Seraient-ce les signes annonciateurs de la modernité des années 90 ?

Laurence Beurdeley

Vie pratique

Transports et arts ménagers : dans ces deux domaines, les améliorations apportées à la vie quotidienne ont été nombreuses, mais l'année a surtout été placée sous le signe du téléphone.

À condition d'être branché sur un standard électronique, on peut désormais faire suivre ses communications sur le numéro de son choix, dialoguer à trois sur la même ligne, se faire prévenir par un bip sonore d'un appel urgent, alors qu'on est en cours de conversation. Pour les transports, voici le titre « Formule 1 » (60 F en 2e classe) : un accord RATP-SNCF permet de se promener toute la journée sur les deux réseaux jusqu'à Orly ou Roissy. Sur Minitel, un service 36 15 RATP fournit tous les renseignements, même sur les lignes en grève ! Une carte « Musée », valable un an, cinq ou trois jours, donne libre accès à 60 musées de Paris ou de la région parisienne. Transports compris.

À la maison, les prouesses techniques sont légion. Dans le domaine de la vidéo, le jeu interactif permet d'« entrer » dans l'écran et de tirer sur l'image afin de marquer des points. L'arrivée des « codes barres » facilite la programmation des magnétoscopes à l'aide de la télécommande qui sert de lecteur et de décodeur. Dans le secteur des arts ménagers, citons : un fer à vapeur « autonome », qui fonctionne sans fil et se recharge sur une « semelle » (Moulinex) ; un appareil qui fournit de la vapeur pour décrasser les tapis, les murs ou les vitres, et qui peut aussi décoller le papier peint et repasser (Siltram) ; une machine à laver capable de trier le linge, de choisir le programme approprié et de travailler en silence (Thomson). À noter aussi la généralisation des plaques de cuisson halogènes et des gammes « mini » (fours à micro-ondes, robots à tout faire, épilacires, etc.) et la suprématie des appareils domestiques programmables à l'avance. Nouvellement baptisée, la domotique, qui réunit les techniques utilisées à la maison, progresse à grands pas.

Laurence Beurdeley

Échecs

Cette année encore, Kasparov et Karpov ont survolé les tournois avec une facilité déconcertante.

L'année a véritablement commencé à la fin du mois de janvier avec le tournoi des candidats de Saint John. Parmi les résultats, deux grosses surprises sont à noter : l'élimination de Sokolov par Spragett et celle de Kortchnoï par Hjatarson ; en revanche, les victoires de Portisch sur Vaganian, de Timman sur Salov, de Youssoupov sur Ehlvest, de Short sur Sax et de Speelman sur Seirawan furent conformes à la logique. Karpov s'est joint aux sept joueurs pour participer aux quarts de finale.

En février, Timman a réalisé la meilleure performance de sa carrière en remportant, détaché, le tournoi de Linarès, devant Beliavsky et Youssoupov. Cet exploit a été suivi d'une contre-performance chez lui, à Amsterdam, où il a terminé dernier d'un fort tournoi réunissant quatre joueurs. Short l'a emporté devant Karpov et Ljubojevic.

En avril, le premier tournoi de la coupe du monde a commencé. Cette nouvelle compétition a été créée par l'association des grands maîtres (GMA), présidée par Kasparov. Son but, plus ou moins avoué, est de se substituer à la fédération internationale pour régir à sa place les compétitions. Karpov a remporté ce premier tournoi (la coupe du monde en comptera six, joués sur deux ans) devant Salov ; Ljubojevic, Nunn et Beliavsky ont terminé à la troisième place. Au même moment, à Lyon, le Français Olivier Renet, troisième, a obtenu sa première norme de grand maître.

Pour son premier tournoi depuis le championnat du monde de Séville, Kasparov a écrasé ses adversaires en mai à Amsterdam. À deux reprises, il a battu Karpov en l'emportant avec 9,5 points ; Karpov a été second avec 6,5 points, Timman troisième avec 5,5 points et Van der Wiel dernier avec 3,5 points. Avec une moyenne ELO de 2674, Amsterdam est le plus fort tournoi de tous les temps. Sur sa lancée, le champion du monde a gagné la seconde épreuve de la coupe du monde en juin, à Belfort, devançant Karpov, contre qui il avait pourtant perdu. Ehlvest s'est classé troisième, tandis que Ribli, Hubner, Sokolov et Spassky se partageaient la quatrième place. À Royan, Kortchnoï a gagné devant Zsu, Polgar et Murey. Aucun Français n'est parvenu à faire de norme. Le mois suivant, à Marseille, ils ont eu une nouvelle chance et Kouatly n'a pas raté l'occasion d'obtenir sa seconde norme de grand maître. Plus qu'une et il deviendra le premier Français à remporter ce titre prestigieux. Le vainqueur a été Todorcevic, mais c'est Joël Laurier (15 ans) qui a focalisé l'attention en obtenant le titre de maître international. En août, lors du premier quart de finale des candidats qui s'est joué à Londres, Speelman, à la surprise générale, a éliminé Short par 3,5 points à 1,5.