Le changement de titulaire au ministère de l'Économie (le comte Lambsdorff remplaçant Hans Friedrichs) n'annonce pas une notable modification de la politique économique du gouvernement. Celui-ci semble peu sensible aux pressions de l'administration Carter et de plusieurs gouvernements européens, qui souhaiteraient une forte relance allemande pour entraîner les économies occidentales.

Social

Conservant un taux de croissance limité et un nombre de chômeurs élevé, la RFA connaît, depuis 1977, une détérioration de son climat social ; la marge des négociations salariales devient de plus en plus étroite. Le système de l'action concertée est lui-même remis en cause.

Jusqu'à la fin du premier semestre 1978, les dispositions de la loi du 4 mai 1976 sur la cogestion dans les entreprises de plus de 2 000 salariés doivent être mises en application, indépendamment de celles du secteur charbon-acier soumises au système de cogestion depuis 1951. Cette extension se produit au moment où les rapports entre le gouvernement et les partenaires sociaux se détériorent. Le patronat se décide à porter plainte pour violation de la loi fondamentale, trouvant que la loi du 4 mai 1976 donne trop d'importance aux syndicats dans les entreprises.

Trois grèves particulièrement dures au premier trimestre 1978 — celles des dockers, des ouvriers imprimeurs et des métallurgistes du Bade-Wurtemberg — ont ébranlé la paix sociale. La rationalisation et la modernisation des entreprises mettent en cause la garantie de l'emploi et provoquent des mouvements sociaux. La crise socio-économique, de plus en plus ressentie comme structurelle et non point comme conjoncturelle, suscite des réflexes plus combatifs de la part de la base et conduit les dirigeants des organisations ouvrières à abandonner leur prudence traditionnelle. Il faut non seulement sauver les emplois, mais empêcher aussi une dégradation du pouvoir d'achat.

Une autre évolution dans le domaine social ne cesse d'inquiéter le gouvernement : le recul démographique. Le taux de natalité en Allemagne fédérale est en effet un des plus bas du monde. En dix ans, le nombre des naissances a pratiquement diminué de moitié alors que le pourcentage des décès reste stable. Selon les statistiques, 1 065 000 enfants sont nés en 1964 (chiffre le plus élevé de l'après-guerre) ; il n'y en avait plus que 700 000 environ en 1971 ! Si la tendance à la dénatalité se poursuivait, la population de la RFA, actuellement de 62 millions (étrangers compris), baisserait de trois millions avant 1990 ; elle tomberait à 55 millions en l'an 2000 et à 40 millions dans un siècle !

Dialogue

En dépit de ses difficultés intérieures, l'Allemagne fédérale ne cesse d'accroître son poids dans les affaires européennes et internationales. La coopération franco-allemande, qui aurait pu être remise en cause par une arrivée au pouvoir de la gauche en France, se poursuit harmonieusement sur la base d'une confiance réciproque.

En raison de la force du Deutsche Mark et du volume de ses excédents commerciaux, la RFA jouit inévitablement d'un rôle de premier plan dans le dialogue européen et atlantique. Bien que les relations germano-américaines constituent l'épine dorsale de la politique extérieure de Bonn, les divergences d'intérêt avec les États-Unis ne cessent de s'affirmer, qu'il s'agisse de la politique économique et monétaire ou de la politique militaire. La tenue à Bonn (prévue pour le 16 juillet 1978) du Sommet occidental des pays industrialisés, en vue de relever les défis que la crise économique pose au monde, illustre bien la montée de la RFA sur le plan international.

Sans faire disparaître toutes les tensions, l'Ostpolitik a permis de développer un modus vivendi acceptable pour tous, comme l'a montré le voyage de L. Brejnev à Bonn, du 4 au 7 mai 1978. Depuis peu, la RFA est activement présente dans le dialogue Nord-Sud ; la nomination de Willy Brandt à la tête d'une commission chargée d'étudier pour la Banque mondiale les rapports entre pays en voie de développement et pays développés et la participation du gouvernement fédéral aux réunions occidentales pour garantir la stabilité en Afrique en apportent les preuves.

Andorre

Andorre. 22 000. 48. 0,1 %.
Information. (74) : *6 500.
Institutions. Coprincipauté indépendante. Statut réglé par les paréages de 1278. Coprinces : Valéry Giscard d'Estaing, président de la République française, et Mgr Marti Alanis, évêque de Seo de Urgel. Syndic du Conseil général des Vallées : Julia Reig (tendance nationaliste), réélu le 29 décembre 1975. Approuvée par une consultation populaire, le 27 octobre 1977, une réforme des institutions est en instance.
Le renouvellement des représentants du Conseil général des Vallées qui s'est déroulé le jeudi 15 décembre 1977, avec une très forte participation, a partagé le conseil en deux groupes égaux : conservateurs, 12 sièges ; gauche, 12 sièges. Cette situation est à l'origine d'un malaise politique qui bloque pour l'instant tout progrès de la réforme constitutionnelle.

Autriche

Vienne. 7 510 000. 89. – 0,1 %.
Économie. PIB (75) : 4 996. Production (75) : G 121 + A 121 + I 118. Énerg. (*75) : 3 700. C. E. (75) : 20 %.
Transports. (*75) : 6 689 M pass./km, 9 507 Mt/km. (*75) : 1 720 700 + 445 600. (75) : 673 M pass./km.
Information. (74) : 30 quotidiens ; tirage global : 2 316 000. (74) : 2 170 000. (74) : 1 856 000. (73) : fréquentation : 23,7 M. (75) : 2 133 000.
Santé. (74) : 15 168. Mté inf. (75) : 21.
Éducation. (74). Prim. : 513 027. Sec. et techn. : 904 695. Sup. : 84 101.
Institutions. République fédérale indépendante le 27 juillet 1955. Constitution de 1920 remise en vigueur le 14 mai 1945. Président de la République : Rudolf Kirchschlaeger, élu le 23 juin 1974 ; succède à Franz Jonas, décédé. Chancelier : Bruno Kreisky.

Belgique

Bruxelles. 9 800 000. 320. nul.
Économie. PIB (75) : 6 352. Production (75) : G 119 + A 124 + I 168. Énerg. (*75) : 5 584. C. E. (75) : 45 % avec le Luxembourg.
Transports. (*75) : 8 258 M pass./km, 6 757 Mt/km. (*75) : 2 613 900 + 291 900.  : 1 499 000 tjb. (75) : 3 795 M pass./km.
Information. (74) : 31 quotidiens ; tirage global : 2 416 000. (74) : 3 769 000. (74) : 2 464 000. (72) : 359 000 fauteuils ; fréquentation : 32,8 M. (75) : 2 798 000.
Santé. (74) : 17 272. Mté inf. (74) : 16.
Éducation. (73). Prim. : 941 920. Sec. et techn. : 732 513. Sup. : 148 628.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1830. Monarchie constitutionnelle. État communautaire et régional instauré le 18 décembre 1970 par l'amendement de la Constitution de 1831. Souverain : Baudouin Ier ; succède à Léopold III, après son abdication de 1951. Premier ministre : Léo Tindemans.

L'affaire Jespers

Guy Jespers, juge d'instruction à Gand, et Lucien De Cramer ont été reconnus coupables de tentative d'assassinat devant la cour d'assises de Gand. Guy Jespers, quadragénaire qui pouvait espérer devenir procureur du roi, avait des fréquentations douteuses. Un jour, par hasard, son nom apparaît à l'occasion d'un vol. C'est le début d'une histoire ahurissante, où ce juge d'instruction se voit tout à coup accusé du meurtre de sa femme, qu'il avait jadis retrouvée, selon ses dires, morte dans sa baignoire. On avait conclu à l'époque à une mort naturelle. Mais cette mort devient suspecte dès qu'on apprend que G. Jespers avait fait piéger la voiture de sa femme par son comparse. Après onze mois de prison et un procès de plusieurs semaines, Guy Jespers et Lucien De Cramer sont reconnus coupables de tentative d'assassinat. Guy Jespers épouse, en prison, quelques jours après sa condamnation, son ancienne maîtresse.

L'enlèvement du baron Bracht

La Belgique a suivi de près l'enlèvement de deux de ses barons les plus riches : Édouard-Jean Empain et Charles-Victor Bracht. Le baron Bracht, sexagénaire anversois, à la tête de l'une des plus grandes fortunes d'Anvers, a moins de chance que le baron Empain. Au cours de son enlèvement dans le parking de sa société, le 7 mars 1978, il est tué d'une balle dans la tête. On n'apprendra le drame qu'un mois plus tard quand, grâce à un coup de fil anonyme, son corps sera retrouvé dans un dépôt d'immondices à Oelegem près d'Anvers. Jusque-là, ses proches le croyant en vie, des tractations avaient eu lieu pour la remise d'une rançon. Un coup de théâtre éclate quelques jours à peine après la découverte du corps du baron assassiné. L'enquête policière débouche par hasard sur la découverte d'un plan d'enlèvement d'un adolescent de 13 ans, fils d'un diamantaire anversois. Un drame supplémentaire est évité de justesse... La Belgique n'a pas échappé au signe des temps !

Laborieuse mise en place de la régionalisation

Léo Tindemans n'a fait qu'une fausse sortie. Après une crise relative à la politique budgétaire et sociale, L. Tindemans renonce à ses fonctions, le 15 juin 1978. Le roi refuse la démission de son Premier ministre. Les cinq partis de la majorité parviennent à un accord et sauvent ainsi une nouvelle fois le gouvernement Tindemans, qui passera peut-être dans l'histoire pour celui qui a fait la transition entre le passé et l'avenir.