Ces recherches, qui n'en sont encore qu'à leurs débuts, ouvrent des perspectives bouleversantes non seulement pour l'éthologie des primates, mais pour la science linguistique, qui s'efforce de dégager les origines du langage dans notre propre espèce. Au congrès de l'Animal Behavior Society, la société américaine d'étude du comportement animal, qui a entendu plusieurs rapports sur les résultats acquis, la nécessité est apparue de renverser la démarche anthropocentrique qui a présidé jusqu'ici aux comparaisons entre le langage humain et la communication chez l'animal : au lieu de mettre l'accent sur les différences, il serait beaucoup plus fécond de dégager les mécanismes communs à l'un et à l'autre.

Techniques

Énergie

La France renforce l'électronucléaire tout en explorant les énergies renouvelables

Le 19 décembre 1978, à 8 h 27, le dispatching central d'EDF constate une baisse générale de tension sur le réseau d'alimentation à très haute tension. Quelques instants plus tard, la ligne de 400 000 volts qui, entre Bézaumont (Meurthe-et-Moselle) et Creney (Aube), transporte de l'énergie électrique vers la région parisienne, disjoncte en raison d'une surchauffe due à une demande trop forte.

Avant que les ingénieurs d'EDF aient eu le temps de déconnecter les régions où la production d'énergie est capable de faire face à la demande, l'ensemble du réseau national interconnecté s'écroule comme une rangée de dominos. La panne est totale dans presque toute la France, même pour les usagers prioritaires comme les hôpitaux ; seuls y échappent les établissements publics ou privés qui peuvent mettre en marche leur propre groupe électrogène.

Les installations électriques n'ayant subi aucun dégât, le courant est progressivement rétabli, secteur par secteur : dans une partie de la région parisienne et dans le Nord dès la fin de la matinée.

Puissance

La capacité totale de production annuelle d'énergie électrique, en France, dépasse largement les besoins. Mais l'électricité ne se stocke pas. Aux heures de pointe, la demande frôle dangereusement la production maximale. Si l'on ne peut recourir à une réserve de puissance, il se produit des surchauffes et des déphasages dans le courant alternatif ; c'est alors l'effondrement, qui se propage de proche en proche à moins qu'on ait procédé à temps à des délestages, ce que l'on cherche autant que possible à éviter. Lorsque l'on navigue au plus près de la puissance maximale, il suffit d'un soudain refroidissement de température ou d'un obscurcissement pour que le dispatching soit pris de court.

Au lendemain de la panne du 19 décembre, qui a vivement frappé l'opinion, une commission d'enquête a été désignée. Mais, au-delà d'hypothétiques responsabilités individuelles, le problème se pose de conjurer le retour de situations encore plus critiques au cours des prochains hivers.

Selon les prévisions d'EDF (que certains techniciens jugent trop optimistes), le déficit en puissance garantie, c'est-à-dire le décalage entre la puissance de production maximale et les pointes prévisibles de puissance appelée, atteindra 1 800 MW de 1979-80 à 1982-83 ; 3 000 MW en 1983-84 ; 3 500 MW en 1984-85 ; et 4 000 MW en 1985-86.

Gigantisme

Dès le mois de juillet 1978, le gouvernement français confirme le programme électronucléaire comme priorité nationale et autorise EDF à mettre en chantier 10 000 MW pour 1978-79. Des réacteurs de 1 300 MW sont commandés.

Cette décision est contestée par certains techniciens. Jusqu'ici, les réacteurs de la filière américaine à eau pressurisée, construits en France sous licence Westinghouse, sont de 900 MW. Le passage à 1 300 MW n'est pas une simple extrapolation. Il exige une nouvelle conception des générateurs de vapeur et des circuits de contrôle. Les économies d'échelle invoquées pour construire des centrales de plus en plus puissantes se heurteraient ici à un plafond : le kilowatt installé à la centrale de Paluel, en Seine-Maritime — la première à utiliser des réacteurs de 1 300 MW — pourrait coûter plus cher que celui des centrales de 900 MW.

Iran

La crise pétrolière consécutive à la révolution iranienne donne, en février 1979, un nouveau coup de fouet au programme nucléaire français : des tranches initialement prévues pour 1980-81, à Gravelines (Nord) et à Cattenom (Moselle), seront mises en chantier dès 1980. L'échec des recherches de gisements de pétrole en mer d'Iroise semble consacrer la dépendance de la France pour cette source d'énergie : après un quatrième forage négatif, qui s'est terminé en août 1978, on envisage de renoncer au cinquième forage prévu. Des recherches se poursuivent dans le golfe de Gascogne.