Sir Seewoosagur Ramgoolam, 82 ans, abandonne le poste de Premier ministre à Aneerood Jugnauth, avocat de 52 ans, chef de file du MMM. Harish Boodhoo, leader du PSM, devient vice-Premier ministre, tandis que Paul Bérenger, vétéran de mai 1968 qu'il a vécu à Paris, fondateur et véritable patron du MMM, devient ministre des Finances. Figure de proue du nationalisme mauricien, terreur des chancelleries occidentales, ce nouvel homme fort laisse prévoir, par sa présence au gouvernement, d'importants changements politiques.

L'ancienne colonie de la Couronne britannique devrait devenir une république à l'indienne et prendre ses distances à l'égard d'Élisabeth II, qui exerce toujours une souveraineté nominale sur l'île. Sur le plan économique, quelques nationalisations sont prévues, notamment dans le domaine de l'industrie sucrière. Enfin, le poids du PSM semblant insignifiant, tout porte à croire que le MMM va s'imposer comme parti unique.

Un changement de cap diplomatique est prévisible. Comme les Seychelles et Madagascar, Maurice appartient désormais au camp neutraliste, farouchement opposé à toute militarisation de l'océan Indien ; ce qui laisse supposer des pressions sur les États-Unis pour obtenir l'abandon de leur base de Diego Garcia, dans l'archipel des Chagos, et sur la France, pour intégrer au territoire national l'îlot de Tromelin, revendiqué à la fois par Madagascar et Maurice.

Mauritanie

Nouakchott. 1 630 000. 2. 2,8 %.
Économie. PIB (78) : 353. Productions (78) : A 25 + I 22 + S 53. Énerg. (80) : 175. CE (78) : 23 %.
Transports. (74) : 7 807 Mt/km. (72) : 4 400 + 5 000. (78) : 161 pass./km.
Information. (76) : *95 000. (77) : 8 800 fauteuils ; fréquentation : 0,4 M.
Santé. (76) : 71.
Éducation. (77). Prim. : 72 932. Sec. et techn. : *10 000.
Armée.  : 7 970.
Institutions. État indépendant le 28 novembre 1960. République islamique (28 novembre 1958). Nouvelle Constitution en préparation. Président du comité militaire de salut national : lieutenant-colonel Mohamed Khouna Ould Heydalla, après le coup d'État du 4 janvier 1980 qui renverse le lieutenant-colonel Mohamed Mahmoud Ould Louly. Chef du gouvernement militaire : lieutenant-colonel Maaouya Ould Sid Ahmed (25 avril 1981), qui met fin au gouvernement civil dirigé par Ahmed Ould Bneijara.

Instabilité

Trois ans après la chute de Mokhtar Ould Daddah et depuis la tentative de putsch du 16 mars 1981 (Journal de l'année 1980-81 et 1978-79), la Mauritanie du lieutenant-colonel Khouna Ould Heydalla est toujours à la recherche de stabilité. Rappelant la stricte neutralité de son pays dans le conflit saharien, le président mauritanien réclame « l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination, loin de toute pression militaire ou administrative » et s'attire du même coup l'inimitié du roi Hassan II.

L'attaque de la garnison marocaine de Guelta-Zemmour par le Polisario, le 13 octobre 1981, provoque une vive tension avec le Maroc, qui ne manque jamais de dénoncer la collusion des autorités de Nouakchott avec les Sahraouis. Subissant de multiples pressions extérieures, la petite classe politique mauritanienne est partagée entre différentes tendances qui s'affrontent plus ou moins ouvertement. C'est ainsi qu'au début de février 1982 d'anciens membres du Comité militaire de salut national (CMSN), dont le lieutenant-colonel Moustapha Ould Mohamed Salek, l'auteur du coup d'État qui renversa Mokhtar Ould Daddah, se trouvent impliqués dans une nouvelle tentative de coup d'État.

La Mauritanie, qui reste un des pays les plus pauvres du monde malgré la possession d'importantes richesses potentielles (fer et pêche), a le plus grand besoin de stabilité intérieure et de paix dans la région pour réussir le décollage économique programmé par le 4e plan quinquennal (1981-1985), d'un montant de 76 milliards d'ouguiyas (7,6 milliards de F).

Mozambique

Maputo. 10 470 000. 13. 2,6 %.
Économie. PIB (75) : 296. Énerg. (80) : 97. CE (75) : 8 %. P (76) : 172.
Transports. (73) : 396 M pass./km, 3 400 Mt/km. (72) : 89 300 + 21 500.
Information. (76) : 2 quotidiens ; tirage global : 42 000. (76) : 225 000. (78) : 49 000.
Santé. (77) : 285. Mté inf. (73) : 19,1.
Éducation. (72) Prim. : 577 997. Sec. et tech. : 54 650. Sup. (76) : 906.
Armée.  : 26 700.
Institutions. État indépendant le 25 juin 1975 (ancienne colonie portugaise). Constitution du 25 juin 1975. Chef de l'État : Samora Moïses Machel.

Niger

Niamey. 5 310 000. 4. 2,9 %.
Économie. PIB (75) : 160. Énerg. (80) : 51 CE (75) : 15 %. P (78) : 242.
Transports. (*78) : 12 600 + 13 800.
Information. (77) : 1 quotidien ; tirage global : 3 000. (78) : 8 000.
Santé. (77) : 114.
Éducation. (76) Prim. : 159 515. Sec. et techn. : 18 098. Sup. (75) : 541.
Armée.  : 2 220.
Institutions. État indépendant proclamé le 3 août 1960. République (18 décembre 1958). Constitution de 1960 ; régime présidentiel. Chef de l'État, avec le titre de président du Conseil militaire suprême : colonel Seyni Kountché, qui évince le président Diori Hamani par un coup d'État, le 15 avril 1974.

Resserrement des liens avec Paris

François Mitterrand commence, fin mai 1982, la première tournée sud-saharienne de son septennat par Niamey, où il prononce un discours dans lequel il affirme que « la France veillera à ce que la sécurité de ses amis soit mieux assurée ». Ces propos prennent un relief particulier dans un pays qui vit, du fait de l'étendue de ses frontières, sous la menace permanente de l'expansionnisme de certains de ses voisins, dont la Libye. Bien que le régime de Niamey ait rétabli le 1er mars 1982 ses relations diplomatiques avec Tripoli, le grand frère du Nord reste menaçant.