révolution russe de 1905
Ensemble des manifestations qui ébranlèrent la Russie en 1905.
1. La crise générale (1903-1904)
Une crise grave éclate en Russie à partir de 1902-1903, au cours de laquelle se développe l'hostilité au régime autocratique de Nicolas II dans toutes les classes sociales : les paysans (émeutes en Ukraine et dans la vallée de Volga [1902] et recours persistant à la violence pour faire pression sur les propriétaires en vue d'une réforme agraire) ; les ouvriers, qui organisent de nombreuses grèves pour appuyer leurs revendications devenues politiques ; les nobles libéraux des zemstvos (assemblées territoriales) ; les membres des professions libérales et les étudiants, parmi lesquels se recrute le détachement de combat S.-R. (socialistes-révolutionnaires).
La politique répressive du ministre de l'Intérieur, Viatcheslav Plehve, assassiné en juillet 1904, et les défaites de l'armée russe engagée dans la guerre contre le Japon aggravent encore la situation (→ guerre russo-japonaise).
En novembre 1904, le congrès des zemstvos réclame la convocation d'une assemblée nationale, et l'agitation constitutionnelle gagne les ouvriers. Lorsque le 9 janvier 1905, les ouvriers de Saint-Pétersbourg entreprennent une marche pour présenter leurs revendications au tsar, l'armée tire sur les manifestants. Ce massacre du Dimanche rouge provoque l'indignation générale.
2. La bataille pour l'Assemblée (janvier-octobre 1905)
Les grèves se multipllient de janvier à octobre 1905 dans tout l'empire et des mutineries éclatent, dont celle du cuirassé Potemkine (juin). Les libéraux des unions professionnelles s'organisent en mai en une « Union des unions », d'où sortira, en octobre, le parti constitutionnnel-démocrate (KD), tandis que l'Union paysanne panrusse, constituée en juin, réclame la propriété collective de la terre.
Le mouvement se radicalise encore durant l'été 1905 lorsque se confirme la défaite de la Russie dans la guerre contre le Japon. Le manifeste du ministre de l'Intérieur Boulyguine, promettant une assemblée consultative (août), déçoit tous les espoirs, et en octobre une grève générale paralyse le pays.
Contraint d'accorder des concessions, Nicolas II rappelle le comte Witte (ex-ministre des Finances) et promulgue le manifeste du 17 octobre 1905, qui garantit les principales libertés et promet la réunion d'une assemblée législative (→ douma d'État) élue au suffrage universel. Il rétablit l'autonomie de la Finlande et libère les paysans des dernières annuités de paiement pour le rachat des terres (3 octobre).
Le manifeste d'octobre divise les libéraux en octobristes, qu'il satisfait, et en constitutionnels-démocrates, pour lesquels la douma octroyée doit devenir une assemblée constituante.
3. L'insurrection ouvrière (octobre 1905-janvier 1906)
Les révolutionnaires poursuivent le combat. Les marins se révoltent à Kronchtadt (fin octobre) et à Sébastopol (novembre), tandis que les soviets de députés ouvriers, dont le premier s'est constitué à Ivanovo-Voznessensk en mai, deviennent de véritables communes autonomes. Le soviet de Saint-Pétersbourg est animé par les mencheviks de Trotski, celui de Moscou par les bolcheviks.
Lénine, partisan de l'insurrection armée, arrive à Saint-Pétersbourg en novembre. Mais Witte, qui vient d'épurer l'armée des éléments les moins sûrs, liquide le soviet de Saint-Pétersbourg et écrase l'insurrection de Moscou, de Novorossisk, de Krasnoïarsk et de Tchita (décembre 1905-janvier 1906).
L'ordre étant rétabli, Nicolas II promulgue en mai 1906 les lois fondamentales, faisant ainsi échec à la prétention de la douma de se transformer en une assemblée constituante.