Hydre de Lerne

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Monstre enfanté par Échidna et Typhon.

Nourrie par Héra dans sa haine pour Héraclès, l'Hydre vit dans un marécage du pays de Lerne, non loin d'Argos. Elle a grandi sous le platane de la source d'Amymoné. Selon les versions, cette créature a une, neuf, cinquante, cent, voire plusieurs centaines de têtes ; et quand l'une tombe, une ou plusieurs autre(s) repousse(nt). Mais les plus rationnels pensent que ce n'est qu'une bête fauve normale, avec une seule tête, sans doute particulièrement féroce. Elle empoisonne les hommes de son souffle. Si d'aventure l'un d'eux déjoue sa vigilance, un souffle sur les traces qu'il a laissées suffit pour qu'il meure dans d'atroces souffrances.

C'est une des épreuves d'Héraclès, de supprimer ce monstre. Chaque fois qu'il lui tranche une tête, celle-ci repousse de ses blessures. Le héros fait appel à Iolaos : dès qu'une tête est abattue, Iolaos s'empresse de cautériser la blessure avec une torche enflammée – idée suggérée à Héraclès par Athéna. Ainsi périt l'Hydre. Et Héraclès ne manque pas de le rappeler à Achéloos lorsque celui-ci prend, pour lui échapper, la forme d'un serpent. Eurysthée, le commanditaire, refuse de prendre en compte cet exploit parce qu'Héraclès s'est fait aider par Iolaos.

Variantes

I. On raconte que dans la région les sources sont nombreuses, trop nombreuses et que les habitants, chaque fois qu'il cherchent à en condamner une, voient aussitôt surgir d'autres sources. L'Hydre (« eau », en grec) n'est donc qu'une source qu'Héraclès parvient à assécher par le feu. Héraclès est particulièrement doué pour découvrir les nappes souterraines.

II. On raconte que l'Hydre est un serpent pourvu de cinquante têtes sur un corps unique ; qu'Héraclès, tranchant une tête, en voit deux autres surgir ; qu'un crabe vient au secours du monstre, tandis qu'Iolaos seconde le fils de Zeus. Qui croit cela est stupide. Et comment Héraclès, tranchant un cou, n'est-il pas aussitôt assailli par les quarante-neuf autres gueules ? La réalité est celle-ci : Lerne règne sur un territoire auquel il a donné son nom ; les autres cités sont Argos, Mycènes, Tirynthe, chacune sous la coupe d'Eurysthée, fils de Sthénélos et petit-fils de Persée. Mais Lerne refuse de se soumettre et les deux souverains se font alors la guerre. À Lerne, à l'entrée du pays, se dresse une citadelle fortifiée, nommée Hydre ; cinquante archers de l'élite se tiennent dans les nombreuses tours, nuit et jour. Eurysthée commande à Héraclès de détruire la cité rebelle. Les guerriers du héros tentent d'atteindre les archers, en catapultant des projectiles enflammés. Quand l'un des valeureux soldats tombe, deux autres le remplacent aussitôt. Constatant que sa résistance s'amenuise, Lerne soudoient des mercenaires cariens. Ces derniers arrivent bientôt, commandés par un chef puissant et belliqueux, nommé Crabe. De son côté, Iolaos augmente les forces de son oncle avec des soldats Thébains. Le jeune homme incendie les tours. Héraclès défait ses ennemis, anéantit l'Hydre, la citadelle aux cinquante archers.

Voir aussi : Héraclès, Travaux d'Héraclès