La visite à Paris, le 20 janvier, de Rui Patricio, ministre des Affaires étrangères, marque la volonté de Lisbonne de sortir de son isolement et de se rapprocher de la CEE. Un accord est conclu entre les deux pays sur l'immigration des travailleurs portugais en France.
Roumanie
20 010 000. 84. 0,9 %.
Économie. Production (66) : A 31 % + I 57 % + S 12 %. Énerg. (*68) : 2 386.
Transports. (*68) : 16 142 M pass./km, 40 705 M t/km. (*68) : 38 100 VU. : 338 000 tjb. (*68) : 281 727 000 pass./km.
Information. (68) : 46 quotidiens ; tirage global : 3 122 000. (68) : 3 031 000. (68) : 1 115 000. (68) : 212 900 fauteuils ; fréquentation : 203,7 M. (68) : 568 588.
Santé (67). 28 053. Mté inf. (68) : 59,5.
Éducation (67). Prim. : 2 879 881. Sec. et techn. : 544 152. Sup. : 141 589.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Chef de l'État (président du Conseil d'État) et secrétaire général du Parti : Nicolae Ceausescu. Président du Conseil : Ion Gheorghe Maurer.
Réalisme
La Roumanie poursuit sa politique originale d'indépendance, mais elle l'a assagie en l'amputant de plusieurs éléments qui pouvaient apparaître comme des défis, inutiles et dangereux, à l'égard de l'URSS.
Cette correction de trajectoire a été entamée le 7 juillet 1970 avec la conclusion, après de longs atermoiements, d'un nouveau traité d'amitié soviéto-roumain. Ce document, que Kossyguine, le président du Conseil soviétique, est venu parapher à Bucarest, reste très significatif des subtilités de la politique roumaine. Contrairement au traité soviéto-tchécoslovaque, qui l'a précédé de quelques semaines, il ne contient aucune référence au « droit » de l'Union soviétique d'intervenir là où le socialisme lui paraîtrait menacé. C'est un succès pour Bucarest. En revanche, il engage les parties contractantes à se porter mutuellement assistance en cas d'agression de la part de « n'importe quel État » et non plus seulement en Europe comme le prévoit le pacte de Varsovie. C'est une apparente concession roumaine qui paraît viser la Chine.
Mais la Roumanie s'empresse aussitôt de réduire la portée de ce geste en envoyant à Pékin, deux semaines plus tard, son ministre de la Défense, le général Ion Ionitza. Et les Chinois félicitent leurs hôtes roumains pour leur « ferme attitude » et le « coup sévère » qu'ils ont porté « à ceux qui pratiquent une politique de diktat ».
Ainsi assurée de la compréhension chinoise, la Roumanie pourra, sans craindre pour son image de marque indépendante, continuer à éliminer quelques points de litige avec l'URSS. Le 14 janvier 1971, elle adhère à la Banque d'investissements du COMECON (Organisation économique des pays de l'Est), adhésion qu'elle avait repoussée en mai 1970, se méfiant de toute institution supranationale. La visite, le 3 mars 1971, de Gustav Husak, le chef du PC tchécoslovaque, reçu à Bucarest pour la première fois depuis son accession au pouvoir, indique que la Roumanie — seul membre du Pacte de Varsovie à avoir dénoncé l'intervention en Tchécoslovaquie — prend son parti (ce qui ne veut pas dire qu'elle l'accepte) de la normalisation en cours à Prague. Enfin, autre démonstration de souplesse, la Roumanie, dans une déclaration diffusée le 4 mars, salue les efforts de l'Égypte « en vue d'une solution politique du conflit du Proche-Orient » et s'étonne de la « position rigide » adoptée par le gouvernement Israélien. Elle reste néanmoins le seul pays socialiste à maintenir une ambassade en Israël.
Des difficultés économiques (l'agriculture et l'industrie alimentaire, en particulier, ont été défaillantes) peuvent, en partie au moins, expliquer ce réalisme politique. Le fait est que l'URSS semble ne plus trop s'offusquer de l'indépendance roumaine. Il peut paraître hautement symbolique de voir, en novembre 1970, un établissement soviétique — la Moscow Narodny Bank — prêter, de concert avec une banque américaine, 40 millions de francs à la Roumanie.
Les dirigeants de l'Union soviétique semblent décidés à ne plus relever chacun des « mais » roumains. Et des « mais » il y en a eu. Infatigable voyageur, Nicolae Ceausescu s'est rendu (entre un voyage en Autriche et un autre au Maroc) aux États-Unis, le 13 octobre 1970. Il a été reçu avec des égards exceptionnels, ce qui n'a suscité aucun enthousiasme à Moscou. En juin 1971, il entreprend une tournée des capitales communistes en Asie.