Annie Girardot
Actrice française (Paris 1931-Paris 2011).
L’enfance d’Annie Girardot est partagée entre Paris et Caen, ville où elle débute des études d’infirmière. Attirée par la comédie, elle monte à Paris en 1949 et suit les cours du conservatoire de la rue Blanche. Elle obtient deux prix d’art dramatique et entre à la Comédie française (1954-1956).
1. Ses débuts et sa carrière au théâtre
En 1956, Annie Girardot joue aux côtés de Robert Hirsch dans la Machine à écrire (un rôle pour lequel elle s’est coupé les cheveux). L’auteur, Jean Cocteau, la juge très douée : « Tu as le plus beau tempérament dramatique de l’après-guerre ! »
Après un détour par les cabarets de la Rive gauche, elle obtient son premier vrai rôle au cinéma dans Treize à table (André Hunebelle, 1956), puis démissionne à contrecœur du Théâtre-Français pour se consacrer au septième art.
Annie Girardot ne va cependant jamais quitter les planches : entre 1958 et 2002 elle est à l’affiche d’une vingtaine de pièces, faisant des rencontres décisives, notamment avec Luchino Visconti qui la dirige dans Deux sur la balançoire en 1958, aux côtés de Jean Marais, ou encore créant des rôles fétiches comme celui de Madame Marguerite, qu’elle reprendra régulièrement de 1974 à 2002.
2. Sa carrière cinématographique
Entre 1958 et 1960, Annie Girardot tourne dans plusieurs films de série noire, populaires mais sans grande envergure. Elle donne toutefois la réplique à Jean Gabin dans Le rouge est mis (G. Grangier, 1957) et Maigret tend un piège (J. Delannoy, 1958).
À Rome, elle obtient le rôle de Nadia pour le film de Luchino Visconti, Rocco et ses frères. Au cours du tournage, elle se lie d’amitié avec Alain Delon et rencontre son futur mari, Renato Salvatori. Ce rôle de prostituée moderne, meurtrie et bafouée, à l’opposé des starlettes de l’époque, la révèle auprès du grand public en 1960.
En France et en Italie, Annie Girardot enchaîne plus d’une trentaine de tournages dans les années 1960, passant sans discernement de films médiocres à de grandes réalisations : le Mari de la femme à barbe (M. Ferreri, 1963), Trois Chambres à Manhattan (M. Carné, 1965), Vivre pour vivre (C. Lelouch, 1967), Un homme qui me plaît (id., 1969), Dillinger est mort (M. Ferreri, 1969).
En 1970, dans Mourir d'aimer, d’André Cayatte, elle incarne une enseignante qui vit une histoire d’amour avec un de ses élèves. Ce film, inspiré d’une histoire vraie, fait polémique et totalise 5 millions d’entrées. Ce rôle restera l’un des préféré de l’actrice et marquera son style pour les deux décennies suivantes.
Annie Girardot personnifie les idéaux des années 1970 et affiche une réelle proximité avec son public en tenant des rôles de femmes indépendantes : avocate, policier, chauffeur de taxi ou médecin (Docteur Françoise Gailland de Jean-Louis Bertucelli en 1976, pour lequel elle reçoit le César de la meilleure actrice), des prestations réalistes de femme célibataire (la Vieille Fille, Jean-Pierre Blanc, 1972), de femme atteinte de cancer ou de mère de famille proche de la rupture.
Sa popularité, Annie Girardot la doit aussi à des comédies burlesques dans lesquelles elle se livre sans retenue : Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas mais elle cause en 1970, suivi de Elle cause plus, elle flingue, deux films marqués par la « gouaille » de Michel Audiard ; Tendre Poulet de Philippe de Broca en 1977, et sa suite, On a volé la cuisse de Jupiter, en 1980, où son énergie contraste avec la nonchalance de Philippe Noiret ; ou encore La Zizanie de Claude Zidi en 1978 dans lequel, avec Louis de Funès, l’hystérie atteint son paroxysme.
Avec plus de 120 films à son actif, Annie Girardot a enchaîné jusqu’à 4 tournages par an, sans compter les téléfilms, les performances théâtrales et les tournées. Ses films dépassaient souvent le million d’entrées et son seul nom suffisait à assurer leur montage financier.
3. Déclin et renaissance
Au cours des années 1980 et 1990, Annie Girardot est marquée par les excès et ses investissements s’avèrent hasardeux. Elle se risque à la chanson et monte une revue avec son compagnon controversé de l’époque, Bob Decout : l’échec est cuisant. Au cinéma, le succès n’est plus au rendez-vous et l’actrice disparaît peu à peu des écrans.
Son retour s’amorce en 1996, avec son incarnation de Madame Thénardier dans Les Misérables de Claude Lelouch (César de la meilleure actrice dans un second rôle). Mais c’est dans La Pianiste, de Michael Haneke, en 2001 qu’elle subjugue le public en jouant une mère autoritaire et incestueuse aux côtés d’Isabelle Huppert. Ce rôle violent où elle apparaît transfigurée lui vaut le César de la meilleure actrice. L’année suivante, elle reçoit le Molière de la comédienne pour Madame Marguerite, son personnage de toujours au théâtre, ainsi qu’un Molière d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
4. Les dernières années
En 2006, Annie Girardot fait savoir qu’elle souffre de la maladie d’Alzheimer. Insatiable, elle continue cependant de tourner, vraisemblablement à l’aide d’une assistance renforcée. Dans les médias, elle deviendra le symbole de cette atteinte dégénérative, trop souvent cachée. Elle décède à Paris le 28 février 2011 des suites de sa maladie.