Luxembourg
Nom officiel : Grand-duché de Luxembourg
Petit État enclavé d'Europe occidentale, le Luxembourg est limité au sud par la France, à l'ouest et au nord par la Belgique, et à l'est par l'Allemagne.
Le Luxembourg est membre de l'Union européenne (il fait partie de la zone euro) et de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN).
- Superficie : 2 586 km2
- Nombre d'habitants : 653 103 (2022)
- Nom des habitants : Luxembourgeois
- Capitale : Luxembourg
- Langues : allemand, français et luxembourgeois
- Monnaie : euro
- Chef de l'État : Henri (grand-duc)
- Chef du gouvernement : Luc Frieden
- Nature de l'État : monarchie constitutionnelle à régime parlementaire
- Constitution :
- Adoption : 18 octobre 1868
- Révision : juillet 1956
STATISTIQUES : DÉMOGRAPHIE
- Population : 653 103 hab. (2022)
- Densité : 252 hab./km2
- Part de la population urbaine (2023) : 92 %
- Structure de la population par âge (2023) :
● moins de 15 ans : 16 %
● 15-65 ans : 69 %
● plus de 65 ans : 15 % - Taux de natalité (2023) : 10 ‰
- Taux de mortalité (2023) : 7 ‰
- Taux de mortalité infantile (2023) : 3 ‰
- Espérance de vie (2023) :
● hommes : 81 ans
● femmes : 85 ans
La population, stagnante, se concentre surtout dans le sud du pays et compte environ 47 % d'étrangers. Avec environ 120 000 habitants, la capitale, Luxembourg, est la seule grande ville. Près de 175 000 frontaliers en provenance de France, de Belgique et d'Allemagne viennent travailler chaque jour dans le pays.
STATISTIQUES : ÉCONOMIE
- GÉNÉRALITÉS
- PNB (2022) : 54 milliards de dollars
- PNB/hab. (2022) : 89 200 dollars
- PNB/hab. PPA (2022) : 94720 dollars internationaux
- IDH (2021) : 0,930
- Taux de croissance annuelle du PIB (2022) : 1,4 %
- Taux annuel d'inflation (2022) : 6,3 %
- Structure de la population active (2021) :
● agriculture : 1,1 %
● mines et industries : 9,4 %
● services : 89,5 % - Structure du PIB (2022) :
● agriculture : 0,24 %
● mines et industries : 10,4 %
● services : 89,36 % - Taux de chômage (2022) : 4,7 %
- Tourisme
- Recettes touristiques (2020) : 4 454 millions de dollars
- Commerce extérieur
- Exportations de biens (2022) : 27 423 976 212 millions de dollars
- Importations de biens (2022) : 27 464 265 560 millions de dollars
- Défense
- Forces armées (2020) : 1 000 individus
- Dépenses militaires (2022) : 0,7 % du PIB
- Niveau de vie
- Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2022) : 8
- Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 59,3 %
- Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 4,8 %
- Dépenses publiques d'éducation (2021) : 4,6 % du PIB
Parmi les destinations favorites au sein de l'UE des investissements directs étrangers, le Luxembourg a basé son essor sur les services financiers et sur l'« optimisation fiscale », une pratique davantage encadrée depuis 2017 à la suite du scandale « Luxleaks » qui en avait révélé l'ampleur et les ressorts. Après la crise de 2020 et la reprise de 2021, le pays traverse une nouvelle récession en 2023 estimée à — 1% par l'OCDE.
GÉOGRAPHIE
La région septentrionale (Ösling) appartient au plateau ardennais, souvent forestier, entaillé par des vallées encaissées (Sûre) et dont la mise en valeur est limitée par des conditions naturelles défavorables. Elle s'oppose au Sud (Gutland, « Bon Pays »), prolongement de la Lorraine, où la fertilité des sols et un climat moins rude ont favorisé l'essor d'une agriculture variée (céréales, cultures fruitières et florales, vigne, tabac, un peu de vin) et de l'élevage bovin. La présence de fer dans le Sud-Ouest (dont l'extraction a cessé) a permis le développement de la sidérurgie et de la métallurgie. L'économie est encore tributaire de cette industrie lourde malgré l'extension des services (financiers notamment). La balance commerciale est déficitaire. Les échanges se font surtout avec les États limitrophes (Allemagne, Belgique, France) et avec d'autres membres de l'Union européenne.
1. Le cadre naturel
Au nord, l'Ösling (ou Oesling) occupe le tiers du pays ; c'est une partie du plateau ardennais, vers 500 m d'altitude, creusé par les affluents de la Moselle (Sûre, Wiltz, Clervé), au climat rude, avec des sols ingrats. Mais les forêts, les rivières, les châteaux en font une région touristique, cependant que les cultures apparaissent localement. Au sud, le Gutland (le « Bon pays ») est une partie du Bassin parisien, au vigoureux relief de côtes (avec, à l'extrémité méridionale, du minerai de fer). Le climat est moins rude, et les sols sont plus riches.
2. L'industrie
Le Luxembourg est entré dans l'ère industrielle à la fin du xixe s. grâce à ses gisements de minerai de fer, situés dans le sud du pays, dans le prolongement du Bassin lorrain. Malgré la nécessité d'importer du charbon, une puissante industrie sidérurgique s'est implantée dans la région, donnant naissance à la firme Arbed. La production approchait 7 millions de tonnes au début des années 1970, mais les conditions sont devenues de moins en moins favorables, à un moment où le marché de l'acier est touché par la crise. Le minerai à faible teneur n'est plus compétitif, et l'extraction est abandonnée en 1981. Arbed développe pendant les années 1990 ses activités à l'étranger, tout en maintenant une production sidérurgique au Luxembourg (2,5 millions de tonnes en 1999), dont elle reste le premier employeur industriel. La reconversion est moins douloureuse qu'en Lorraine, du fait de créations d'emplois plus soutenues dans l'industrie et le secteur tertiaire, même si ces nouvelles activités sont souvent implantées en dehors du bassin sidérurgique. Il s'agit généralement de firmes étrangères, notamment américaines, comme Goodyear (pneumatiques), dès 1951, ou encore Du Pont de Nemours (chimie) et General Motors, dans les années 1960-1970. Le gouvernement, qui refuse de miser uniquement sur le secteur tertiaire, poursuit une politique d'aide à l'implantation de nouvelles entreprises industrielles.
3. Les activités de service
Cependant, l'essor récent de l'économie luxembourgeoise tient essentiellement aux activités de service. Profitant de sa situation de petit État au cœur de la construction européenne, le Luxembourg a développé un énorme appareil financier, de rayonnement international : de 1965 à 1995, le nombre de banques et celui de leurs salariés ont été multipliés par dix, avec une pénétration étrangère de plus en plus forte. Discrétion et fiscalité favorable contribuent à expliquer cet engouement. L'intégration à l'Europe ne menacerait vraiment la place financière que si elle imposait une homogénéisation totale du marché.
Le Luxembourg abrite aussi le siège de plusieurs institutions européennes : secrétariat du Parlement, Cour de justice, Banque européenne d'investissement, Office statistique des Communautés européennes (Eurostat). Il occupe une place de choix dans le paysage audiovisuel européen, grâce à la Compagnie luxembourgeoise de télédiffusion, dont le capital est aujourd'hui en majorité étranger. La tertiarisation de l'économie favorise la ville de Luxembourg, dont l'agglomération concentre près du tiers de la population du pays.
Le petit pays pauvre du xixe s. possède aujourd'hui un budget en excédent et le produit intérieur brut par habitant, exprimé en parité de pouvoir d'achat, est l'un des plus élevés du monde. Malgré une augmentation dans les années 1990, son taux de chômage reste enviable (2,5 % environ) et sa croissance se maintient à un bon rythme. Les besoins en main-d'œuvre ne sont plus couverts par une population autochtone, en stagnation démographique et qui n'occupe plus que la moitié des emplois du grand-duché. Le Luxembourg continue de faire appel à l'immigration (on compte 30 % d'étrangers dans la population totale), principalement d'origine communautaire, avec une dominante méditerranéenne (Portugais, notamment) pour les tâches peu qualifiées ; mais il recourt aussi de plus en plus au travail frontalier, en relation surtout avec la Lorraine. La balance commerciale est déficitaire. Les échanges se font surtout avec les États limitrophes (Allemagne, Belgique, France) et avec d'autres membres de l'Union européenne.
HISTOIRE
1. Le Moyen Âge
1.1. Du comté au duché
Le Luxembourg est issu du morcellement de la Lotharingie. Il est fondé par Sigefroi, fils cadet d'un comte mosellan, qui acquiert en 963 le site stratégique où il fait construire un château appelé à devenir le noyau de la ville et du comté de Luxembourg. Le comté passe successivement aux familles de Namur (1136) et de Limbourg.
En 1308, le comte Henri VII est élu empereur, puis son fils Jean l'Aveugle devient roi de Bohême. Son petit-fils, l'empereur Charles IV, érige le comté en duché pour son frère Venceslas (1354).
1.2. Les ducs de Bourgogne
Le pays parvient finalement à une représentante d'une branche cadette, Élisabeth de Görlitz, qui cède ses droits à Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1441).
Réuni aux Pays-Bas (1443), le Luxembourg, resté pauvre et rural, s'en distinguera par son loyalisme à l'égard des Habsbourg et par sa fidélité au catholicisme.
2. Les temps modernes
Des ducs de Bourgogne, il passe d'abord aux Habsbourg d'Espagne (1506) : l'importance de ses forêts y favorise le développement de la métallurgie.
La France annexe Thionville et Montmédy (Luxembourg français) en 1659 (→ traité des Pyrénées) et occupe la capitale (1684-1697).
Au traité de Rastatt (1714), le Luxembourg est cédé à l'Autriche avec le reste des Pays-Bas. Mais il possède ses institutions propres avec le Conseil du prince et des états représentatifs des trois ordres.
3. De la France aux Pays-Bas
3.1. Le département des Forêts
Conquis par la République française, il est annexé en 1795 et forme la majeure partie du département des Forêts.
3.2. État de la Confédération germanique
Les traités de 1815 (→ congrès de Vienne) lui retirent ses cantons orientaux et l'augmentent du duché de Bouillon.
Érigé en grand-duché pour Guillaume Ier, roi des Pays-Bas, il fait partie de la Confédération germanique, et une garnison prussienne occupe la forteresse de Luxembourg.
3.3. Démembré entre les Pays-Bas et la Belgique
Comme la Belgique, le Grand-Duché se soulève contre Guillaume Ier en 1830. Le traité des Vingt-Quatre Articles (1831) le coupe en deux, et la population se désespère lorsque Guillaume Ier accepte le traité. La moitié occidentale (Luxembourg belge) va à Léopold Ier, et le reste du Grand-Duché retombe sous la domination du roi des Pays-Bas (1839).
4. Indépendant et neutre
À partir de 1840 sont créés peu à peu les organes d'un État indépendant. Guillaume II est contraint d'accorder une Constitution parlementaire. En 1867, le Luxembourg échappe à l'annexion par la France ; le traité de Londres du 11 mai 1867 en fait un État neutre, sous la garantie des puissances ; l'armée prussienne évacue la forteresse.
Le Grand-Duché, qui fait partie du Zollverein depuis 1842, connaît un grand essor industriel avec le procédé Thomas et Gilchrist (→ Sidney Gilchrist Thomas, 1877), qui permet à l'industrie métallurgique de faire un bond en avant.
En 1890, le pacte successoral des Nassau fait passer le Luxembourg à Adolphe, ancien duc de Nassau. À la mort de son fils, Guillaume IV (1912), la loi salique est abrogée en faveur de la princesse Marie-Adélaïde.
5. De 1914 à 1944
Victimes de l'invasion allemande (1914-1918), les Luxembourgeois obtiennent l'abdication de la grande-duchesse en faveur de sa sœur Charlotte (janvier 1919), qui donne une Constitution démocratique au pays. Le référendum de septembre 1919 révèle une forte majorité pour le maintien des Nassau et aussi pour l'union économique avec la France ; celle-ci refusant, le Luxembourg réalise en 1922 avec la Belgique une Union économique belgo-luxembourgeoise (UELB). Le grand-duché, malgré son statut de neutralité, réussit à entrer à la Société des Nations (SDN) grâce à son ministre des Affaires étrangères Joseph Bech.
Il est de nouveau envahi par les Allemands (10 mai 1940). La famille grand-ducale se réfugie en Angleterre, et le Luxembourg résiste aux tentatives de germanisation jusqu'à sa libération (10 septembre 1944).
6. Période contemporaine
6.1. L'intégration européenne
Le grand-duché conclut avec la Belgique et les Pays-Bas l'entente économique du Benelux (1947), abandonne son statut de neutralité (avril 1948), adhère au pacte de l'Atlantique Nord (1949), puis participe, à partir de 1950, à la construction de l'Europe des Six.
En 1964, la grande-duchesse Charlotte abdique en faveur de son fils Jean. À l'exception des années 1974-1979, pendant lesquelles Gaston Thorn dirige un gouvernement libéral-socialiste, et d'une brève éclipse en 1925, les chrétiens-sociaux dominent le paysage politique de l'après-guerre : Joseph Bech (1926-1937), Pierre Dupong (1944-1953). Depuis 1959, ils occupent de façon quasi continue la tête du gouvernement, en coalition avec les socialistes à partir de 1984. Cela explique la longévité politique de leurs leaders successifs, Pierre Werner (1979-1984) et Jacques Santer (1984-1995) ; ce dernier est nommé à la présidence de la Commission européenne, dont il est contraint de démissionner en 1999.
6.2. Dix-huit ans sous la houlette de Jean-Claude Juncker (1995-2013)
Jacques Santer est remplacé à la tête du gouvernement par Jean-Claude Juncker, qui, après la défaite des socialistes aux législatives de 1999, forme une nouvelle coalition, s'alliant cette fois-ci aux libéraux du parti démocratique, qui ont obtenu un bon résultat.
En 2000, le grand-duc Jean abdique au profit de son fils Henri, qui hérite d'un pays stable et dont les habitants jouissent d'un niveau de vie parmi les plus élevés du monde. Abri fiscal, bancaire et financier, le Luxembourg s'est vu remettre en cause son statut de paradis fiscal ; sous la pression de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et des États-Unis, il a préféré taxer les revenus de l'épargne plutôt que de lever son secret bancaire.
En juin 2004, le parti chrétien-social du peuple (CSV) arrive en tête des élections législatives avec plus de 36 % des suffrages et 24 sièges sur 60, devant le parti ouvrier socialiste (LSAP), qui obtient 23,3 % des voix et 14 sièges. Suivent les libéraux du parti démocratique (10 sièges), les Verts (7 sièges) et le Comité d'action pour la démocratie et la justice, qui défend les retraités (4 sièges), et 1 député indépendant. J.-C. Juncker est reconduit dans ses fonctions à la tête d'un gouvernement de coalition avec les socialistes. Il entame un quatrième mandat en juillet 2009 après avoir renouvelé cette alliance à l'issue des élections législatives et européennes de juin. En juillet 2013, à la suite d’un scandale mettant en cause le Service de renseignement de l’État, il est contraint à la démission par ses alliés socialistes qui lui retirent leur soutien.
6.3. Xavier Bettel
Si le CSV arrive en tête des élections législatives anticipées du 20 octobre, avec 23 sièges sur 60, c’est une nouvelle coalition entre libéraux, socialistes et écologistes qui est finalement formée sous la direction du libéral Xavier Bettel. Reniant l'héritage politique laissé par J.-C. Juncker et la stratégie d'isolement du Grand-Duché, le gouvernement, entendant jouer la carte de la coopération et de la transparence en matière fiscale, rétablit le dialogue avec l'OCDE et promet de passer à l'échange automatique de données fiscales.