Bref, officiellement encouragé par les pouvoirs publics, le grouillement de l'électronique française modifie sérieusement les structures et les marchés de l'ensemble de la construction électrique. Ce redéploiement ne fait d'ailleurs que commencer.

Bâtiment

Contradictions de l'inflation

Heureuse surprise pour le bâtiment en 1979 : alors qu'un nouveau recul d'au moins 10 % était attendu, le nombre de logements mis en chantier n'a régressé que de 2,5 % par rapport à 1978. Avec 427 000 logements entrepris, le secteur demeure loin des 550 000 chantiers de 1974, mais il peut espérer avoir atteint le point le plus bas de la crise et ne prévoit pas de nouvelle dégradation en 1980.

En fait, les tendances du marché sont devenues très contradictoires, et les avis optimistes pour 1980 sont aussitôt corrigés par un pessimisme accru pour 1981 si les pouvoirs publics maintiennent de sévères restrictions de crédit. Car, pour le bâtiment, la mise en place du financement est un facteur aussi important, sinon plus, que le niveau des besoins physiques à satisfaire. Ces derniers s'étaient accumulés lors des dernières années en raison de la faiblesse des mises en chantier, elle-même suscitée par la réserve des investisseurs et des promoteurs, gênés par la commercialisation parfois difficile des programmes plus ou moins bien conçus en début de décennie.

Demande sélective

La nouvelle demande est, en effet, très sélective. Elle tend à se rapprocher des centres urbains, afin de réduire les dépenses de transport, et s'accoutume à une meilleure qualité, tant architecturale que des matériaux et des services. Elle émane à la fois de jeunes ménages à la recherche de logements sociaux surtout locatifs, de ménages plus anciens qui délaissent les banlieues trop lointaines, enfin d'un phénomène permanent de décohabitation dans les agglomérations et de ranimation des zones rurales par afflux de ménages âgés. De plus, depuis l'été 1979, l'aggravation de l'érosion monétaire a provoqué une demande plus forte de la part d'épargnants en quête de placements sécurisants.

La promotion, tant sociale que privée, n'a répondu qu'avec une grande prudence, engageant en cours d'année des programmes limités, prévendus au maximum. Elle redoutait l'insolvabilité de la clientèle potentielle face à une hausse des coûts, accentuée par la rareté des terrains urbains. Fin 1979, la pénurie de locaux disponibles était évidente dans la plupart des villes et les prix s'envolaient, notamment à Paris. La réserve des promoteurs se révéla justifiée au cours du premier trimestre 1980, quand les pouvoirs publics, pour enrayer la vague inflationniste, décidèrent de restreindre la distribution du crédit destiné à l'habitat, après l'avoir, au contraire, élargi huit mois plus tôt.

Dents de scie

Activité lourde et dont les délais de réalisation sont lents, le bâtiment ne peut s'accommoder d'une politique en dents de scie, de taux d'intérêt trop élevés, de conditions de financement aléatoires. La situation est, en 1980, d'autant plus malsaine que l'insatisfaction de la demande risque d'engendrer des tensions sociales, en parallèle avec le mécontentement d'une profession qui retrouvait un marché et qui se voit empêchée de l'aborder correctement.

À l'inverse du logement neuf, victime du grippage de certains mécanismes économiques, les travaux d'entretien et de réhabilitation progressent régulièrement, assurant aux entreprises petites et spécialisées un carnet jugé bon. Des organismes d'HLM, en particulier, s'engagent dans d'importantes opérations de rénovation dans les parcs constitués au lendemain de la guerre, la contrepartie de cette amélioration en étant une élévation des loyers que les habitants supportent diversement, en fonction de leurs droits à l'aide personnalisée. Il en résulte une segmentation du marché fortement évolutive, dont on mesure mal les conséquences à terme.

Toujours en repli sur le territoire national, les travaux publics constataient également, début 1979, un fléchissement de leur carnet étranger, tendance que devaient enrayer ensuite les moyens financiers fournis à certains pays clients par la hausse des prix pétroliers. Toutefois, la concurrence internationale est devenue vive sur ces marchés extérieurs, notamment de la part d'entreprises constituées dans les pays en voie de développement, et les firmes françaises ont engagé un mouvement de concentration afin de mieux solliciter des marchés souvent géants.