Un rare exemple d'humour dans un cinéma américain plutôt sombre. L'humour, on le retrouve dans Drôle d'embrouille, avec la drôle de frimousse de Goldie Hawn, dans Le ciel peut attendre, de Warren Beatty, grand perdant des oscars, Lina Braacke fait sauter la banque, de Bernhard Sinkel (couronné à Chamrousse), et, surtout, phénoménal succès outre-Atlantique, American College, tableau insolent, voire grossier, en tout cas bête et méchant, de la vie des étudiants des années 60 sur un campus. Triomphe aux États-Unis, échec ici...

Le western a quasiment disparu, à l'exception du beau Souffle de la tempête, de John Pakula, où Jane Fonda campe avec maestria une femme solitaire qui se bat pour conserver sa terre et son troupeau — Fonda qui domine, aussi le film à sketches, inégal, tiré d'une pièce de théâtre de Herbert Ross, California Hotel.

Mais l'année compte son traditionnel lot de films d'épouvante : Furie, de Brian de Palma, L'invasion des profanateurs, de Philip Kaufman, La nuit des masques, de John Carpenter, notamment. Et aussi son petit contingent de tendresse, parfois presque larmoyante : Oliver Story, Le sourire aux larmes, de Daryl Duke, où Jill Clayburg est, aussi, une très émouvante leucémique, et Slow dancing, de John G. Avildsen, avec un jeune premier qui monte (également interprète des Chaînes du sang) : Paul Sorvino.

Quant à la violence, présente presque partout encore, elle atteint son summum dans Midnight Express, d'Alan Parker, récit de l'authentique emprisonnement d'un jeune Américain dans les prisons turques. Et trouve, avec William Friedkin, qui a, dans Le convoi de la peur, conçu un excellent remake du Salaire de la peur de Clouzot, un metteur en scène spectaculaire.

Des très nombreux autres films américains qui ont envahi nos écrans, il faut encore signaler l'étrange et envoûtant Remember my name, d'Alan Rudolph, surtout pour le jeu de Géraldine Chaplin. Et saluer Robert Altman qui, avec Un mariage, satire féroce de la bourgeoisie américaine, et Quintet, parabole glacée d'un monde en agonie, donne cette année deux exemples totalement différents d'un talent décidément unique.

Incontestablement, une production diverse, vigoureuse, qui domine l'année.

Italie

Après avoir, pendant des années, dominé la production internationale, l'Italie, elle aussi entrée dans la crise à la suite notamment de l'essor des canaux privés de télévision, semble en perte de vitesse ; et son absence au palmarès de Cannes en est peut-être la première preuve. Elle y présentait cependant les dernières œuvres de ses quatre mousquetaires phares : Eboli, de Francesco Rosi, une sorte de réflexion-document, d'après un roman de Carlo Levi, sur l'Italie du Sud et son dénuement, à l'époque fasciste ; Répétition d'orchestre, du grand Fellini, où l'on peut voir une parabole sur l'anarchie et le risque de retour du fascisme dans l'Italie d'aujourd'hui ; Le grand embouteillage, apocalyptique morceau de bravoure de Comencini ; Cher papa, évocation par Risi des attentats terroristes.

Exception à l'impression d'essoufflement qui domine le cinéma italien, le superbe Arbre aux sabots, d'Ermanno Olmi, chronique des travaux et des jours d'une femme bergamasque, Palme d'or à Cannes en 1978 (et l'un des rares films italiens actuels à ne pas avoir de contenu politique affirmé).

Pour le reste, le film le plus achevé est sans doute Dernier amour, grinçant, mais déchirant portrait d'un comédien vieillissant où, sous la direction de Dino Risi, Ugo Tognazzi est à la fois très drôle et bouleversant face à la bellissime Agostina Belli.

Ettore Scola nous a aussi offert, avec un film de 1972, l'une des plus émouvantes rétrospectives de l'année : dans La plus belle soirée de ma vie, il avait réuni, aux côtés d'Alberto Sordi et de Charles Vanel, trois monstres sacrés aujourd'hui disparus : Michel Simon, Claude Brasseur, Claude Dauphin, magnifiques vieillards machiavéliques incarnant ici le destin, d'après une nouvelle de Durrenmatt. Un monument d'interprétation... Interprétation brillante, également, de Noiret et Gassman, dans Deux bonnes pâtes, de Sergio Citti, mais le film n'est pas à la hauteur des comédiens... En revanche, la très belle adaptation, par Marco Bellochio, de La mouette, de Tchekhov, est encore plus convaincante grâce à la magistrale Laura Betti : une performance qui restera.