bataille de Diên Biên Phu (novembre 1953-mai 1954)
Bataille décisive de la guerre d'Indochine qui mit aux prises, dans le haut Tonkin, une importante garnison française et le corps de bataille Viêt-minh.
1. Un site stratégique : le plan Navarre
La cuvette de Diên Biên Phu présente un intérêt stratégique certain, du fait de la présence d'un aérodrome en son centre ; sa situation près de la frontière du Laos contrôle, en outre, le principal itinéraire terrestre entre le delta tonkinois et le Mékong.
Dans la conception stratégique du général Navarre pour améliorer la situation française avant d'engager des négociations de paix, l'effort principal franco-vietnamien est prévu dans le sud de l'Annam (opération Atlante).
Comme Na Sam l'année précédente, Diên Biên Phu est choisi comme action secondaire de fixation des forces adverses pour les empêcher d'envahir le Laos. Bien qu'il ait appris qu'il n'obtiendrait pas de la métropole les renforts demandés et malgré la faiblesse relative de son aviation (67 Dakotas disponibles), le général Navarre déclenche le 20 novembre l'opération aéroportée Castor, qui s'empare de Diên Biên Phu.
2. Une bataille logistique
Un pont aérien permet l'aménagement d'un camp retranché pour environ 10 000 hommes, constitué de centres de résistance (CR) de bataillons assurant la protection lointaine et rapprochée de la piste d'aviation, dont dépendent étroitement renforts et ravitaillement ; au total 12 bataillons d'infanterie, 24 canons de 105 mm, 4 de 155 mm et une dizaine de chars moyens commandés par le colonel de Castries.
Du côté viêt-minh, le général Vô Nguyên Giap, d'abord réticent, prend, au début de décembre, pour des raisons politico-stratégiques, la décision de faire de Diên Biên Phu la bataille décisive et d'y consacrer le maximum de ses moyens. Grâce à une véritable mobilisation populaire de 75 000 coolies, il réussit à concentrer et à ravitailler, pour une bataille de 56 jours, 4 divisions d'infanterie et 1 division lourde comportant 24 canons de 105 mm ainsi qu'une forte artillerie antiaérienne ; au total 100 000 hommes, à une distance de 5 à 600 km de leurs bases et avec un seul axe routier.
3. La tactique de la guérilla
Dès le 20 janvier 1954, le corps de bataille viêt-minh en entier est au contact et entreprend les travaux de siège, en particulier la mise sous abri de chaque pièce d'artillerie pour déjouer la contre-batterie. Le 18 février, quand est annoncée la conférence de Genève, prévue le 25 avril pour tenter de mettre fin au conflit, les préparatifs sont presque achevés. La tactique utilisée est très classique : attaquer de nuit, à dix contre un, chaque CR l'un après l'autre, après une préparation d'artillerie massive et une approche d'infanterie par boyaux et tranchées. Les 13 et 14 mars, deux CR du Nord sont enlevés dans la nuit, le troisième tombe le 16. Dans chaque cas, l'artillerie viêt-minh, par des coups au but, a mis hors de combat le poste de commandement du CR et empêché des contre-attaques d'ensemble.
4. Assaut final et bilan
La contre-batterie française se révèle inefficace et, dès lors, le sort du camp retranché est scellé, l'indispensable piste d'aviation devenant bientôt inutilisable. Malgré le parachutage de renforts, les exploits des combattants franco-vietnamiens et nord-africains, avec une aviation insuffisante et sévèrement attaquée du sol, les troupes françaises, décimées et à bout de ressource, ne peuvent résister à l'assaut général Giap du 7 mai 1954.
Sur les 16 000 Français engagés, 8 000 seront mis hors de combat, dont 1 700 morts, 1 600 disparus et 4 800 blessés. 4 000 seulement des 8 000 prisonniers reviendront des camps viêt-minh. Ces derniers ont également subi de très lourdes pertes. Sur les 60 000 hommes engagés, 20 à 30 000 seront mis hors de combat, dont 10 000 tués
Pour en savoir plus, voir l'article guerre d'Indochine.