. 2,9 %.
Économie. PIB (75) : 148. Productions (75) : A 19 + I 28 + S 53. Énerg. (80) : 67. CE (75) : 23 %. P (78) : 1 132.
Transports. (76) : 467 M pass./km, 2 203 Mt/km. (74) : 84 800 + 76 400. (*80) : 92 000 tjb. (78) : 352 pass./km.
Information. (76) : 6 quotidiens ; tirage global : *45 000. (74) : *2 448 000. (76) : *7 000. (74) : 25 400 fauteuils ; fréquentation : 1,7 M. (78) : 26 000.
Santé. (78) : 1 723.
Éducation. (74) Prim. : 3 429 076. Sec. et techn. : 446 067. Sup. : 21 021.
Armée.  : 22 100.
Institutions. État indépendant le 30 juin 1960. République présidentielle. Constitution de 1967, amendée en 1970. Président de la République et chef de l'exécutif : lieutenant-général Mobutu Sese Seko, élu pour un troisième mandat le 3 décembre 1977. Premier ministre : Nsinga Udju Ongwabeki Untube (nouveau gouvernement, 10 octobre 1981).

Contestation étudiante

Bête noire du parti socialiste français, très vivement attaqué par l'ensemble de la gauche française, le président Mobutu tient la vedette à la conférence franco-africaine de Paris, en novembre 1981.