Véritable « globe-trotter de l'Évangile », Jean-Paul II reprend dès le printemps « la route de la Bonn Nouvelle », qui le conduit d'abord, du 7 au 19 mai, et pour la neuvième fois en Amérique latine, où l'Église est toujours affrontée au dilemme d'une double dénonciation : celle d'une dichotomie sociale scandaleuse ; celle d'une « théologie de la libération » qu serait encline à emprunter ses schéma au marxisme. En Uruguay, au Paraguay, en Bolivie, le pape répète que pour l'Église, la libération des opprimés est une rédemption à la fois matérielle et spirituelle ; elle ne passe pas par une politique partisane et violente.

Du 12 au 20 septembre, Jean-Paul II rend visite à cinq pays de l'Afrique australe particulièrement touchés par la misère ou la guerre : le Botswana, le Lesotho, le Swaziland, le Mozambique, le Zimbabwe. En rappelant que l'Église condamne toute violence, il profite de son passage inopiné en Afrique du Sud pour rappeler que l'apartheid est un système de discrimination sociale, économique et politique, qui a pour antidotes la justice distributive et l'égalité dans l'amour fraternel.

Quant à son voyage en Alsace et en Lorraine (8-19 octobre), il est résolument « européen » ; le souverain pontife choisit la tribune du Parlement de Strasbourg pour lancer un appel pathétique et sévère aux habitants du Vieux Continent, que la recherche du confort matériel semble détourner de leur vocation historique de « porteurs d'Évangile ».

Enfin, l'année catholique a été également marquée par le quadruple sacre auquel Mgr Marcel Lefebvre a procédé le 30 juin à Écône (Suisse), sans avoir obtenu l'autorisation préalable de Rome.

Anglicanisme

La 12e Conférence de Lambeth, qui, du 16 juillet au 7 août, réunit à Canterbury 525 évêques de la Communion anglicane (70 millions de fidèles), est affrontée à la question de l'ordination épiscopale des femmes. Après des débats parfois houleux, celle-ci est acquise par 423 voix contre 28 et 19 abstentions. Cette décision, qui est porteuse de tensions au sein de l'anglicanisme, constitue un obstacle de taille au rapprochement avec l'Église romaine, résolument opposée au sacerdoce des femmes.

Orthodoxie

Du 4 au 6 juin, à Moscou et dans plusieurs grandes villes d'URSS, se déroulent les cérémonies du millénaire de l'évangélisation de la Russie. Événement significatif : Rome est représentée à ces fêtes par le plus proche collaborateur du pape, le cardinal Agostino Casaroli, secrétaire d'État, qui, le 13 juin, est reçu par M. Gorbatchev. Auparavant, dans sa lettre apostolique Euntes in mundum (22 mars), Jean-Paul II, tout en envoyant « à l'Église sœur millénaire le baiser de paix comme manifestation de son ardent désir de communion parfaite », avait rappelé avec solennité que le christianisme fait partie du patrimoine commun de tous les Européens, y compris ceux de l'Europe de l'Est.

Le souverain pontife souhaite que la « perestroïka » offre aux chrétiens soviétiques de nouveaux espaces de liberté. Mais il ne cache pas que l'un de ses principaux soucis est le statut des catholiques d'Ukraine, que ni l'Église orthodoxe russe ni le gouvernement soviétique ne semblent vouloir prendre en considération.

Pierre Pierrard

Population

En France, le niveau de la natalité et celui de la nuptialité sont restés stables en 1988. Si la fécondité (1,82 enfant par femme) reste insuffisante pour « renouveler les générations », elle demeure nettement supérieure à celle que l'on peut constater, en particulier, en Allemagne fédérale et surtout en Italie, où elle est la plus basse du monde (moins de 1,30).

La mortalité a suscité des mouvements divers. À la fin de l'année, les médias ont annoncé que le SIDA provoquerait un nombre de décès égal à celui, particulièrement élevé en France, des accidents de la route. Les démographes ont fait savoir que, toutes causes confondues, il n'y eut jamais si peu de décès qu'en 1987. Avec le Japon, la Suède et les Pays-Bas, la France est l'un des pays où les femmes vivent en moyenne plus de 80 ans (80,3). Quant aux hommes, ils en sont encore à une moyenne de 72 ans (l'alcoolisme...).