Cette dernière n'a pu pareillement que prendre acte du dégel amorcé entre la Chine et les États-Unis à la suite de la visite d'une équipe de Ping-Pong américaine à Pékin. Alors que depuis des mois Illyitchev, vice-ministre soviétique des Affaires étrangères remplaçant Kouznetzov malade, négociait dans la capitale chinoise pour parvenir à un modus vivendi frontalier avec les représentants de la Chine, il a suffi de quelques jours et de quelques balles de Ping-Pong pour établir un pont entre Washington et Pékin. La mauvaise humeur soviétique s'est manifestée d'une double manière. D'une part, on a mis en garde la Chine contre l'influence pernicieuse des « monopoles » américains ; d'autre part, on a rappelé aux États-Unis (fin avril 1971 dans l'hebdomadaire Temps nouveaux) que le but des Chinois était de les pousser dans une guerre contre l'Union soviétique. L'anniversaire de la Commune de Paris a fourni l'occasion aux Chinois de montrer qu'ils n'avaient rien perdu de leur virulence antisoviétique : « Brejnev et son gang ont trahi l'esprit des communards. » Quant à l'URSS, elle a riposté en dénonçant ces « attaques grossières et calomnieuses ».

Salt

Seul domaine où un progrès ait été enregistré : les négociations soviéto-américaines sur la limitation des armements stratégiques (SALT), à Vienne. Le 20 mai 1971, le président Nixon a, en effet, annoncé que les deux parties s'étaient mises d'accord pour discuter de la limitation de réseaux défensifs de fusées antifusées et pour envisager des mesures limitant les armes stratégiques offensives. Jusqu'à cette date, les États-Unis insistaient pour qu'on négocie avant tout sur les armes offensives, alors que l'URSS ne voulait parler que des armes défensives. Ce compromis laborieux semble devoir dégeler les négociations, qui étaient dans l'impasse depuis six mois.

Yougoslavie

20 540 000. 80. 1,1 %.
Économie. Production (66) : A 30 % + I 42 % + S 28 %. Énerg. (*68) : 1 247. C.E.
Transports. (*68) : 10 284 M pass./km, 15 531 M t/km. (*68) : 439 900 + 102 900.  : 1 428 000 tjb. (*68) : 459 770 000 pass./km.
Information. (68) : 23 quotidiens ; tirage global : *1 674 000. (68) : 3 171 000. (68) : 1 298 000. (68) : 518 000 fauteuils ; fréquentation : 100,2 M. (68) : 549 019.
Santé (67). 17 612. Mté inf. (68) : *57,9.
Éducation (67). Prim. : 2 893 624. Sec. et techn. : 639 993. Sup. : 210 810.
Institutions. République populaire, proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée le 23 juin 1971. Président de la République et secrétaire général du Parti : Josip Broz Tito, réélu le 16 mai 1967. Président du Conseil : Mitja Ribicic.

Tournant

Crise économique, crise politique, crise nationale : tout se mêle pour donner l'image d'un pays en pleine explosion abordant un tournant décisif de son histoire. Les ingrédients très particuliers de la Fédération (autogestion des entreprises, autonomie des républiques, liberté intellectuelle) n'ont semblé maintenir leur cohésion que par la seule personnalité du maréchal Tito. Ce dernier, conscient et de la situation et de son âge (79 ans), a entamé la préparation de l'aprèstitisme. Il a fait approuver une formule qui a suscité des débats passionnés : une direction collégiale, où les représentants de chacune des nations de la fédération yougoslave se succéderaient chaque année à la tête du pays, pour ne froisser aucune susceptibilité nationale.

D'autre part, il a été prévu de transférer la plupart des responsabilités économiques à certaines républiques qui se plaignaient d'être exploitées par le pouvoir fédéral. Ce projet est adopté par le gouvernement, puis, en octobre 1970, par la direction de la Ligue communiste, et enfin définitivement endossé par le Plénum élargi du parti (27 au 30 avril 1971) ; il n'a pas pour autant fait cesser le débat qui oppose les autonomistes aux centralistes.

La situation du parti, comme celle du système économique, paraît encore marquée par une telle instabilité, par une telle agitation, qu'aucune solution miracle ne peut faire l'unanimité.