guerre d'Indochine (1940-1954)
Ensemble des opérations menées par les Français en Indochine française, opposés d'abord, dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale, au Japon et à la Thaïlande, puis, à partir de 1946, au mouvement révolutionnaire du Viêt-minh.
1. L’Indochine dans la Seconde Guerre mondiale (1940-1945)
1.1. L'Indochine française à la veille du conflit
Une conquête à peine achevée
La France prend pied en Indochine en 1858, et crée en 1887 l'Union indochinoise, qui regroupe la Cochinchine, le Cambodge, le Tonkin, l'Annam et le Laos. La conquête militaire française proprement dite ne s'est pas achevée avant les années 1930, les dernières rébellions se produisant en 1934-1935 aux confins de la Cochinchine, du Laos et du Cambodge.
Une diversité de statuts administratifs
Le Viêt Nam est ainsi divisé en trois parties – du nord au sud, Tonkin, Annam et Cochinchine – aux statuts différents ; la Cochinchine est une « colonie incorporée », dirigée par un gouverneur et représentée par un député en métropole ; l'Annam – le « Sud pacifié », en chinois – a le statut de protectorat, ce qui revient en fait à une administration directe de la France, l'empereur n'y jouant qu'un rôle de représentation ; le statut du Tonkin le soumet à l'autorité d'un résident supérieur, les villes de Hanoi et de Haiphong étant territoires français. Le Cambodge est un protectorat. Le Laos est divisé en dix provinces, dont une seule, le royaume de Luang Prabang, a le statut de protectorat, les neuf autres étant placées sons administration directe.
L’exploitation coloniale
Au milieu du xxe siècle, plus de la moitié des quelque 42 000 colons français sont des militaires, un cinquième environ des fonctionnaires. Peu de colons travaillent ainsi à la création d'une infrastructure économique moderne, et l'un des reproches fondamentaux adressés à la France par les nationalistes et le Viêt minh concerne précisément sa politique de spoliation des ressources locales : la perception de taxes diverses, de droits de douane sur l'alcool ou le sel, la vente d'opium, etc., semblent le seul but de l'activité administrative française, après le maintien de l'ordre et en l'absence d'une véritable tentative de développement de la région.
L'éveil du nationalisme
Des partis nationalistes sont nés en Indochine française dans les années 1920, à l'exemple du Guomindang chinois. Ainsi, en 1927 a été fondé le Viêt-nam Quoc Dan Dang (VNQDD, « parti populaire national vietnamien »), qui a déclenché l'insurrection du 9 février 1930 à Yen Bay, sévèrement réprimée. Le VNQDD disparaît pratiquement au moment même où Nguyên Ai Quôc – le futur Hô Chi Minh – crée le parti communiste indochinois (PCI), membre du Komintern.
1.2. La Seconde Guerre mondiale
L’occupation japonaise et thaïlandaise (1940-1941)
Dès la défaite française de 1940, le Japon occupe partiellement le Tonkin (septembre) pour acheminer hommes et matériel vers le sud de la Chine, où il affronte le Guomindang. L’Indochine française se retrouve de fait sous la tutelle du Japon. Dans le même temps, la Thaïlande attaque le Cambodge et le Laos et impose, malgré la destruction de sa flotte, la présence de ses troupes à la suite d'un arbitrage japonais en sa faveur, l’accord de Tokyo (1941), qui lui permet de récupérer les 65 000 km2 auxquels elle avait renoncé en 1907 au profit de la France. Elle les restituera en 1946.
L’indécision française
Face à cette situation, le haut-commissaire nommé par Vichy en remplacement du général Catroux qui a rallié la France libre, l'amiral Decoux, avec 60 000 hommes à l'armement désuet, ne peut que temporiser. Les derniers mois de la guerre sont les plus délicats : alors que Decoux pense qu'il suffit que l'Indochine attende la défaite, alors prévisible, du Japon pour revenir dans le giron de la France, les gaullistes sont partisans de faire participer la région à la lutte contre le Japon afin d'arriver en meilleure position à la table des négociations de l'après-guerre, d'autant que le président américain Franklin Delano Roosevelt se montre favorable au démantèlement des empires coloniaux. En août 1944, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) envoie le général Mordant en Indochine afin de le représenter et d'organiser la résistance antijaponaise.
L’invasion japonaise (mars-septembre 1945)
Au début de 1945, la situation devient critique : le 9 mars, les Japonais présentent à Decoux un ultimatum et lui enjoignent de placer les forces françaises sous l'autorité japonaise. Decoux refuse et il est arrêté. Mordant, assiégé dans Hanoi, doit se rendre. Les Japonais massacrent ou internent les garnisons françaises d'Indochine, à l'exception de celles qui, sous les ordres des généraux Sabattier et Alessandri, réussissent à gagner la Chine du Sud.
Cette brève période de contrôle direct par les Japonais est décisive, car ceux-ci poussent l'empereur d'Annam Bao Dai à proclamer l'indépendance du Viêt Nam dès le 11 mars, tandis que les rois du Laos et du Cambodge font bientôt de même.
L’occupation alliée (septembre-octobre 1945)
Après la capitulation du Japon le 2 septembre 1945 et aux termes des accords de Potsdam, l'Indochine est occupée par les Alliés : au nord du 16e parallèle par les Chinois, au sud par les Britanniques. Le 5 octobre, les premiers éléments français de Leclerc arrivent à Saigon, s'installent rapidement en Cochinchine et dans l'Annam du Sud et assurent la relève des troupes britanniques. L'amiral d'Argenlieu, nommé haut-commissaire pour l'Indochine le 15 août 1945, a pour mission de restaurer la souveraineté française sur la région.
2. La guerre d’Indochine : contexte politique et international (1946-1954)
2.1. L’année des occasions manquées (1946)
Les revendications de Hô Chi Minh
Après la consolidation de leur situation au sud du 16e parallèle, les Français négocient difficilement leur retour au nord avec les Chinois et le Viêt-minh d'Hô Chi Minh, qui, après avoir contraint l’empereur Bao Dai à abdiquer, a proclamé la République démocratique du Viêt Nam le 2 septembre 1945, jour même de la capitulation japonaise, et exige la souveraineté sur les trois Ky (« pays ») : Bac Ky, « pays du Nord » (Tonkin), Trung Ky, « pays du centre » (Annam) et Nam Ky, « pays du Sud » (Cochinchine) »), autrement dit sur la totalité du Viêt Nam.
L’accord de Hanoi
Le 6 mars 1946, alors que les Chinois tentent un ultime coup de force contre Haiphong, est conclu un accord à Hanoi entre le représentant de la France au Viêt Nam du Nord, Sainteny, et Hô Chi Minh. Par cet accord, la France reconnaît le « Viêt Nam comme un État libre » dans le cadre de l'Union française – laquelle ne sera créée que quelques mois plus tard. Mais la principale demande des communistes, l'indépendance (doc lap en vietnamien), n'est pas satisfaite.
La rupture des négociations
Le 18 mars 1946, les troupes françaises arrivent à Hanoi, où elles relèvent les Chinois. Dans les mois qui suivent, tandis que Vô Nguyên Giap, collaborateur militaire d'Hô Chi Minh, organise avec l'appui américain une armée viêt-minh, d’Argenlieu tente de créer une république catholique autonome de Cochinchine pour contrer l’influence communiste et saboter l’accord de Hanoi. Après l'échec des conférences franco-viêt-minh de Dalat (avril-mai) et de Fontainebleau (septembre) et à la suite du bombardement d'Haiphong par les Français (novembre), Hô Chi Minh attaque le 19 décembre les garnisons du Tonkin et d'Annam : sans grand succès, certes, mais la rupture est consommée et la guerre d’Indochine commence.
2.2. Une guerre qui ne dit pas son nom
La lutte qui s'engage, avant d'être militaire, est politique. En France, en effet, la reconstruction de l'après-guerre, l'instabilité des gouvernements de la IVe République et l'élaboration d'une nouvelle Constitution mobilisent l'attention du gouvernement comme de l'opinion publique qui est, sinon hostile, du moins indifférente à une intervention en Extrême-Orient.
La guerre d'Indochine est un événement lointain, et elle devient vite pour certains une « guerre qui n'ose pas dire son nom », voire une « sale guerre » – la décision de ne pas publier au Journal officiel les citations obtenues par les soldats d'Indochine confirme l'embarras des gouvernements de l'époque. Ce désintérêt de la métropole pour les événements d'Indochine est l'une des causes principales de la démoralisation des militaires engagés contre le Viêt-Minh.
2.3. D’une guerre coloniale à un conflit international
La théorie des dominos
Après avoir écarté le Guomindang chinois du Nord, le gouvernement français a dû faire face à une relative hostilité des États-Unis qui, par anticolonialisme, soutenaient la formation de l’armée viêt-minh. Mais, à partir de 1949-1950, la guerre d'Indochine devient l’un des théâtres de la guerre froide, les grandes puissances – Union soviétique et États-Unis – s'y affrontant par alliés interposés.
Tandis que le Viêt-minh peut compter, à partir de 1949, sur l'aide de la Chine maoïste vainqueur du Guomindang, elle-même soutenue par l'Union soviétique, la France parvient à modifier l'attitude américaine en s'appuyant sur la « théorie des dominos » – selon laquelle l'expansionnisme soviétique fait tomber une à une, comme des dominos, les régions proches des pays que contrôlent les communistes – pour prôner activement l'« endiguement » (containment en anglais) de l'« impérialisme stalinien »
Le soutien américain à la France
Or, cette politique d'endiguement coûte cher, et la France affirme ne pouvoir se livrer seule à cette croisade d'un nouveau genre contre l'ennemi commun des démocraties occidentales, ce qui lui permet d'obtenir une importante aide américaine ; en 1953, les dépenses consacrées à l'Indochine se montent à 285 milliards de francs pour la France, 35 milliards pour les États associés (Viêt Nam, Laos et Cambodge), et 269 milliards pour les États-Unis (119 milliards d'aide militaire et 150 milliards d'aide financière).
3. La guerre d'Indochine : opérations militaires (1946-1954)
3.1. Conditions générales
Les forces en présence
Le Corps expéditionnaire français d'Extrême-Orient (CEFEO) se compose uniquement de soldats de métier, légionnaires, tirailleurs nord-africains, infanterie coloniale, parachutistes, quelques unités blindées et d'artillerie, forces aériennes ; il aligne quelque 250 000 hommes, auxquels il faut ajouter un nombre à peu près égal de soldats des « armées associées » du Laos, du Cambodge et du Viêt Nam – dans la pratique, cependant, une petite part seulement de ces troupes est opérationnelle. Le matériel, moderne et abondant, se révèle peu adapté au type de guerre mené par le Viêt-minh.
Celui-ci développe en effet une pratique de la guérilla largement inspirée des idées de Mao Zedong. Il s'agit d'opposer à une armée coloniale, selon le mot de Vô Nguyên Giap, le stratège du Viêt-minh, « une armée du peuple », qui pratique une guerre d'un type nouveau, auquel n’est pas préparée l'armée française. Les forces combattantes du Viêt-minh parviennent à réunir au moins 350 000 hommes, dont 125 000 combattants réguliers répartis dans neuf divisions, y compris une division blindée lourde.
Une guerre sans front
La guerre d'Indochine est d'abord une guerre sans front, dans laquelle jouent un rôle à la fois la population et les forces régulières du Viêt-minh. Ces dernières sont constituées de petits groupes d'hommes, agissant dans les zones montagneuses propices aux embuscades et aux pièges divers, qui blessent les soldats et les démoralisent, ainsi que de troupes importantes dans les plaines côtières, zones les plus riches du pays, où le Viêt-minh cherche, outre du ravitaillement, de l'argent, par le biais de l'impôt révolutionnaire.
Une guerre psychologique
La tactique est d'abord celle de la guérilla, fondée à la fois sur la surprise et sur la concentration d'un nombre d'hommes important qui se dispersent aussitôt leur attaque menée, exploitant la sympathie de la population locale grâce à un travail politique fondé sur la persuasion mais aussi sur la contrainte. Les Français se préoccupent d'ailleurs de contrer la propagande du Viêt-minh, et envoient sur place des officiers spécialisés dans la stratégie révolutionnaire et la contre-propagande, comme le colonel Lacheroy. Quant à la torture, si elle n’a pas été aussi généralisée que durant la guerre d’Algérie, elle n’a pas non plus été l’exception.
Selon les rapports officiels, 288 Français et 1 373 légionnaires ont déserté au cours de la guerre pour des raisons idéologiques, certains rejoignant le Viêt-minh. L’affaire Boudarel, du nom de cet universitaire parisien dénoncé en 1991 (et finalement relaxé) comme propagandiste du Viêt-minh par d’anciens combattants du CEFEO a attiré l’attention sur ces cas de figure singuliers.
3.2. Les grandes phases du conflit
Les généraux en chef en Indochine changent souvent – Leclerc, Valluy, de Lattre, Salan, Blaizot, Carpentier… –, sans que l'efficacité de leur stratégie militaire leur permette de venir à bout du Viêt-minh.
De la guérilla à l’élargissement du conflit (1946-1950)
Si l'armée française semble alors avoir la maîtrise d’une grande partie du pays, le calme n'est qu'apparent, le Viêt-minh se livrant à de nombreuses attaques nocturnes de postes isolés. Dès 1947, malgré les offensives du général Valluy, des régions entières passent sous le contrôle d'Hô Chi Minh. À partir de 1948, la France commence néanmoins à renforcer ses effectifs. Cependant, la victoire de Mao Zedong en Chine (1949), l'arrivée de ses troupes à la frontière du Tonkin et du Laos et le déclenchement de la guerre de Corée (juin 1950) portent le conflit sur le plan international : les Français doivent évacuer, dans des conditions désastreuses, leurs garnisons de la frontière chinoise (Lang Son, Cao Bang).
L’embellie de Lattre (1950-1951)
Envoyé avec les pleins pouvoirs, de Lattre réussit un rétablissement spectaculaire en brisant successivement trois offensives contre le delta et obtient l'appui des forces vietnamiennes mobilisées par le gouvernement fantoche de Bao Dai, reconnu par l’accord du 8 mars 1949 comme chef de l’« État du Viêt Nam » associé à la France dans le cadre de l’Union française.
Les Français remportent les batailles défensives de Vinh-Yen (janvier 1951), au cours de laquelle sont utilisés des bombardements au napalm, et de Dong-Trieu (mars 1951), puis de Lattre cherche à isoler du reste du pays la région la plus prospère, le delta du fleuve Rouge. Mais, atteint d’un cancer et éprouvé par la mort de son fils unique en Indochine, le général en chef est rapatrié en France, hospitalisé à la fin de 1951 – et meurt le 11 janvier 1952.
De Salan à Navarre (1952-1953)
Le successeur de de Lattre, Salan, élimine en 1952 les infiltrations dans le delta, bloque, à Na Sam, une attaque de Giáp contre le Tonkin (novembre-décembre 1952) et fait échouer un raid contre le Laos (avril-mai 1953).
Le général Navarre succède à Salan en 1953. À ce moment-là, les conditions militaires se sont aggravées pour l'armée française, dont les effectifs sont désormais nettement inférieurs à ceux du Viêt-minh, qui domine une grande moitié nord du pays, à l'exception de Hanoi et de Haiphong, et est solidement infiltré dans le delta du fleuve Rouge où il contrôle environ 5 000 villages sur 7 000. Le nouveau général en chef prévoit de chercher à contenir l'adversaire jusqu'à ce que les armées locales formées par la France prennent la relève du corps expéditionnaire.
3.3. Diên Biên Phu (1954)
Un enjeu décisif
Le Viêt-minh cherchant alors à s'emparer de Luang Prabang, au Laos, les Français veulent s'assurer une base proche du Laos pour gêner les communications de l'ennemi. Navarre décide de créer un point de fixation en faisant occuper le site de Diên Biên Phu – une cuvette dénudée d'environ 18 km sur 10, entourée de montagnes boisées, située près de la frontière avec le Laos, à environ 320 km d'Hanoi. L'opération est baptisée Atlante. Le gouvernement français espère y remporter un succès face au Viêt-minh pour aborder en position de force les négociations de paix ouvertes à Genève le 8 mai. Cependant, pour le Viêt-minh, l'enjeu est identique, et Diên Biên Phu, qui aurait pu n'être qu'une simple bataille parmi d'autres puisqu'une part minime des effectifs français y est engagée, va décider du sort de la guerre.
Un choix stratégique discutable
Dotée de deux aérodromes, cette ancienne base aérienne utilisée par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale compte rapidement 11 000 hommes puis 15 000 après que des renforts y sont parachutés, mais il apparaît que son ravitaillement est aléatoire : les terrains d'aviation sont à découvert, alors que les forces du Viêt-minh, elles, peuvent avancer la nuit masquées par les forêts environnantes. Le camp de Diên Biên Phu se retrouve encerclé, entièrement dépendant d'un ravitaillement aérien qui ne peut plus être que parachuté, les terrains d'aviation ayant été rendus inutilisables et le commandement français ayant sous-estimé la DCA de son adversaire.
En effet, alors que les Français jugeaient impossible une concentration importante de forces du Viêt-minh, celui-ci réussit au contraire un tour de force logistique : des armes lourdes, des canons antiaériens – en pièces détachées – et des milliers d'armes automatiques sont amenés par ses combattants et des porteurs à travers la jungle, à pied ou en bicyclette. On peut estimer que les Viêt-minh dispose ainsi, tout autour de Diên Biên Phu, de quelque 55 000 combattants bien armés et ravitaillés.
Le siège et la chute du camp (13 mars-6 mai 1954)
Les Français établissent un certain nombre de postes avancés qui reçoivent des prénoms féminins, et qui tombent les uns après les autres aux mains du Viêt-minh : Béatrice dans la nuit du 13 au 14 mars 1954, qui marque le début du siège, Gabrielle le lendemain, puis Anne-Marie, Isabelle… Un moment, il est envisagé de dégager la position grâce à des bombardements massifs effectués par les Américains (opération Vautour), mais ce projet n'a pas de suite, les États-Unis craignant de s’engager dans une nouvelle guerre de Corée. L'assaut final a lieu le 6 mai 1954 ; il coûte la vie à 4 500 soldats français et à 8 500 combattants du Viêt-minh. Le colonel de Castries, commandant du camp retranché, se rend le 7 mai à 17 h 30.
Pour en savoir plus, voir l'article bataille de Diên Biên Phu.
4. La fin de la guerre (1954)
4.1. La conférence de Genève
Les pourparlers d'armistice s’engagent le 28 juin dans le cadre de la conférence de Genève. Le gouvernement français cherche ouvertement à se sortir du piège indochinois et a signé quelques jours plus tôt, le 28 avril, un traité avec le Viêt Nam du Sud, lui accordant « l'indépendance et la souveraineté pleine et entière ».
Participent à la conférence de Genève la France, les États-Unis, l'Union soviétique, la Grande-Bretagne, la Chine, le Laos, le Cambodge, le Viêt Namdu Sud et la République démocratique du Viêt Nam – ou « Viêt Nam du Nord » –, dont la délégation est dirigée par Pham Van Dong.
4.2. Les négociations
En France, le gouvernement Laniel a été renversé le 12 juin et remplacé par le gouvernement Mendès-France, lequel, afin de recevoir l'investiture, s'est engagé à conclure la guerre d'Indochine avant la mi-juillet. De son côté, le Viêt-minh modère ses exigences, sous la pression conjuguée de la Chine et de l'Union soviétique, et Pham Van Dong accepte l'idée de la partition du Viêt Nam – les négociations portent dès lors sur la ligne de division du pays, 13e parallèle selon Pham Van Dong, 18e parallèle selon les Français.
4.3. Les accords de Genève (21 juillet 1954)
Les discussions aboutissent le 21 juillet à un accord séparant le Viêt Nam en deux zones, de part et d'autre du 17e parallèle. Des élections doivent être organisées dans les deux Viêt Nam, au Laos et au Cambodge avant juillet 1956 ; les Français disposent d'un délai de trois cents jours pour évacuer leurs troupes, tandis que le Viêt-minh doit évacuer le Cambodge et le Laos. Les Vietnamiens ont un délai pour choisir entre le Sud et le Nord. En France, l'Assemblée nationale vote le texte à une très forte majorité, tandis qu'à Saigon, Diêm, chef du gouvernement du Viêt Nam du Sud depuis le 16 juin, proteste contre la partition de son pays.
4.4. Bilan de la guerre
Le bilan officiel de la guerre d'Indochine se chiffre à 20 000 morts français, 11 000 légionnaires, 15 000 Africains et 46 000 Indochinois ; 1 900 officiers français, dont deux généraux, ont trouvé la mort au Viêt Nam. Il convient d'ajouter à ces chiffres le nombre de prisonniers de l'armée française qui moururent durant leur captivité, qui reste inconnu. Le Viêt-minh enregistra sans doute des pertes cinq fois supérieures, soit 500 000 individus. Au total, on estime qu'environ 600 000 personnes – militaires et civils – ont trouvé la mort durant ce conflit.
La partition du pays laissait la question indochinoise ouverte. À partir de 1956, les Français passaient le relais aux Américains et, sans coup d’envoi officiel, la guerre du Viêt Nam commençait, pour ne prendre fin qu’en 1975.