Gordon Matthew Sumner, dit Sting

Chanteur, guitariste et compositeur de rock et de pop britannique (Wallsend, Newcastle, 1951).

Le grand frère un peu raisonneur, la bonne conscience du rock humanitaire, mais, avant tout, un musicien exceptionnel et un mélodiste hors pair. Ce fils de laitier et de coiffeuse-pianiste, amateur de jazz, commence comme instituteur avant de se lancer, à vingt-trois ans révolus, dans le grand bain du rock and roll (comme chanteur et bassiste de Last Exit). Il prend alors le nom de Sting (dard, en anglais) et monte ce qu'on appellera un moment « le plus grand groupe du monde », The Police. En 1984, à la séparation du groupe, il accélère une carrière d'acteur de cinéma en jouant un des rôles principaux dans l'adaptation de Dune de Frank Herbert. Musicalement, n'ayant plus rien à prouver, il aborde alors sa carrière solo en toute décontraction. Cela donne, en 1985, l'album The Dream Of The Blue Turtles, où, aux côtés de pointures du jazz comme le saxophoniste Branford Marsalis ou le pianiste Kenny Kirkland, il propose un croisement réussi de reggae, de rock, de funk et de jazz. Le succès est immédiat.

Magic touch. Bring On The Night (1986), version (double) live du précédent agrémentée de reprises de Police, précède Nothing Like The Sun (1987). Ce tissu d'orchestrations délicates, de rythmes hispaniques et brésiliens est dédié à sa mère juste décédée. Sting occupe désormais la une des médias pour son engagement en faveur des causes humanitaires : Amnesty International, Nelson Mandela, préservation de la forêt amazonienne (prestation très médiatique avec le chef indien et sa lèvre à plateau ; certaines mauvaises langues prétendront que le bon sauvage est un businessman très avisé…). Son nouveau rôle de belle âme planétaire ne l'empêche nullement de poursuivre par ailleurs une activité frénétique, au cinéma comme dans la musique. Jouant avec des musiciens aussi divers qu'Eric Clapton, le pianiste Gil Evans ou le salsero Ruben Blades, il continue d'aligner des tubes planétaires tels We'll Be Together ou An Englishman In New York. En 1991, il enregistre Soul Cages, disque sombre, complexe et morbide, inspiré, cette fois, par la mort de son père. Cet album difficile et très introspectif culmine cependant en tête des charts. En 1993, Ten Summoner's Tales connaît la même popularité.

Pourtant, la formule s'effrite un peu et sombre parfois dans des ballades mièvres (All For Love, avec Bryan Adams et Rod Stewart). En 1994, le Best Of Fields Of Gold recèle deux inédits sans grand relief, qui annoncent le (plutôt) morne Mercury Falling (1996), où les amateurs trouveront quelques pépites, comme la très belle chanson country I'm So Happy I Can't Stop Crying, preuve que le dard peut encore piquer.

The Police, interview de Sting
The Police, interview de Sting