De son côté, le ministère de l'Éducation nationale devra former, d'ici à 1986, 300 techniciens supérieurs et 200 ingénieurs pour les fabricants de matériel « productique », 3 000 techniciens et 1 500 ingénieurs pour assister les utilisateurs. Enfin, les premiers robots vont faire leur apparition dans les écoles.

Richard Clavaud

Modes

Le « look »

Le propre — ou le négligé — de la mode d'aujourd'hui, c'est qu'il n'y a plus de mode. Le maître mot de la tribu c'est le métissage. Qu'y a-t-il de commun entre les déchirures sophistiquées de créateurs japonais, comme Yohji, Yamamoto, les somptueuses parures d'ombres de Claude Montana, ou la violence feutrée des commandos de Thierry Mugler ? Les uns prônent une austérité de temps de crise, d'autres vont même jusqu'à la parfaite panoplie du survivant d'un holocauste nucléaire, alors que les plus romantiques n'hésitent pas à danser au-dessus du volcan avec falbalas, fanfreluches et chatoiements de toutes les couleurs de la palette « branchée ». « Branché » : voilà un mot déjà dépassé, usé jusqu'à la corde sur les trottoirs de la modernité médiatique.

Mélanges

Les enfants de la crise économique et du village planétaire font contre mauvais portefeuille bon « look ». En musique, la mode est plus que jamais aux mélanges jadis inconcevables. Le rock and roll et la musique africaine s'interpénètrent pour le plus grand bonheur des danseurs, grâce aux technologies de pointe des studios d'enregistrement, qui permettent de mixer harmonieusement chanteur arabe traditionnel et synthétiseurs électroniques. Les musiciens nigérians ou jamaïcains marient leurs mélopées multicentenaires aux alchimies des « moogs » les plus sophistiquées. Docteur Jekyll est, dans la journée, jeune cadre dans une entreprise, costume trois pièces et attaché-case de rigueur ; mais voici que, dès la nuit tombée, il se transforme en Mister Hyde, qui s'habille en cuir noir ou en tulle pourpre, qui met son jabot de dentelles ou son smoking vert pomme pour essayer de vivre l'aventure, ne fût-ce que l'espace d'une soirée. Le même jeune homme, la même jeune femme choisissent délibérément d'être austères le lundi, pervers le mardi, cool le mercredi, loubards le jeudi, familiaux le vendredi, campagnards le samedi, et... nus le dimanche.

Les modèles rassembleurs s'étant volatilisés, les lignes de conduite ayant pris d'étranges chemins de traverse, il ne reste plus aux militants de la vie que de tout connaître, tout essayer, selon le sain principe de l'alternance jouissive. Les dandies de l'an 2000 ont le rictus amer, mais feront tout pour ne jamais manquer de tenue.

André Bercoff

Haute couture

Les stylistes à l'honneur

La mode à l'honneur, la mode au musée : la haute couture et les stylistes accueillis deux fois l'an dans la cour Carrée, au Louvre, pour le grand spectacle, le show des collections ; les reconstitutions précieuses organisées au musée de la Mode et du Costume, dans l'ancien palais Galliera ; la présentation, sous les auspices de l'épouse du président de la République, d'une collection de couture sur mesure, que pratiquent, loin du bruit, les artisans de l'aiguille et du chiffon ; l'installation, l'aménagement d'un ensemble de salles dévolues à la mode dans les hauteurs du pavillon de Marsan, au-dessus du musée des Arts décoratifs, à Paris ; les fastes de l'exposition réunie à l'hôtel de la Monnaie, pour célébrer les activités du Comité Colbert, représentées par des œuvres d'art et de création, patronnée par les ministres des Finances et de la Culture...

Considérée aujourd'hui comme « expression artistique contemporaine », (« la haute couture fait partie du patrimoine national », a dit Jacques Lang), la mode est présente dans toutes les manifestations culturelles. Le grand public a pu s'en approcher lors du dixième anniversaire de la FIAC : couturiers et stylistes, inspirés par les peintres, ont montré, sous la verrière du Grand Palais, des robes-tableaux...

Mode sans frontière

La haute couture française, constituée par vingt-trois noms célèbres, fait recette hors des frontières. En 1982, son chiffre d'affaires était de 1,5 milliard de F (l'exportation y figure pour 60 %). Au premier semestre 1983, le chiffre d'affaires marquait une augmentation de 40 %. Cette mode des couturiers comme celle des stylistes en renom qui rapporte des devises et qui flatte autant que le champagne l'amour-propre des Français, on en reconnaît cet hiver les lignes de force : l'ampleur, les volumes bien construits.