Plusieurs manifestations marquantes ont prouvé la vitalité de la musique contemporaine. Ainsi, à Metz, les quatre journées consacrées aux 9es Rencontres internationales de musique contemporaine, où 22 compositeurs étaient représentés (notamment Bayle, Globokar, Dao, Reibel, Méfano, Betsy Jolas, Ferneyhough). Il y eut encore, au cloître Saint-Merri, une journée Marius Constant qui a confirmé la valeur d'un musicien qui s'est vu récemment couronné par l'académie Charles-Cros pour l'ensemble de son œuvre. De même l'Hommage à Michel Philippot, donné par Radio-France, salle Gaveau, n'était qu'un juste tribut dû à un musicien trop peu connu du grand public. Un autre de nos grands compositeurs actuels, Henri Dutilleux, a été consacré cette saison par deux prestigieux concerts où l'on joua deux de ses œuvres les plus représentatives : Tout un monde lointain, et Timbre, espace, mouvement, un superbe tableau cosmique symphonique exécuté par l'Orchestre de Paris, dirigé par Serge Baudo au Palais des Congrès et aux Champs-Élysées. Enfin, une première création importante dans le domaine lyrique avec, à Tours, L'escalier de Chambord de Claude Prey, œuvre vivante, dramatique, pleine d'envolées et de contrastes.

Danse

Un immense brassage de courants

D'année en année, en matière de création, la danse marque des points sur la musique et le théâtre. Un immense brassage de courants se fait entre les pays, entre les techniques. Si l'on excepte l'URSS — où le ballet demeure engagé obstinément dans un immobilisme sclérosant —, la dichotomie entre le classique et le moderne s'estompe progressivement. Un peu partout en Europe, et principalement en France, les danseurs pratiquent très largement les techniques américaines.

Relève

Maurice Béjart a été pour quelque chose dans ce changement de mentalité. Dans les années 60, il a amené un nouveau public, plus populaire, à la danse. Aujourd'hui il fait figure de traditionnel. L'aventure n'est plus de son côté. Ses dernières créations, Eros Thanatos, La flûte enchantée, n'apportent rien de neuf ; c'est comme si Notre Faust avait été son testament chorégraphique. Il reste une grande valeur de la danse contemporaine, mais d'autres créateurs ont pris la relève. John Neumeier en Allemagne, Mats Ek en Suède, Hans Spoerli en Suisse, Gigi Cacileanu en France ou Jiry Kylian aux Pays-Bas se sont fait remarquer par leur esprit inventif. Quant à Balanchine, de plus en plus épris de perfection, il nous livre l'essence de la danse à travers de splendides épures qui le situent au-delà du temps.

L'Opéra de Paris a ouvert la saison sur les chapeaux de roues. Le nouveau triumvirat — Bernard Lefort, administrateur général ; Georges-François Hirsh, administrateur de la danse ; Rosella Hightower, directrice de la danse — a cherché avant tout à rendre la troupe de ballet opérationnelle.

Groupes

Dès octobre 1980, elle était scindée en trois groupes, présentant simultanément des spectacles différents : une Sylphide montée au Théâtre des Champs-Élysées tournait ensuite en province, tandis que les provinciaux se pressaient à l'Opéra pour voir une création de Nikolaïs, Schéma, résolument moderne mais que l'on peut considérer comme manquée. Les sortilèges de Nick, magicien du mouvement et de la couleur, se diluent dans un monde d'ennui malgré la participation de Murray Louis, danseur invité.

À une semaine de là, l'Opéra présentait un spectacle Stravinsky avec deux ballets de Béjart (Le sacre, toujours percutant, et un Oiseau de feu qui vieillit mal). La commande d'un Pulcinella à Douglas Dunn, élève de Cunningham, confronta sans ménagement les balletomanes à la post modern dance américaine avec son parti d'abstraction et aussi son refus de la scène frontale.

Ce fut pour quelques spectateurs une dure épreuve, mais le jeune public réagit favorablement à une expérience d'où la virtuosité technique n'était pas absente.

Le troisième groupe de l'Opéra est dirigé par Jacques Garnier, ancien directeur du Théâtre du Silence. Composé de danseurs volontaires, il est orienté vers la recherche, d'où son sigle (GRCOP) ; c'est en quelque sorte la revanche de Carolyn Carlson, dont il assure la succession. Le premier spectacle du Groupe de recherches a eu lieu en avril, au Théâtre de la Ville, avec des œuvres signées Lucinda Childs, Douglas Dunn, Dominique Bagouet, Jean Guizerix et Jean-Christophe Paré. Ce dernier est représentatif d'une nouvelle génération de danseurs maison : aussi à l'aise dans le moderne que dans le classique, il est doué pour la chorégraphie, comme en témoigne son premier ballet Probable Paysage, fortement influencé par Carolyn Carlson. L'Opéra ressemble un peu aujourd'hui à une usine à danser. Le grand événement de la saison devait être le Songe d'une nuit d'été de John Neumeier. En raison de l'indisponibilité du chorégraphe, le projet a été repoussé à 1982 et remplacé par le Don Quichotte de Noureev. Il s'agit d'une version du ballet de Marius Petipa aménagée selon la fantaisie du célèbre danseur. Le dessin chorégraphique y est inexistant, la danse s'y étale complaisamment, sans souci de mise en scène.