Le point sur...

Finances internationales

Le rôle des marchés financiers s'est considérablement affaibli au commencement de l'année 1990, au moment même où l'on entrait dans une ère d'instabilité prononcée. Pour beaucoup d'observateurs, ces événements traduisaient la fin de la prédominance de la sphère financière sur la sphère réelle.

C'est principalement l'effondrement du marché américain des junk bonds (obligations « pourries » ou de « pacotille ») qui a été tenu pour responsable de l'affaiblissement de Wall Street, premier marché financier mondial. Ces junk bonds sont apparus à la fin des années 1970. Il s'agit en fait d'une technique qui réactualise une pratique aussi vieille que l'endettement : plus un emprunteur est douteux et plus le taux d'intérêt qu'il doit verser est élevé. Cette opération rapporte énormément, à condition que le taux d'intérêt soit calculé de façon telle que le risque soit compensé sans pour autant que la capacité de l'emprunteur à rembourser soit obérée. La firme d'investissement américaine Drexel Burnham Lambert s'est spécialisée dans ce type de prêts, qui permet à des entreprises de seconde signature ou aux « anges déchus » (grandes entreprises en proie à de grosses difficultés financières) d'emprunter sur les marchés financiers.

Les raiders ont également fait appel à cette technique pour financer les offres publiques d'achat lancées contre les firmes potentiellement « opéables », ce qui avait d'ailleurs contribué à la reprise de Wall Street après le krach d'octobre 1987. À la suite de l'échec de la très grande OPA lancée en octobre 1989 sur United Airlines, la firme Drexel a été mise en difficultés et a manqué de liquidités. Au début de 1990, elle a donc été obligée de céder à moindre prix une grande partie de ses avoirs. De lourdes pertes en ont résulté pour les compagnies d'assurances, les firmes d'investissement (retraite) et les caisses d'épargne, c'est-à-dire pour les principaux investisseurs de ce marché. Cet effondrement, qui a détourné les épargnants des marchés financiers, a contraint les banques à éviter les placements spéculatifs. De la sorte, la hausse des cours s'est trouvée ralentie.

Quant à l'instabilité des marchés qui a duré toute l'année, elle est due principalement aux réactions des places financières perturbées par l'incertitude sur l'évolution des taux d'intérêt (trop souvent en hausse), sur celle des monnaies (dont les variations sont trop souvent erratiques) et sur celle des situations ou des crises politiques.

Ainsi, alors qu'à la fin décembre 1989 le Nikkei atteignait le niveau record de 38 915,87 points, soit une hausse de 29,05 %, et que la capitalisation de Tokyo Stock Exchange dépassait les 600 000 milliards de yens (25 600 milliards de francs, soit 45 % de la capitalisation mondiale), l'annonce, le 5 janvier 1990, par M. Gorbatchev de l'annulation de ses rencontres avec les responsables étrangers pour mieux se consacrer à la situation intérieure de son pays, ainsi que les perspectives d'élections générales au Japon et de l'intervention des troupes soviétiques en Azerbaïdjan le 15 janvier ont entraîné la plus forte chute des cours depuis 1987 (3,5 %) à la Bourse de Tokyo, en deux séances, les 15 et 16 janvier. Ce recul a été accompagné d'un fléchissement du yen, d'une baisse du cours des obligations et d'une hausse des taux d'intérêt.

Depuis lors, l'envolée quasi continue des cours était terminée. La confirmation est venue par la suite : avec la crise du Golfe, les réactions des investisseurs, incapables d'anticiper une évolution aussi imprévisible et remplie d'inconnues (risques d'inflation, de récession, de guerre), expliquent les baisses considérables survenues sur toutes les places financières du monde le 6 août. Ce jour-là, Hongkong a perdu 7,14 %, Tokyo 3,1 %, Paris 5,12 %, et New York 3,32 %. Jusqu'à la fin de l'année, la stabilité a été de règle, avec l'alternance de baisses et de hausses tant sur les valeurs mobilières que sur le dollar.

Gilbert Rullière

Commerce international

Selon le rapport annuel du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), les échanges internationaux auront augmenté de 6 % en volume en 1990 (contre 7 % en 1989).