Déjà, les banques ne veulent plus prêter. Leurs opérations de réduction de la dette effectuées dans le cadre du plan Brady sont encore d'ampleur limitée et ne concernent que le Mexique, le Costa Rica, les Philippines et le Venezuela. Les créanciers publics ont pris une importance croissante, mais l'idée d'étendre la réduction de la dette des pays à bas revenus aux pays à revenus intermédiaires, conformément aux souhaits de 26 pays latino-américains, tarde à se concrétiser, à de rares exceptions près comme celle de la France lors du sommet franco-africain de La Baule en juin. Aussi les transferts nets de capitaux du Sud au Nord continuent-ils de l'emporter et l'Aide Publique au Développement (APD) ne représente-t-elle que 0,33 % du PNB des pays riches. L'attribution de cette aide est de plus en plus souvent liée à l'évolution des pays vers le libéralisme économique et la démocratie de type occidental.

Le tiers-monde serait également la principale victime d'un éventuel troisième choc pétrolier. Déjà, les pays importateurs de pétrole sont affectés par la hausse du prix du baril (18 dollars en 1989 ; autour de 30 dollars fin 1990), par les retombées de l'embargo sur le brut koweïtien et irakien (en premier lieu la Jordanie, l'Égypte et la Turquie) et par le ralentissement de la croissance dans les pays riches. Des moyens financiers supplémentaires sont mis à leur disposition pour y faire face.

Le développement manqué s'explique tant par la faute des gouvernements que par celle des Occidentaux. En mai, la session de l'ONU sur la coopération économique internationale a fixé comme principaux objectifs de l'actuelle décennie la relance de la croissance économique et le développement social des pays surdéveloppés. Pour sa part, la Banque mondiale a mis l'accent sur les indicateurs sociaux (éducation, santé, planning familial, nutrition) tout en réaffirmant la confiance qu'elle avait placée dans les politiques d'ajustement structurel. Le FMI presse les pays endettés d'assainir leur gestion et pose comme préalable à tout accord le règlement des arriérés de paiement (Pérou, Brésil).

Dominique Colson

Banque

Une concurrence effrénée, la recherche de solutions et une attitude constructive face à de graves problèmes sociaux, telles sont les caractéristiques du comportement des banques françaises en 1990.

La concurrence interbancaire aura atteint, sinon dépassé, les limites du raisonnable. D'une part, dans un environnement mondial où l'épargne est, il est vrai, fort bien traitée, en offrant à leur clientèle des actions de SICAV de trésorerie bénéficiant de rémunérations élevées, d'une absence de risque et d'imposition ainsi que d'une liquidité (ou disponibilité) parfaite, les banques en sont arrivées à réduire, dans des proportions importantes, le volume des ressources qui leur sont confiées en propre, pour les emprunter à ces trop fameuses SICAV, et cela au taux du marché monétaire... D'autre part, beaucoup trop préoccupées là aussi par leurs parts de marché, les banques se sont livrées à une guerre sans merci sur le coût du crédit, allant même parfois jusqu'à prêter moins cher à long terme à des particuliers qu'à l'État, alors que les concours consentis à celui-ci ne comportent ni risque ni frais de gestion... À force de payer très cher les ressources empruntées et de vendre le crédit bon marché, les banques ont vu, comme dans d'autres pays, leurs marges bénéficiaires se laminer.

Un concours constructif

Face à cette situation, elles réagissent, d'une part, en restructurant leurs réseaux, en réduisant lentement mais de façon continue leurs effectifs, en recourant de plus en plus au contrôle de gestion ; d'autre part, en essayant de desserrer les freins de leur adaptation, notamment en développant la formation continue et en s'efforçant d'obtenir de leurs partenaires sociaux la modernisation d'une convention collective qui date manifestement d'un autre âge ; enfin, en exerçant une pression sur l'État afin qu'il réduise les monopoles, tel le livret bleu du Crédit mutuel, ou qu'il s'abstienne d'en créer de nouveaux (distribution du crédit aux guichets postaux).