Les ministres cantonaux qui occupaient des fonctions dirigeantes au sein du Rassemblement les abandonnent. Mais Roland Béguelin triomphe : la « deuxième question jurassienne » est maintenant posée de façon tranchante.

Presse et diplomatie

Tout occupés qu'ils soient, les journalistes, pendant ce temps, ont leurs propres soucis. D'abord, des journaux disparaissent. Le 25 septembre 1978, le conseil d'administration de la Migros met fin à l'existence du quotidien Tat, que cette entreprise éditait à Zurich et qui, sous la direction de Roger Schawinski, s'était fait avec talent le reflet des craintes et des revendications des consommateurs. Deux autres publications ne passeront pas l'hiver : un hebdomadaire gratuit, lancé à grand fracas mais presque aussitôt moribond, Romandie-Hebdo ; et un quotidien, le Journal du Valais, qui tentait d'entamer le monopole cantonal du très conservateur Nouvelliste. Les studios de la télévision romande vivent, de leur côté, quelques heures agitées. La célèbre émission Temps présent diffuse une interview du vice-Premier ministre iranien Entezam, auquel on demande si son gouvernement prendra des mesures de rétorsion contre la Suisse, accusée de receler, dans les coffres de ses banques, une partie de la fortune du chah déchu. Les réponses du ministre sont nuancées. Mais on les a maladroitement simplifiées en coupant une partie du film. Le Conseil fédéral, inquiet quant à l'avenir des relations diplomatiques et surtout économiques de la Suisse avec Téhéran, fait de l'incident un petit drame, et, publiquement, écrit au directeur de la Société suisse de radiodiffusion, Stellio Molo, le sommant de dire si la TV n'a pas violé les règles de son statut. « Non », répond fermement l'interpellé. Mais il y avait longtemps que la presse audiovisuelle romande n'avait subi telle pression politique.

L'Iran fait partie, notons-le, de la pile assez considérable de dossiers que gère le conseiller fédéral Pierre Aubert, chef du Département politique, ou plutôt — changement d'appellation décrété par Berne — du Département des Affaires étrangères. Car Pierre Aubert aussi, dans son désir d'animer la diplomatie helvétique, devient le centre de controverses quelquefois âpres.

Ainsi le 14 juillet 1978, quand la Confédération fait savoir à l'URSS que les procès de célèbres dissidents font régner un « malaise », et s'offre à... accueillir les inculpés sur son territoire. Ainsi le 14 janvier, quand le jeune conseiller fédéral entreprend une tournée de pays d'Afrique noire, et que ses hôtes lui réservent un chaleureux accueil... une polémique s'allumant à Berne et à Zurich, pendant ce temps, sur le thème de la neutralité « compromise » par un ministre aussi remuant. Les flèches sont parties, alors, du camp de la droite : on craint surtout de froisser l'Afrique du Sud. Mais elles partiront du camp de la gauche quand l'Iran khomeiniste demandera au Conseil fédéral de séquestrer les capitaux des potentats renversés, et que Berne impavide répondra : « Si vous avez connaissance de transferts de fonds irréguliers, veuillez vous adresser à nos tribunaux. »

Le 14 et le 21 mars, au reste, le Conseil national et le Conseil des États entendent Pierre Aubert et l'assurent finalement d'un assez large soutien parlementaire. Il sait néanmoins que sa marge de manœuvre demeure extrêmement étroite. La petite Suisse n'aime guère se risquer sur la grande scène internationale. Et la démocratie semi-directe paraît de plus en plus ombrageuse : elle élit des chefs, mais, s'ils prétendent avoir de l'imagination, elle leur rappelle volontiers qu'ils sont, comme les toutous dans ses parcs publics bien peignés, tenus en laisse.

Tchécoslovaquie

Prague. 15 030 000. 117. 0,7 %.
Économie. Production (76) : A 8 + I 80 + S 12. Énerg. (76) : 7 397.
Transports. (*76) : 17 910 M pass./km, 70 748 Mt/km. (76) : 1 677 500 + 275 400.  : 149 000 tjb. (76) : 951 M pass./km.
Information. (75) : 29 quotidiens ; tirage global : 4 436 000. (75) : 3 916 000. (74) : 3 602 000. (75) : 958 700 fauteuils ; fréquentation : 85,9 M. (76) : 2 743 000.
Santé. (75) : 35 383. Mté inf. (76) : 20,8.
Éducation. (75). Prim. : 1 881 414. Sec. et techn. : 320 531. Sup. : 155 059.
Armée. 186 000.
Institutions. État indépendant le 28 octobre 1918. République populaire en 1948. État fédéral depuis le 1er janvier 1969. Constitution de 1960, amendée le 20 décembre 1970. Président de la République et secrétaire général du Parti : Gustav Husak, élu le 29 mai 1975 ; succède au général L. Svoboda. Premier ministre : Lubomir Strougal.

Difficultés persistantes

Les autorités traquent sans relâche les signataires de la Charte 77, visant notamment Jaroslav Sabata, 53 ans, ancien responsable du comité du PC de Brno (Journal de l'année 1977-78). Arrêté le 1er octobre 1978 à la frontière polonaise lors d'une tentative de rencontre entre représentants de la Charte et membres du KOR (Comité de défense des ouvriers polonais), il est molesté sans ménagement. Inculpé d'« injures grossières » à agents de la force publique, il est condamné, le 11 janvier 1979, à neuf mois de prison à régime sévère. Le 10 mai — et malgré de nombreuses protestations dont celle de communistes français —, le tribunal de Prague, annulant le sursis de dix-huit mois dont il bénéficiait sur une condamnation prononcée en 1972, le condamne à l'emprisonnement jusqu'en janvier 1981.