D'une façon générale, les entreprises tendent à favoriser la consolidation de leurs activités, plutôt que leur diversification, en se séparant de certaines branches jugées trop éloignées de leur « métier » d'origine ou principal. Ce souci, qui est partagé par les entreprises industrielles et par les autres (banques, sociétés), s'explique par la nette dégradation de leurs résultats d'exploitation et par celle de la situation de leur trésorerie. En effet, si l'on excepte les firmes américaines devenues supercompétitives grâce à la baisse du dollar, les profits des sociétés de tous les pays industrialisés se sont tassés, consécutivement au ralentissement de l'activité économique provoqué par la crise du Golfe.

Gilbert Rullière

Distribution

En France, au cours de ces dernières années, la grande distribution a fait preuve de beaucoup de dynamisme. Ainsi, dans l'agroalimentaire, les grandes surfaces de vente sont parvenues à distribuer près de 50 % de la nourriture consommée. Toutefois, les hypermarchés ont cherché à sortir de l'épicerie : en effet, à chaque poste important des budgets des ménages correspond maintenant une formule d'hypermarchés spécialisés, comme ceux du jouet (Toy), de l'automobile (Eldorauto) ou de l'enfant (Mikaland).

En quelques années, cette forme de distribution a vu sa part de marché atteindre 30 % ; cependant, malgré ce succès, il est apparu en 1990 que la croissance de la grande distribution était achevée. Avec un parc de 800 hypermarchés, les besoins sont très largement couverts. Devant la saturation des marchés, les grands groupes de distribution ont donc été amenés à adopter d'autres stratégies de développement.

Afin d'améliorer leur rentabilité plutôt faible (guère plus de 1 % de marge bénéficiaire nette en moyenne, contre 5 % à 6 % pour les grands magasins britanniques), les enseignes françaises se sont engagées dans une politique de regroupement afin d'atteindre la taille critique. Ainsi, pour renforcer sa puissance d'achat et pour renouveler en même temps ses méthodes de gestion, Casino n'a pas hésité à conclure un accord d'envergure avec le numéro un néerlandais, Royal Ahold, et avec le numéro quatre britannique, ARGYLL, donnant naissance à un géant de la distribution (4 000 magasins en Europe et 430 aux États-Unis).

Au-delà de ces regroupements, certains grands distributeurs cherchent toujours à s'implanter à l'étranger. À l'heure actuelle, seul le sud de l'Europe a été bien pénétré. Par exemple, en Espagne, les groupes français sont leaders derrière le numéro un espagnol, El Corte Ingles. Carrefour y est très bien représenté avec 25 magasins à l'enseigne PRYCA.

Gilbert Rullière

Énergie

Au début de l'année, une hausse importante, liée principalement aux aléas climatiques de l'hiver 1989-1990, est intervenue. Au printemps, les prix du pétrole ont chuté, du fait d'un radoucissement du climat et du maintien d'une surproduction notoire de la part de certains pays de l'OPEP. Au début de l'été, entre la baisse du prix du baril et celle du dollar, les pays riches ont acheté le pétrole le moins cher depuis 20 ans.

Le prix du pétrole s'est brusquement redressé en juillet avant de s'envoler en août au moment de l'invasion du Koweït. Mais ce redressement des cours s'explique aussi par le succès de la réunion semestrielle des pays de l'OPEP : quotas de production portés à 22,5 millions de barils par jour et prix du baril relevé de 18 à 21 dollars. L'entente ainsi réalisée traduisait le retour à une politique des prix de la part de producteurs cherchant à alléger leur dette extérieure (Irak, Iran) et la volonté de mieux adapter les plafonds de production à l'évolution saisonnière de la demande.

Sous la pression de l'Irak, les marchés avaient d'ailleurs anticipé ce résultat : le prix du baril Brent de la mer du Nord était passé d'une moyenne de 15/16 dollars en juin à plus de 20 dollars à la fin de juillet. L'invasion du Koweït et l'embargo commercial décrété à l'encontre de l'Irak ont propulsé le prix du brut à plus de 38 dollars au mois d'août. Par la suite, le risque de guerre et la tension entretenue dans la région ont maintenu le prix du brut à un niveau élevé (30 à 35 dollars). En même temps, la spéculation sur le pétrole était encouragée par l'utilisation de sommes qui provenaient des marchés boursiers, entraînant notamment la chute de ces derniers.