Île-de-France
Région administrative de France, regroupant Paris et les départements voisins (Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Val-d'Oise et Yvelines).
- Superficie : 12 012 km2
- Population : 12 328 447 hab. (recensement de 2018)
- Chef-lieu : Paris
GÉOGRAPHIE
Correspondant approximativement à la province historique et regroupant 18 % de la population française sur 2,1 % du territoire national, l'Île-de-France est la Région de loin la plus peuplée du pays. Elle est aussi la région la plus riche de France et même de l'Union européenne, loin devant la Lombardie et Londres.
Le nom de la région symbolise tout autant le berceau de la France que sa tête administrative et économique. L'Île-de-France sert d'arrière-pays à Paris, cité chargée d'histoire et dont le prestige, dépassant les frontières, occulte quelque peu la région qui l'entoure et qui, pourtant, l'a précédée. Au-delà de l'unité qu'elle tire de la douceur de son relief et de son climat, et, de plus en plus, de la proximité de Paris, l'Île-de-France se subdivise en une douzaine de petits pays ayant chacun sa spécificité : plaine de France, Goële, Valois, Senlisis, Vexin français, Mantois, Hurepoix, Yvelines, Brie française, Brie champenoise, Gâtinais, Beauce.
La province d'Île-de-France est née du domaine royal constitué du xe au xiiie s. par les premiers Capétiens. Ses limites, d'abord très imprécises, ont fréquemment varié jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. La province, qui s'étendait davantage vers l'ouest et surtout le nord, était moins vaste qu'aujourd'hui vers l'est et le sud. Elle formait la zone d'intérêt direct des corporations marchandes de Paris, qui ont sans doute contribué le plus à en dessiner les contours. Pendant la Révolution française, après de multiples discussions, elle fut presque entièrement découpée en trois départements (Seine, Seine-et-Oise, Seine-et-Marne). Pour des raisons de planification, l'entité régionale fut recréée après 1945. L'évolution vers la décentralisation administrative (à partir de 1964), puis politique (1982) a consolidé les régions héritières des anciennes provinces. En 1965, le nombre de départements a été porté de trois à huit, y compris Paris. Un seul d'entre eux, la Seine-et-Marne, occupe près de la moitié de la superficie régionale. Autour de Paris, les Hauts-de-Seine, la Seine-Saint-Denis et le Val-de-Marne forment la première couronne (ou petite couronne). Les départements du Val-d'Oise, des Yvelines et de l'Essonne constituent la seconde couronne (ou grande couronne).
le cadre physique
On ne sait exactement par quels processus une petite plaine de quelques dizaines de kilomètres carrés, située juste au nord de Paris, a donné son nom à toute une région. Son premier atout réside certainement dans les nombreuses convergences fluviales, avec notamment deux confluences majeures (Marne-Seine, Oise-Seine) et les apports de l'Essonne, de l'Orge, de l'Yerres ou encore de la Bièvre. Dans le creux central du Bassin parisien s'est édifié un immense carrefour de voies naturelles. L'Île-de-France fait figure de cendrillon de la capitale, tant elle est éclipsée par la Ville lumière. L'agglomération parisienne n'en couvre pourtant qu'un cinquième.
Dès que s'interrompt le recouvrement urbain, les paysages naturels, réputés pour leur douceur, leur harmonie et leur fertilité, réapparaissent très vite. Le relief, qui est dominé par les lignes horizontales, peut même surprendre par sa variété. Si l'altitude ne dépasse jamais 200 m, certains versants présentent des pentes abruptes. Depuis de nombreuses sources, l'eau ruisselle le long des coteaux, quand elle ne stagne pas dans les multiples mares ou étangs, sur les plateaux comme dans les fonds de vallée. L'arbre est présent partout: vastes forêts, parcs bien entretenus, bosquets en plein champ et alignements le long des routes. Il est rare de rencontrer des paysages aussi variés sur de si courtes distances. La région le doit d'ailleurs autant à ses conditions naturelles qu'au poids de l'histoire. L'extension de la banlieue parisienne, contrairement à ce que l'on pourrait croire, a accentué cette diversité.
La géologie
Le plus grand bassin sédimentaire d'Europe occidentale a été scindé en deux – le Bassin parisien et celui de Londres – à la suite de la remontée du niveau des océans qui a suscité la formation de la Manche et de la mer du Nord, mers récentes dont la profondeur dépasse rarement 100 m. Les mers secondaires et tertiaires s'y aventurèrent souvent, ce qui, associé à la succession des paléoclimats, a donné une stratigraphie extrêmement diverse. Contrairement aux bassins d'Aquitaine et du Pô, celui de Paris n'a été affecté sur aucune de ses bordures par un plissement postérieur au primaire. La disposition des couches géologiques, qui sont relativement plastiques et minces, a été peu bouleversée. Les variations des systèmes d'érosion et d'altération des surfaces, imputables aux conditions climatiques, sont intervenues lors des phases de retrait des eaux. Toutefois, ces multiples changements se sont produits sans brutalité, ce qui explique que la région présente sur de courtes distances une infinité de nuances, et non de contrastes. Peu avant la dernière période froide du début du quaternaire, le lit de la Seine se trouvait au moins à 25 m au-dessous de son niveau actuel. Le fleuve et ses affluents ont ensuite remblayé leurs vallées à la suite de l'élévation du niveau des océans provoquée par la fonte des immenses glaciers couvrant le nord de l'Europe. Lorsque le remblaiement s'est révélé insuffisant, des secteurs marécageux se sont créés, notamment au sud-est. Des couches de lœss (riches limons) ont été déposées par les vents périglaciaires sur de nombreux plateaux. Des failles du soubassement hercynien ont rejoué ; en se répercutant sur la couverture sédimentaire, elles ont guidé le tracé du réseau hydrographique, des alignements de buttes et des coteaux.
Le relief
Au cœur des plaines et plateaux calcaires du Bassin parisien, l'Île-de-France a un relief vallonné très diversifié. Ce relief est caractérisé par la prédominance de surfaces quasi horizontales au fur et à mesure que l'on s'éloigne des grandes confluences et des vallées : plaine de France, Vexin, Brie, Beauce et même Hurepoix. Néanmoins, ces surfaces, plateaux et plaines, ne sont pas monotones. Elles peuvent être entaillées de vallées plus ou moins rapprochées, étroites et encaissées, dont les versants, raides et festonnés, sont par endroits surmontés de buttes plus ou moins dégagées. Les vallons des rus prennent naissance aux flancs de ces accidents et ondulent quelque peu le relief, qui présente de brusques dénivellations quand il n'offre pas de points de vue ouverts à l'horizon.
Les environs immédiats de Paris présentent trois types de relief. Au sud-est, au sud et à l'ouest règne un paysage de plateaux élevés de 60 à 175 m. C'est dans la Brie et ses rares vallées que se rencontrent les altitudes les plus hautes. À l'ouest de la Bièvre et de l'Orge (Hurepoix), les vallées sont plus nombreuses et encaissées, les plateaux plus étroits et plus élevés (de 120 à 175 m). Au nord et au nord-est s'étendent des plaines sans vallées dont les altitudes sont comprises entre 30 et 75 m. Les plaines de France, de Goële et de Montmorency-Pierrelaye, surtout près des trois cours d'eau (Seine, Marne, Oise), sont dominées par des buttes, tantôt isolées (Montmartre), tantôt allongées et alignées, comme entre Oise et Seine – butte de Sannois (171 m), butte de Montmorency (131 m) –, tantôt véritables petits plateaux comme au nord de la Marne (Bagnolet-Montreuil-sous-Bois, Romainville, Montfermeil). À l'est de Paris, le relief est plus confus, comme l'atteste la sinuosité des voies ferrées au départ de la capitale. Au nord-ouest, les méandres de la Seine ont déterminé de vastes plaines alluviales dont l'altitude est comprise entre 24 et 60 m. Des alignements de coteaux longeant le fleuve s'étendent jusqu'à lui : coteaux de Saint-Cloud, de Suresnes et du mont Valérien (161 m), terrasse de Saint-Germain-en-Laye. Leurs versants raides dominent le fleuve, tandis que leurs revers descendent en pente douce. À l'extrémité méridionale des versants concaves formés par les méandres de la Seine, le fleuve longe le pied des coteaux (Meudon, Sèvres, Bougival, Port-Marly). On retrouve ce type de relief en amont, entre la Marne et la Seine : plaine de confluence de Créteil et du mont Mesly, boucle de Saint-Maur, coteau de Chennevières-sur-Marne (109 m). Les grands méandres, surtout ceux de la Seine en aval de Paris, ont multiplié les zones inondables ; il s'en ajoute d'autres dans la zone de confluence entre la Marne et la Seine. En s'éloignant de Paris, sur le pourtour de l'Île-de-France, plusieurs petites région sont bien différenciées. À l'O., le Vexin français est un plateau de calcaire recouvert de limon. À l'E., la Brie française est encore un plateau calcaire très fertile et très agricole. Au S. et au S.-O., le Hurepoix, plateau très découpé, domine de vastes affleurements de sable et de marnes vertes, qui lui donnent un paysage très varié avec de nombreuses forêts domaniales : forêts de Sénart, de Fontainebleau, des Yvelines ou de Rambouillet, de Marly. C'était, sous la monarchie, le territoire de chasse favori des rois; d'où les multiples châteaux royaux (dont Saint-Germain-en-Laye, Versailles et Rambouillet). Toutes les vallées se sont fortement urbanisées depuis la fin du xixe s. parce qu'elles sont aussi les grands axes de circulation convergeant sur la cuvette parisienne, mais les plateaux ont servi de sites à plusieurs aéroports commerciaux (Orly au S., Roissy au N.).
L'hydrographie
L'Île-de-France est située au point de convergence de trois grandes vallées (Seine, Marne et Oise), axes majeurs de communication en direction de Paris. De multiples affluents entaillent les plateaux au sud, notamment dans le Hurepoix, donnant des vallées verdoyantes, qui sont autant de sites résidentiels.
L'Île-de-France est riche en eaux souterraines grâce à sa structure en cuvette et à l'alternance de couches perméables et imperméables. Les cinq nappes aquifères dominantes sont celles des sables de Fontainebleau, des calcaires de Champigny, des sables du Soissonnais, de la craie et des sables verts de l'albien. Les besoins de l'agglomération parisienne sont à l'origine d'un prélèvement de près de 2 millions de mètres cubes par jour, soit 20 m3s. Avant d'atteindre la capitale, la pente moyenne de la Seine est faible (0,2 ‰) ; elle l'est encore plus en aval (0,1 ‰). Les apports de la Marne et de l'Oise doublent son débit moyen (250 et 300 m3s à Paris), qui peut tomber à 20-35 m3s en été et monter jusqu'à 2 250 m3s lors des très grandes crues. Son régime, de type pluvial océanique, est caractérisé par des hautes eaux de saison froide (de décembre à avril, avec un maximum en février) et des basses eaux de saison chaude (de mai à novembre, avec un minimum en août). Malgré la douceur du climat et la faiblesse des pentes, l'irrégularité interannuelle est importante. Fleuve réputé calme, la Seine connaît pourtant des crues. Ses petits affluents (Bièvre, Yvette, Orge, Yerres) peuvent également engorger leurs vallées à fond plat et marécageux. Les inondations sont plus fréquentes, étendues et dangereuses en amont, entre Nogent-sur-Seine et Montereau-Fault-Yonne. La réalisation de grands barrages-réservoirs sur la Seine, l'Yonne et l'Aube – avec une contenance totale d'environ 800 millions de mètres cubes – a permis d'abaisser le niveau des crues d'au moins 1 m. Le dragage, la construction de barrages et d'écluses ont considérablement amélioré la navigabilité du fleuve dans la seconde moitié du xixe s. La nef figurant au centre des armes de Paris témoigne du rôle primordial du trafic fluvial et de l'importance du fleuve dans la vie de la région (Paris est le premier port fluvial de France).
Le climat
Le climat de l'Île-de-France, région peu éloignée de l'Atlantique, découle à la fois de sa situation géographique à l'extrême ouest de l'Europe et de sa position au fond du creux central du Bassin parisien. Essentiellement tempéré, un peu plus océanique que continental, il se caractérise par la clémence des hivers, la douceur des étés, la rareté des situations excessives et la faiblesse relative des vents. Alors que l'humidité, sans excès, est suffisante, on constate un très léger caractère de sécheresse par rapport à la périphérie du Bassin parisien. Juillet (19,5 °C), devant août (18,5 °C), est le mois le plus chaud ; les températures les plus froides sont enregistrées en janvier (3,4 °C) et en février (3,8 °C). Le thermomètre peut exceptionnellement descendre à − 15 °C, comme ce fut le cas durant l'hiver 1953-1954. Le printemps, de mars à mai, est la saison la plus sèche. Les pluies sont assez bien réparties sur le reste de l'année. Dans la partie urbanisée, les brumes, plutôt sèches, sont surtout dues à la pollution, tandis que le reste de la région connaît des brouillards plus humides, surtout dans les vallées. Au cours des hivers froids et humides, les plateaux imperméables, avec des nappes d'eau à fleur de sol, peuvent être plus brumeux et plus ventés que les vallées.
La répartition des précipitations est d'abord influencée par le relief. Plateaux et collines sont plus arrosés, surtout au sud-ouest. Les microclimats sont rendus fréquents par les phénomènes d'abri et d'inversion de température. Dans Paris même, le total des précipitations s'élève en moyenne à 619 mm par an. Les variations d'une année sur l'autre ne sont pas non plus négligeables. Le nombre annuel moyen d'heures de pluie s'élève à 495, soit un peu plus de 1 heure 20 min par jour (en 1919, il est monté à 789). Les précipitations et l'ensoleillement peuvent aussi connaître de fortes variations. Dans l'ensemble, le climat de l'Île-de-France est connu pour sa tempérance et la douceur de son ciel bleu pâle ou gris-bleu.
La végétation
La région est caractérisée par trois grands types de paysages végétaux : plateaux agricoles, vallées verdoyantes, zones forestières. La traversée des plateaux limoneux recouverts de riches champs de blé ou de betteraves est souvent bien monotone. Par contre, le parcours des vallées où se pressent cultures maraîchères, vergers et villages est assez pittoresque.
La forêt couvre plus de 20 % du territoire : grands massifs de Fontainebleau, Rambouillet, Saint-Germain-en-Laye et nombreuses forêts privées. Au N., la plaine de France est dominée vers le N.-O. par quelques buttes forestières (forêt de L'Isle-Adam, butte de Montmorency, hauteurs de Carnelle et de l'Hautil, toutes couronnées de bois). Les forêts d'Île-de-France, qui présentent une grande variété, renferment à la fois des feuillus (chênes, hêtres, charmes, bouleaux, châtaigniers) et des résineux (pins sylvestres, pins maritimes, pins laricio, sapins, cyprès, cèdres, mélèzes). Minutieusement surveillés par l'État depuis le Code forestier de Colbert, les massifs forestiers, dont les plus belles futaies sont formées de chênes et de hêtres, ont constitué des siècles durant de vastes terrains de chasse.
La population et l'économie
La population
Au recensement de 2010, les huit départements de la Région comptent chacun plus d'un million d'habitants (quatorze autres départements seulement dépassent ce seuil). La petite couronne (4 422 270 habitants) constitue avec Paris (2 243 833 habitants) l'agglomération dite restreinte (6,7 millions d'habitants sur 762 km2). La population de Paris, des communes limitrophes et de l'ensemble de la petite couronne continue à augmenter, tout comme celle des départements de la périphérie (Essonne, Yvelines, Val-d'Oise, Seine-et-Marne). La région urbaine parisienne absorbe tout un réseau de villes relativement proches de Paris, dont les deux anciennes capitales royales successives (Saint-Germain-en-Laye et Versailles) et plusieurs villes moyennes de la banlieue (Saint-Denis, Nanterre, Argenteuil, Saint-Cloud, Bourg-la-Reine, Antony, Sceaux, Créteil, Corbeil). La création de cinq villes nouvelles (Cergy-Pontoise, Évry, Marne-la-Vallée, Sénart et Saint-Quentin-en-Yvelines), dont l'ambition était de rapprocher le plus possible l'habitat et l'emploi, et d'éviter une trop forte migration quotidienne de travail, n'a pas totalement répondu à cette attente. Il subsiste encore quelques villes-satellites plus éloignées de Paris : Rambouillet, Dourdan, Étampes, Nangis, Provins, Meaux, Melun.
Ce mouvement de redéploiement vers la périphérie a favorisé un développement très rapide de l'urbanisation en Île-de-France, avec une forte proportion de cadres moyens et supérieurs ainsi que d'ouvriers qualifiés dans les villes-satellites et surtout les villes nouvelles. Les habitants se répartissent de plus en plus le long des axes ferroviaires, spécialement le long des diverses branches du réseau express régional (R.E.R.), et également à proximité des autoroutes desservant Paris et la proche banlieue.
La densité humaine est élevée, phénomène imputable aux conditions naturelles (en particulier à la fertilité des sols), à l'intensité des défrichements et à la proximité de la capitale. La densité rurale, qui a dépassé 100 habitants par km2 au milieu du xixe s., diminue depuis, hormis dans les zones périurbaines. Au cours des grands défrichements, achevés vers la fin du xiie s., la localisation de l'habitat rural, les limites et les formes du terroir, ainsi que sa mise en valeur, avaient respecté le relief, la nature des sols et la végétation naturelle. Dans les environs immédiats de Paris, ces implantations présentent une grande stabilité depuis le xive s. Leur unité est renforcée par la prédominance des sites de coteau en contre-haut plutôt qu'en contrebas des sources, la composition tripartite des terroirs communaux (plateaux, coteaux, vallées) et les rapports existant entre la forme, la dimension des parcelles et le relief. C'est en Brie, dans les Yvelines, en Hurepoix et en Gâtinais que la dispersion est la plus importante.
Très tôt, le peuplement de l'Île-de-France, même dans les zones rurales, doit beaucoup à l'immigration en provenance des régions voisines moins riches, surtout lors des périodes de reconstruction et de repeuplement qui ont suivi les guerres. Le gros des migrants est originaire de basse Bourgogne, de Sologne, du Berry, des marges armoricaines et de Champagne. Aujourd'hui, les limites communales sont à 90 % héritières de celles des paroisses d'avant 1789, elles-mêmes issues du grand mouvement de mise en valeur du sol aux xie et xiie s. L'Île-de-France, comme toute la France du Nord, appartient au domaine des finages de taille médiocre : 700 à 800 ha en moyenne, ce qui fait rarement plus de 2 à 3 km d'un clocher à un autre. À quelques exceptions près, la surface des communes varie de 450 à 1 200 ha. Plus le sol est fertile, plus la superficie est petite. Cette longue histoire se perpétue dans les lieux-dits, dont la forte densité vient témoigner de l'intensité du peuplement et de la variété du cadre physique. Avec le relief, la fertilité des sols, le système d'agriculture intensive très tôt mis en place et, surtout, la proximité de Paris – marché de consommation où se concentrent les plus grosses fortunes du pays –, la grande propriété s'est développée sous la forme de biens ecclésiastiques, sécularisés sous la Révolution française ; les châteaux, qui se comptent par milliers, se sont multipliés à partir des portes mêmes de la capitale.
La périurbanisation
L'Île-de-France présente l'un des plus beaux exemples de ce que l'on appelle la périurbanisation, ou rurbanisation : l'espace est structuré non par les anciens réseaux de relations, ni même par les voies ferrées et les gares, mais par les autoroutes et échangeurs rayonnant autour de Paris et qui dessinent une nouvelle organisation de l'espace.
L'économie
Privée de ressources minières et énergétiques, l'Île-de-France a su tirer parti de ses fonctions de carrefour et de commandement. Première région économique française, elle réalise 28 % du produit intérieur brut (P.I.B.) national.
L'agriculture
L'agglomération parisienne regroupe près de 90 % de la population de la Région, loin cependant d'être entièrement urbanisée, puisque son territoire est occupé à 80 % par des espaces ruraux, agricoles et boisés. La superficie agricole utilisée est de 582 403 ha. Les surfaces boisées couvrent 319 609 ha. L'Île-de-France est encore une des plus riches régions agricoles de France. Sur 2,2 % de la surface agricole du pays, elle est, en terme de production, la dixième région pour le blé, la douzième pour le maïs, la quatrième pour la betterave industrielle, la septième pour la pomme de terre, et elle tient la troisième place pour les cultures fruitières, maraîchères et florales. La grande culture céréalière est concentrée surtout en Seine-et-Marne, dans l'Essonne et les Yvelines. La betterave à sucre se cultive notamment en Seine-et-Marne et dans le Val-d'Oise (Vexin français). Les maraîchers fournissent entre 20 et 25 % de l'approvisionnement de l'agglomération parisienne en produits frais. Les cultures florales classent l'Île-de-France au deuxième rang national, après la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. L'Île-de-France connaît deux types d'exploitation agricole très contrastés : la grande exploitation céréalière (blé, maïs) et parfois betteravière, de plus de 100 ha, avec des rendements parmi les meilleurs de France, qui occupe la moitié au moins de la surface agricole utile ; la petite exploitation maraîchère ou fruitière, qui survit malgré l'urbanisation. Cependant, cette agriculture est menacée et connaît le vieillissement dans les petites exploitations. Bien des villages perdent leur aspect agricole pour n'être plus que des communes-dortoirs ou des lieux d'implantation de maisons de week-end. Au total, l'agriculture n'emploie guère que 0,2 % des actifs de l'Île-de-France, concentrés dans l'industrie et de plus en plus dans les services, deux secteurs représentés en priorité dans l'agglomération de Paris.
L'industrie
Berceau des grandes industries françaises (électricité, automobile, aéronautique, cinéma, etc.), l'Île-de-France est la première région industrielle française, avec comme activités majeures l'imprimerie-presse-édition, la fabrication des équipements électriques et électroniques et la pharmacie-parfumerie. La prépondérance de la capitale demeure, bien qu'atténuée, pour les services, surtout de haut niveau : administration, services aux entreprises, banques, immobilier, commerce de luxe, enseignement supérieur. La région occupe une place de premier plan sur le marché des capitaux, de la main-d'œuvre, dans la recherche comme dans la valorisation de son patrimoine. Le secteur tertiaire occupe au total plus de 86 % des actifs. La région fournit la moitié de la production industrielle métropolitaine. Aujourd'hui rassemblées dans des technopôles, les industries à haute technologie sont surtout localisées dans la banlieue sud de la capitale : à Corbeil, Massy, Palaiseau, Orsay, Saclay, Versailles. Avec la forte augmentation de la productivité et les effets de la crise économique, l'effectif des employés dans l'industrie est passé de 1 500 000 en 1962 à plus de 560 000 en 2006 et à plus de 780 000 en 2010, représentant 14 % des emplois régionaux. En outre, la décentralisation n'a fait qu'accentuer le processus naturel de sélection des activités entre Paris et la province. De plus en plus, en raison même de la désindustrialisation de Paris, qui a par exemple perdu son industrie automobile avec le départ de Citroën, c'est le reste de l'Île-de-France, banlieue en tête, qui constitue la première région industrielle française, principalement pour les activités de pointe. La région constitue un grand pôle d'enseignement supérieur et de recherche, notamment dans le Hurepoix, sur le plateau scientifique de Saclay (École polytechnique à Palaiseau, École des hautes études commerciales (H.E.C.) à Jouy-en-Josas ainsi que l'université scientifique Paris-Sud, à Orsay). Évry est le principal biopôle français, avec de nombreux laboratoires de recherche ; c'est aussi l'un des plus grands centres français pour les industries électroniques et de haute précision. la Défense, le premier quartier d'affaires européen, est désormais accompagné par d'autres pôles de développement, comme celui de la Plaine-Saint-Denis. Le pôle de compétitivité à vocation mondiale Image, Multimédia et Vie numérique (Cap Digital), créé en 2005, soutien les projets d'entreprises et d'établissements d'enseignement et de recherche autour des techniques d'exploitation des contenus numériques, un secteur qui regroupe plusieurs centaines de milliers d'emplois. Enfin, l'Île-de-France est la première destination touristique mondiale.
Les nouvelles mutations
L'essaimage des activités parisiennes sur toute la région, et même au-delà, est complété par des projets propres aux petites villes et à certaines communes rurales. C'est ainsi que furent créées des zones d'activités économiques (Z.A.E.), intégrant industries, entrepôts, laboratoires, activités de bureaux et sièges sociaux. Par ailleurs, des communes d'Île-de-France ont fait l'objet de vastes programmes d'urbanisme avec des zones d'aménagement concerté (Z.A.C.), où on a recherché la protection de l'environnement et des sites (nombreux parcs et châteaux dans les Yvelines et dans la Brie). Le développement des fonctions liées aux loisirs et au tourisme est créateur de nombreux emplois : château de Vaux-le-Vicomte, zoo de Thoiry, parc d'attractions d'Ermenonville et, surtout, Disneyland Paris à Marne-la-Vallée. L'Île-de-France compte plusieurs parcs paysagers et des zones naturelles d'équilibre (comme le parc naturel régional de la Haute-Vallée de Chevreuse et le parc de la vallée de la Bièvre). De vastes zones agricoles sont désormais protégées contre une urbanisation anarchique. Des coupures vertes ont été aménagées à l'ouest de Versailles, à l'est de Marne-la-Vallée. De grands travaux d'assainissement ont abouti à la dépollution partielle des rivières, dont les berges ont été parfois aménagées, ainsi que les sablières qui les bordent, favorisant les sports nautiques (lac de Viry-Châtillon, parc de loisirs de Jablines sur la Marne). Les communes rurales ont établi des plans d'occupation des sols (P.O.S.), ce qui ne peut cependant freiner le développement incontrôlé de l'agglomération parisienne sous forme de mitage de la campagne francilienne. L'Île-de-France a connu très tôt de nombreuses petites villes-centres, jouant encore un rôle de marché agricole : Fontainebleau, Étampes, Rambouillet, Dourdan, Nangis, Provins, Meaux et Melun. Ce réseau dense, mais non hiérarchisé, avec ses zones d'influence, si petites soient-elles, organise l'espace sous le couvert de la prédominance parisienne.
Les transports
Avec les progrès des moyens de transport, l'Île-de-France vit de plus en plus en symbiose avec Paris et son agglomération. En dehors des heures de pointe, les marges extrêmes de la région peuvent être atteintes en moins de deux heures. Les va-et-vient journaliers entre l'agglomération et Paris, qui sont possibles à partir des communes dotées d'une gare ou d'un échangeur, concernent plusieurs centaines de milliers de Franciliens, lesquels consacrent fréquemment trois heures par jour à leurs déplacements.
La banlieue
Longtemps très industrielle, la proche banlieue se vide aujourd'hui de ses grandes entreprises pour accueillir des activités tertiaires, par exemple des sièges sociaux déplacés des quartiers d'affaires de la capitale. Beaucoup moins dense que la ville de Paris, elle abrite des immeubles collectifs, plus bas que ceux de la capitale, et un bâti individuel ancien. Les vieux centres de maintes communes ont été rénovés : Sèvres, Puteaux, Saint-Denis, Issy-les-Moulineaux, Courbevoie (quartier de la Défense). Ils sont généralement assez bien reliés à Paris par le métro, le R.E.R. et les trains de banlieue. Cet espace urbain, qui vient à être valorisé, pourrait être encore densifié.
La banlieue suburbaine
La grande banlieue compte 264 communes regroupant 3 761 570 habitants. Large en moyenne d'environ 20 km, ce second anneau, qui couvre à peu près 1 850 km2, est six fois plus étendu que le premier pour une population à peine supérieure. Au-delà, il déploie quelques tentacules le long des voies de communication. C'est par excellence la zone des lotissements de l'entre-deux-guerres, comme à Savigny-sur-Orge, au sud, et à Aulnay-sous-Bois, au nord-est. Les grands ensembles de la période 1950-1970 (Sarcelles) font triste figure à côté de l'habitat individuel récent (Survilliers). Les emplois, autrefois assez rares, se multiplient dans les zones industrielles et d'entrepôts. Un certain nombre de grands ensembles, bien qu'âgés d'à peine quelques décennies, ont mal vieilli. Délabrés, mal desservis et insuffisamment pourvus en équipements socio-éducatifs, ils forment des pôles particulièrement défavorisés où l'intégration des immigrés récents se heurte autant à l'importance du chômage qu'à la ghettoïsation dont ils sont, malgré eux, l'objet. Plus qu'ailleurs, les jeunes sont souvent sans formation et sans activité. Drogue et délinquance contribuent à donner une sombre image des banlieues à l'opinion publique.
Les villes nouvelles
Les cinq villes nouvelles se sont progressivement affirmées, au point de perdre ce statut qui en faisait leur spécificité. Cergy-Pontoise se distingue avec sa préfecture en tronc de cône renversé, Évry avec son Agora. Le quartier Mont-d'Est à Marne-la-Vallée constitue une véritable vitrine d'architecture moderne. Melun-Sénart, un moment pressentie pour accueillir le Stade de France pour la Coupe du monde de football en 1998, a été écartée au profit de Saint-Denis. À l'ouest, Saint-Quentin-en-Yvelines, à l'image de son golf, apparaît comme la plus huppée des villes nouvelles. L'architecture prend les formes les plus diverses, avec les gratte-ciel de la Défense, le marché-gare de Rungis (1969), les dix grands centres commerciaux régionaux de banlieue, les cinq récentes préfectures (Cergy, Bobigny, Nanterre, Créteil, Évry), les cinq nouvelles universités périphériques (Nanterre, Orsay, Créteil, Villetaneuse, Saint-Denis), en attendant les cinq futures universités, une par ville nouvelle.
Les espaces éloignés
La zone extérieure à l'agglomération occupe 80 % de la superficie de l'Île-de-France, mais ne renferme que 1 320 000 habitants, soit 11 % de la population régionale. Elle ne compte que 300 000 ruraux pour plus d'un million de citadins répartis entre 76 villes et agglomérations de plus de 2 000 habitants. Parmi ces dernières, les plus peuplées sont Mantes-la-Jolie, Melun et Meaux. Toutefois, si l'on retranche les retraités, les propriétaires de résidences secondaires et les actifs se livrant à des migrations journalières vers les villes, le nombre de vrais ruraux, qui sont répartis entre 687 communes, ne dépasse pas 100 000 habitants. Cette zone rurbanisée est aussi le siège de l'agriculture la plus intensive de l'Hexagone.
HISTOIRE
Possédée par les Capétiens, l'Île-de-France formait le cœur du domaine royal et avait pour capitale Paris. Constituée en un gouvernement (1519), elle comprenait, à la veille de la Révolution, les bailliages de Chaumont-en-Vexin, Beauvais, Clermont, Senlis, Crépy-en-Valois, Villers-Cotterêts, Soissons, Laon, Melun, Nemours, Montfort-l'Amaury, Mantes et Meulan, soit les territoires actuels de la Région Île-de-France et le sud de la Région Picardie.