La course à l'audience est devenue effrénée. Ses premières conséquences ont été la crise de l'audiovisuel public et les grèves qui ont éclaté à l'automne. En recrutant la présentatrice Christine Ockrent à un salaire dix fois supérieur aux émoluments moyens d'un journaliste, A2 a provoqué l'explosion et révélé la criante disparité des moyens entre les secteurs public et privé. Le budget de TF1 est le double de celui d'A2, et l'augmentation de la redevance ne permettra même pas de combler l'écart. Mais la crise marque aussi la difficulté pour le service public de définir clairement ses missions. La recherche du profit a entraîné un gonflement du temps consacré à la publicité : 2′ 14 en moyenne horaire quotidienne sur TF1 ; 1′ sur A2 ; 53″ sur FR3.

Le cinéma est devenu le premier producteur de programmes télévisés. Au premier semestre, 500 longs métrages environ ont été diffusés sur les cinq chaînes non cryptées. Les droits de diffusion versés par les télévisions excèdent désormais les recettes d'exploitation des films en salles.

Après avoir permis la réalisation de quatorze projets temporaires de télévision hertzienne locale en 1987, la CNCL n'a accordé que trois autorisations en 1988 : Lyon, Toulouse et Canal-Europe-Mont-Blanc. Le développement du câble est resté stationnaire : 15 % à peine des foyers équipés sont concernés. La télévision par satellite – la Sept – a pris un grand retard, car TDF 1 n'a pu être lancé que le 27 octobre par la fusée Ariane. S'il est compatible avec le standard européen et pourrait l'être avec celui que développent les Américains, il subira la concurrence du standard japonais, déjà opérationnel. La Sept a déjà capitalisé 2 200 heures de programme ; mais les récepteurs ne sont pas équipés pour la télévision directe par satellite.

Sur le marché de la radio, le secteur privé est largement en tête. Les postes périphériques – RTL, Europe 1 et RMC – occupent 45 % du marché national, les RLP (radios locales privées) 34 % et le service public 21 % (CESP, juillet 1988).

Les débats les plus vifs ont porté sur la Commission nationale de la communication et des libertés (CNCL), violemment critiquée par l'opposition socialiste dès sa mise en place. La nomination des P-DG des chaînes publiques a été contestée. La Commission n'a pu imposer au secteur privé le respect des obligations de programme qu'il avait contractées. De son côté, le secteur public n'a pas toujours fait preuve de pluralisme politique. Des soupçons de trafic d'influence ont pesé sur l'un des membres de la Commission. Celle-ci a accompli un important travail, mais elle est marquée par les liens qu'on lui a imputés avec le pouvoir qui l'a créée.

M. François Mitterrand n'avait jamais caché son peu d'estime pour la CNCL. Après que M. Jack Lang eut été nommé ministre de la Culture et de la Communication et Mme Catherine Tasca secrétaire d'État à la Communication, une commission de sept sages a été chargée de réfléchir à la mise en place d'une nouvelle autorité indépendante. Les débats autour de ce projet ont révélé la difficulté pour le pouvoir, et pour la classe politique en général, d'admettre et de défendre une indépendance réelle de l'audiovisuel, service public compris.

Christine Leteinturier

Religions

Église catholique

À l'occasion du vingtième anniversaire de l'encyclique Populorum Progressio, de Paul VI, et dans son prolongement, le pape Jean-Paul II publie, le 19 février, l'encyclique Sollicitudo rei socialis, qui se développe autour de quatre thèmes : il ne peut y avoir d'économie sans respect de l'homme ; le droit à l'initiative économique est trop souvent étouffé, ce qui contribue à élargir le fossé entre le Nord développé et le Sud sous-alimenté ; il est donc nécessaire de promouvoir une civilisation de la solidarité ; si elle n'a pas de solution technique à opposer à la crise actuelle, l'Église, « expert en humanité », apporte une contribution majeure au développement en dénonçant « les structures de péché ».