Estimant que le dialogue avec les autorités n'a jamais pu véritablement s'établir, certains responsables du mouvement berbère envisagent de radicaliser leur action et de s'allier à d'autres forces nationales pour imposer la reconnaissance du fait berbère. Cependant, la Kabylie ne montrera guère d'empressement à répondre à l'ordre de grève générale lancé le 28 septembre par un mystérieux Mouvement pour la langue berbère et la démocratie. C'est à la même période que, de leur côté, les communistes du Parti de l'avant-garde socialiste algérien — organisation tolérée mais sans existence légale — menacent de prendre leur distance en retirant leur appui au gouvernement, dont ils dénoncent le « virage à droite ».

Le gouvernement ne manque pas de réagir à tous ces débordements : fin octobre 1981, plusieurs procès ont lieu ; ils concernent des contestataires berbères, des intégristes ou des fauteurs de troubles divers, notamment au sein des universités. L'avertissement n'est pas toujours entendu, puisque, fin avril 1982, de sérieux affrontements ont lieu dans plusieurs villes de l'Oranie, opposant lycéens et jeunes chômeurs aux forces de l'ordre.

Pesanteurs

Toutefois, cette agitation sporadique n'atteint jamais une ampleur telle que le pouvoir se sente débordé et encore moins menacé. Le président Chadli Bendjedid, en mettant clairement en garde les activistes de tous bords qui seraient tentés « de faire de l'Algérie un champ d'expériences idéologiques », fait montre d'assez de détermination et de souplesse à la fois pour maîtriser cette effervescence, qu'elle vienne du marxisme ou de l'intégrisme.

C'est donc dans un climat relativement serein que se déroulent les élections législatives du 5 mars 1982. Les 843 candidats, qui briguent les 281 sièges de l'Assemblée, ont tous été choisis par le parti unique, le FLN. Toute surprise est donc exclue, d'autant que le président est intervenu lui-même pour recommander le choix de ces candidats, selon le critère de la Charte nationale : « Intégrité, compétence et engagement ». Le nouveau Parlement compte une majorité d'enseignants (plus de 50 %), de fonctionnaires et de permanents du FLN. Le parti pourra contrôler plus étroitement encore une Chambre dont beaucoup s'étaient plu à saluer le non-conformisme affiché durant les deux dernières sessions. Les mêmes craignent, désormais, que les pesanteurs bureaucratiques des appareils de l'État et du parti, plus étroitement imbriqués encore, ne reprennent le dessus, et que ce forum, lieu de confrontation d'idées et donc soupape politique, ne disparaisse, ce qui ôterait au régime une part importante de la démocratie qu'il entend promouvoir.

Relance

Moins soucieux que son prédécesseur de développer une diplomatie militante — ce qui n'exclut pas la poursuite d'une politique extérieure efficace et active dont fut maître d'œuvre Mohamed Benyahia jusqu'à sa disparition tragique en avion le 3 mai 1982 —, le président algérien s'emploie surtout à restructurer une économie mise à l'épreuve par la gestion souvent imprudente de Boumediene. On se soucie désormais davantage du bien-être d'une population jeune (les 2/3 des 20 millions d'habitants n'ont pas 18 ans), au taux de croissance élevé (3,1 %), et dont la répartition géographique (3 % du territoire rassemblent 56 % de la population) pose de sérieux problèmes d'infrastructure et de développement.

La priorité est revenue à l'agriculture, dont le secteur socialiste, pourtant installé sur les meilleures terres (celles des colons français), ne tire pas, loin de là et contrairement au secteur privé (qui produit les 2/3 des céréales), le meilleur profit. Mais, surtout, les Algériens s'efforcent de mieux gérer, techniquement et financièrement, des richesses énergétiques (gaz et pétrole) qui couvrent 97 % de leurs exportations et plus de 62 % de leurs recettes fiscales.

Ainsi le président Chadli Bendjedid a-t-il réussi à imposer, calmement et sans concessions inutiles, ses idées et ses hommes de telle sorte que, après trois années déjà de son pouvoir, l'Algérie semble être bien entrée dans l'ère chadliste.

Dialogue Paris-Alger

L'élection de François Mitterrand avait été bien accueillie à Alger. Sa visite dans la capitale algérienne, du 30 novembre au 1er décembre 1981, marque la double volonté des deux pays de relancer un dialogue. Ce climat de confiance renouvelé — ou rétabli — n'efface certes pas tous les obstacles, comme en témoigne le problème non entièrement résolu de la restitution des archives. La première application de ces bonnes intentions, concerne évidemment le dossier économique, objet principal du contentieux entre Paris et Alger. Après bien des difficultés levées au dernier moment grâce à une volonté politique commune, un accord sur le gaz est signé le 3 février 1982 entre la Sonatrach et Gaz de France ; dès 1983, la France recevra donc 9,15 milliards de m3 de gaz algérien par an, à un prix supérieur de 15 à 20 % au cours mondial. Ce marché, critiqué par certains à cause de son coût, réduira de manière sensible le déséquilibre des échanges commerciaux au détriment de l'Algérie. Un obstacle sérieux se trouve désormais levé dans la poursuite du dialogue franco-algérien. Et l'escale algérienne, le 19 mai 1982, du président français en route pour une longue tournée africaine, semble renforcer l'idée que, cette fois, le dialogue est bien engagé.

Angola

Luanda. 7 080 000. 6. 2,5 %.
Économie. PIB (75) : 434. Énerg. (80) : 146. CE (70) : 24 %.
Transports. (74) : 418 M pass./km, 5 461 Mt/km. (73) : 127 300 + 35 700.
Information. (76) : 5 quotidiens ; tirage global : 119 000. (76) : *116 000. (72) : 35 700 fauteuils ; fréquentation : 3,7 M. (78) : 28 000.
Santé. (73) : 383. Mté inf. (72) : 24,1.
Éducation. (72). Prim. : 516 131. Sec. et techn. : 79 055. Sup. : (71) 2 660.
Armée.  : 33 000.
Institutions. État indépendant le 11 novembre 1975 (ancienne colonie portugaise). République populaire. Constitution de 1975 modifiée en août 1977. Président de la République et chef de l'exécutif : José Eduardo Dos Santos, désigné par le MPLA le 20 septembre 1979 ; succède à Agostinho Neto, décédé.

Bénin

Porto-Novo. 3 570 000. 32. 2,8 %.
Économie. PIB (77) : 184. Productions (77) : A 38 + I 10 + S 52. Énerg. (80) : 51. CE (77) : 5 %.
Transports. (78) : 133 M pass./km, 152 Mt/km. (76) : 17 000 + 9 500.
Information. (76) : 1 quotidien ; tirage global : 1 000. (76) : *150 000. (72) : 9 000 fauteuils ; fréquentation : 1,2 M. (75) : 10 000.
Santé. (77) : 120.
Éducation. (77). Prim. : 293 648. Sec. et techn. : 55 075. Sup. (75) : 2 118.
Armée. 3 100.
Institutions. État indépendant le 1er août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1977 ; devient officiellement, le 30 novembre 1975, République populaire du Bénin (ancien Dahomey). Président de la République : lieutenant-colonel Mathieu Kerekou, auteur du coup d'État militaire du 26 octobre 1972 qui renverse le Conseil présidentiel dirigé par Hubert Maga.

Visite papale

Le président Kerekou, qui s'est emparé du pouvoir à l'issue d'un putsch, il y a bientôt dix ans, est reçu en visite officielle à Paris, où il se rend pour la première fois depuis qu'il a accédé à la magistrature suprême.