Tonkin ou Bac Bô
Région du nord du Viêt Nam.
Le Tonkin correspond à la plaine du Sông Koi (fleuve Rouge) et aux montagnes qui l'entourent. Ses limites sont celles du rayonnement historique des Vietnamiens à partir du delta du fleuve Rouge.
GÉOGRAPHIE
La partie vitale est le delta, très densément peuplé et intensément mis en valeur, grâce à des travaux d'endiguement (depuis le xe siècle), d'irrigation (développée par la France). Le riz occupe les deux tiers des surfaces cultivées de la plaine. Les montagnes périphériques, copieusement arrosées, souvent forestières, sont le domaine de peuples non vietnamiens (Mans, Miaos).
HISTOIRE
La région est occupée dès la fin du paléolithique. Le peuple vietnamien se constitue peu à peu dans le delta, consacré à la riziculture, laissant les hauteurs aux Thaïs, Mans et Miaos.
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1. Des origines au XIXe siècle
Le général chinois Zhao Tuo (en vietnamien Triêu Da) fonde vers 208 avant J.-C. le royaume de Nam Viêt comprenant le Guanxi, le Guandong, le delta du fleuve Rouge et le Nord-Annam. La région est conquise par la Chine (111 avant J.-C.), qui introduit sa civilisation. Devenu indépendant (939), le pays, appelé Dai Co Viêt (968), plus tard Dai Viêt (1054), formé du Tonkin et du Nord-Annam, entreprend de s'étendre vers le sud aux dépens du Champa. Il sera jusqu'à la naissance du Viêt Nam (1802) le centre de gravité politique du pays.
Dès le xviie siècle, le Tonkin est fréquenté par des marchands portugais, néerlandais et anglais. Il est évangélisé par les jésuites, comme Alexandre de Rhodes (1624-1645), puis par des Pères des Missions étrangères. Malgré les persécutions, de solides communautés chrétiennes se forment.
2. xixe-xxe siècles
Au xixe siècle, la région est troublée par l'agitation des partisans de la dynastie des Lê, des chrétiens, par les interventions des irréguliers chinois, Pavillons-Noirs ou Pavillons-Jaunes, ainsi que par les initiatives des mandarins peu soumis aux ordres de Huê. Les démêlés entre le trafiquant d'armes Jean Dupuis, ravitaillant l'armée chinoise du Yunnan, et les autorités provoquent l'intervention de Francis Garnier, qui prend Hanoi, mais est tué par les Pavillons-Noirs (1873).
Le traité de 1874 ouvrant Hanoi, Haiphong et Qui Nhon aux Français n'est pas respecté. Le capitaine de vaisseau Henri Rivière occupe Hanoi (avril 1882), puis périt à son tour (mai 1883). La France impose son protectorat au Viêt Nam avec des résidents au Tonkin. Mais le corps expéditionnaire se heurte aux soldats et aux irréguliers chinois. Après les deux traités de Tianjin (11 mai 1884 et 9 juin 1885) et malgré son succès de Lang Son, la Chine reconnaît le protectorat. Il faut de longues années pour pacifier le pays.
Doumer établit l'administration directe en 1897. Le régime colonial développe les rizières et l'industrie, construit la voie ferrée du Yunnan, exploite les mines de charbon de Hon Gai.
Le Tonkin, très peuplé, aux conditions de vie difficiles, connaît une agitation révolutionnaire (soulèvement de Yên Bai, 1930) sévèrement réprimée. Les Japonais s'y font céder des bases dès 1940 et rattachent le pays au Viêt Nam indépendant en mars 1945. Occupé par les Chinois (septembre 1945-avril 1946), libéré par le général Leclerc, il devient de décembre 1946 à juillet 1954 le terrain principal de la lutte entre la France et le Viêt-minh, puis le centre de la République démocratique du Viêt Nam.
Pour en savoir plus, voir l'article Viêt Nam : histoire.