Le séjour de travail du roi Hassan II aux États-Unis, du 18 au 20 mai 1982, après le passage à Fès d'une importante délégation américaine (80 personnes dont 8 généraux), consacre l'importance accordée, outre-Atlantique, à l'établissement d'une coopération stratégique, qui soulève les critiques d'une partie de l'opposition et suscite les craintes de l'Algérie et de la Mauritanie.

Cette évolution est particulièrement suivie par la diplomatie française, également inquiète à la perspective de voir le Maroc trop impliqué dans la nouvelle stratégie américaine qui prend forme en Méditerranée occidentale et dans le golfe Arabo-Persique. Mais le roi Hassan II avait-il d'autre alternative pour relever tous les défis qui se posent à son royaume ?

Sahara occidental

Le conflit saharien se poursuit inexorablement tant sur le terrain militaire, où les Sahraouis affrontent violemment les forces marocaines, que sur le plan diplomatique, dans le cadre d'une OUA impuissante, qui en sort finalement divisée.

Référendum

Après que le 18e sommet de l'OUA a invité, fin juin 1981 à Nairobi, les parties au conflit à observer un cessez-le-feu immédiat, le roi Hassan II accepte le principe d'un « référendum contrôlé » au Sahara occidental (Journal de l'année 1980-81). Cette annonce débouche bien vite sur un malentendu : pour Rabat, ce référendum doit être « consultatif », afin de confirmer la « marocanité du territoire », tandis que le Polisario réclame toujours des négociations directes.

Une commission ad hoc de l'OUA est cependant chargée d'organiser le cessez-le-feu et de déterminer les conditions nécessaires pour une consultation du peuple sahraoui. Ce comité des sept adopte, le 26 août 1981, une série de recommandations concernant ces modalités, mais l'attaque de la garnison de Guelta-Zemmour par le Polisario, le 13 octobre, vient bousculer le fragile édifice et relance la guerre.

Employant des armes sophistiquées, dont des Sam 6, les Sahraouis investissent les positions des Marocains, qui doivent finalement abandonner, le 9 novembre 1981, ce poste avancé. Rabat accuse Nouakchott d'avoir toléré, voire encouragé, cette attaque à partir du nord de la Mauritanie, ce que démentent les autorités de ce pays.

De son côté, l'Algérie rejette la thèse marocaine de la violation par le Polisario des dernières résolutions de l'OUA, et dénonce « la stratégie de l'immobilisme destinée à bloquer la dynamique de la paix » engagée à Nairobi. De nouvelles attaques ont lieu contre des garnisons marocaines, tandis que l'ONU réaffirme, le 9 novembre, le droit du peuple sahraoui à l'indépendance. L'impasse est totale.

OUA

La bataille revient alors sur le terrain diplomatique. Un mini-sommet de l'OUA se tient de nouveau à Nairobi, en février 1982, et adopte un plan prévoyant l'envoi au Sahara occidental d'une équipe mixte de l'OUA et de l'ONU au moins un mois avant la cessation des combats, afin de préparer un référendum, qui apparaît de plus en plus irréalisable compte tenu des positions incompatibles des deux parties antagonistes.

Une mission de conciliation est confiée au président de l'OUA, Arap Moi. Mais celle-ci est brutalement remise en question lorsque le secrétaire général de l'OUA, Edem Kodjo, prend l'initiative, le 27 février, de faire admettre la RASD (République arabe sahraouie démocratique) dans l'organisation.

C'est une sérieuse défaite diplomatique pour le Maroc qui, avec onze pays amis, décide aussitôt de se retirer des travaux du Conseil des ministres de l'OUA réuni à Addis-Abeba. La fracture politique ainsi provoquée au sein de l'OUA s'aggrave lorsque dix autres États, opposés aux thèses marocaines, boycottent à leur tour, le 15 mars 1982, la conférence ministérielle de Dakar, la délégation sahraouie ayant été refoulée.

Rabat propose la tenue d'un sommet extraordinaire pour résoudre la crise et se déclare encore prêt à faire des propositions pour la poursuite du processus de référendum, mais il semble déjà bien tard : l'épreuve de force diplomatique s'est trop engagée entre les Africains pour qu'un compromis soit trouvé qui préserve l'unité de l'OUA et dégage rapidement les voies d'une paix saharienne.

Île Maurice

Port-Louis. 960 000. 470. 1,6 %.
Économie. PIB (77) : 873. Productions (76) : A 20 + I 29 + S 51. Énerg. (80) : 297. CE (77) : 44 %. P (78) : 239.
Transports. (*78) : 25 400 + 14 200.
Information. (77) : 10 quotidiens ; tirage global : 85 000. (76) : 41 000. (77) : 48 000 fauteuils ; fréquentation : 17,5 M. (78) : 32 000.
Santé. (77) : 376. Mté inf. (79) : 33.
Éducation. (76). Prim. : 139 439. Sec. et techn. : 68 833. Sup. (75) : 1 096.
Institutions. État indépendant le 12 mars 1968. Constitution de 1967, amendée le 13 novembre 1969. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : sir Dayendranath Burrenchobay. Premier ministre : Aneerood Jugnauth (15 juin 1982).

Raz de marée

La gauche coalisée remporte, le 11 juin 1982, une victoire électorale sans précédent dans l'histoire de l'île. Le Mouvement militant mauricien (MMM) et le Parti socialiste mauricien (PSM), unis contre le parti travailliste (centre droit), enlèvent les 60 sièges de l'Assemblée et s'emparent légalement d'un pouvoir dont ils avaient jusqu'alors systématiquement été tenus à l'écart.