Dire Straits

Groupe britannique de rock formé en 1977 à Londres par Mark Knopfler (chant, guitare), David Knopfler (guitare rythmique), Pick Withers, remplacé en 1983 par Terry Williams (batterie) et John Illsley (basse).

C'est à Newcastle, après le déménagement forcé de leur père architecte et au beau milieu de l'adolescence, que les frères Knopfler découvrent la guitare. Début 1977, en pleine tourmente punk, David, travailleur social, partage sa chambre avec John Illsley, étudiant en sociologie qui travaille chez un disquaire. Mark, son aîné, critique rock dans la presse locale, potache mordu de littérature anglaise puis professeur-éducateur, les rejoint régulièrement pour improviser sur des standards de rock and roll. Peu à peu, ils abandonnent leurs emplois respectifs pour se consacrer essentiellement à la musique. Un batteur de studio — qui a déjà travaillé avec plusieurs formations — se joint à eux pour mettre sur bande 5 titres d'un rock mâtiné de blues. La BBC programme la cassette, et les opportunités se présentent peu à peu. Un directeur artistique de Phonogram leur propose un contrat. Ainsi, après la première partie européenne des Talking Heads, ils empruntent 200 000 francs et enregistrent Dire Straits (« Mauvaise Passe », en anglais) sous la houlette de Muff Winwood (ex-Spencer Davis Group). Contre toute attente, l'album dépasse la barre des 2 millions d'exemplaires : le titre Sultans Of Swing devient un hit. Communiqué, le suivant, connaîtra, malgré l'absence de titres marquants, un destin similaire.

Tradition et modernité. En quelques mois, Dire Straits s'impose comme un véritable phénomène. Certains parlent de « non-sens serein et mélancolique » dans une scène anglaise arc-boutée sous les assauts nihilistes du punk et les balbutiements de la new wave. Durant toute leur carrière, ils se moqueront allègrement des modes. Leur rock atmosphérique, inspiré du blues, séduit par sa prestance, son intelligence mélodique et par ses textes introspectifs. Les prouesses de Mark (sur guitares Fender Stratocaster et Gibson) et le jeu de cache-cache permanent entre son chant et ses notes donnent à Dire Straits toute son unicité. Malgré leur fort potentiel radio, les chansons sont surtout influencées par les ambiances décontractées de la country, du blues et du swing. On peut parler d'un mélange fluide et limpide entre Bob Dylan, le picking de Chet Atkins, Ry Cooder, J.J. Cale et Albert King.

Les compositions Solid Rock et Expresso Love sont emblématiques du changement opéré sur Making Movies (1980), produit par J. Iovine (Bruce Springsteen, Patti Smith …). Avec le départ de David Knopfler, remplacé par Hal Lindes et Roy Bittan, pianiste de Bruce Springsteen, le ton s'est durci. À l'exception de Tunnel Of Love et Romeo And Juliet, qui restent dans la lignée initiale.

En 1982, Love Over Gold, suite planante, voire « cinématographique » (grâce aux ambiances souples et épiques des 15 minutes de Telegraph Road et à l'utilisation d'un ordinateur pour les arrangements), marque leur consécration mondiale et ce, malgré l'absence de chansons formatées pour la radio et un lent déclin artistique. En 1983, Withers, remplacé par l'ancien Rockpile Terry Williams, rejoint Robert Plant.

Projets annexes et long repos. De son côté, Mark Knopfler collabore avec Bob Dylan (il produit l'album Infidels, en 1983), Aztec Camera, Randy Newman, écrit Private Dancer, le hit du retour de Tina Turner et apparaît aux cotés de Joan Armatrading. Parallèlement, il enregistre plusieurs musiques de films, comme Local Hero (1983), Cal (1984), The Princess Bride (1987), Comfort And Joy (1987) et Last Exit To Brooklyn (1989). Après le mini Twisted By The Pool, le double album live Alchemy offre un bon récapitulatif de leur panache scénique. Brother In Arms (1985) est commercialisé peu après leur performance au Live Aid.

C'est un succès incontournable. Sur les 6 millions d'exemplaires vendus, 3 sont écoulés rien qu'en Grande-Bretagne et 1,2 million en France. Nominé ici ou là, adulé pour des titres comme Walk Of Life So Far Away et surtout Money For Nothing ou I Want My MTV — duo avec Sting et publicité gratuite pour la chaîne MTV —, Dire Straits est l'un des groupes rock les plus importants de la fin des années 1980. En 1988, pourtant, après une apparition au concert anniversaire de Nelson Mandela à Wembley, et suite à une tournée avec Eric Clapton, Mark annonce officiellement la dissolution du groupe. Il enregistre ensuite un disque avec Brendan Croker sous le nom des Notting Hillbillies (Missing…, en 1990), énorme succès britannique, et sort un album avec son maître, le dieu du picking (tous les doigts de la main gauche, dont le pouce muni d'un onglet, jouant les six cordes de la guitare) Chet Atkins.

En 1991, Dire Straits se reforme pour l'album On Every Street, qui recevra, à cause de son orientation moins décontractée, un accueil assez mitigé. Depuis, on ne sait plus si le groupe est dissous ou au repos.