soviet

(russe sovet, conseil)

Assemblée de délégués élus, en Russie puis en U.R.S.S.

Les premiers soviets se forment au cours de l'été 1905, pendant la première révolution russe : 70 000 ouvriers en grève élisent leurs délégués dans le centre textile d'Ivano-Vosnessenk, suivis à l'automne par ceux des grands centres urbains. Le soviet de Saint-Pétersbourg est alors dirigé par Léon Trotski, qui appelle au renversement de l'autocratie tsariste.

Lors de la révolution de 1917, des soviets d'ouvriers, de paysans et de soldats s'organisèrent et tout au long de la révolution russe, les soviets incarneront la dynamique du mouvement des masses et sa spontanéité révolutionnaire. Ils transcenderont les appareils politiques, y compris le parti bolchevik, qui tenta, au cours de l'été 1917, de freiner leur élan dans la capitale. « Ayant renversé le tsarisme, écrit l'historien Marc Ferro, les citoyens de la nouvelle Russie sont en état de mobilisation permanente » et les soviets sont les organes naturels de ce mouvement : lieux de débats, d'initiatives, d'affrontements entre les différentes sensibilités politiques et stratégies.

Les soviets finirent par constituer dans tout le pays un réseau dense et efficace : chaque fraction de la population se considérant comme lésée par le régime tsariste se constitue en soviet autonome. Pendant toute l'année 1917, dans les grands complexes industriels en particulier, la revendication autogestionnaire est très vive. Le mot d'ordre du « contrôle ouvrier » traduit la pleine ambition des soviets : ne pas être de simples organes spontanés et éphémères de l'action insurrectionnelle, mais constituer la base d'un ordre nouveau, d'une réorganisation radicale et complète de la vie politique et économique du pays, fondée sur la participation directe de chaque citoyen aux affaires publiques.

Des soviets se formèrent aussi en Allemagne, en Italie et en Hongrie, lors des soulèvements révolutionnaires qui se produisirent dans ces pays au lendemain de la Première Guerre mondiale. Les conseillistes ou « communistes des conseils », comme l'Allemand Karl Korsch (1886-1921) ou le Néerlandais Anton Pannekoek (1873-1960), défendirent, contre Lénine, l'idée que la classe ouvrière devait s'organiser uniquement en conseils et abandonner parlements et syndicats

Après l'effondrement de l'Empire tsariste, les soviets devinrent une institution permanente du nouveau régime, appelé pour cette raison soviétique. Ils constituaient les organes du pouvoir à tous les échelons, le Soviet suprême de l'Union soviétique étant l'organe supérieur du pouvoir d'État. Mais la réalité du pouvoir appartenait au parti unique ». La perestroïka (« restructuration ») lancée par Mikhaïl Gorbatchev chercha à donner plus de pouvoir aux soviets et à l'État au détriment du parti. À la suite de la tentative de coup d'État en août 1991, la structure des anciens soviets a servi de base organisationnelle aux nouvelles Républiques indépendantes.

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