La démocratie semi-directe, qui somnole, aime qu'on la flagelle. Ce sont là, pour sa santé, deux symptômes pour le moins ambigus.

Tchécoslovaquie

Prague. 14 690 000. 115. 0,5 %.
Économie. Production (73) : G 116 + I 131. Énerg. (*73) : 6 694.
Transports. (*73) : 19 278 M pass./km, 64 943 M t/km. (*73) : 1 192 800 + 226 500.  : 116 000 tjb. (73) : 811 M pass./km.
Information. (72) : 27 quotidiens ; tirage global : 4 059 000. (73) : 3 793 000. (73) : 3 404 000. (72) : 992 800 fauteuils ; fréquentation : 98,4 M. (73) : 2 304 000.
Santé. (71) : 31 426. Mté inf. (73) : 21,2.
Éducation. (71). Prim. : 1 939 590. Sec. et techn. : 392 654. Sup. : 128 124.
Institutions. État indépendant le 28 octobre 1918. République populaire en 1948. État fédéral depuis le 1er janvier 1969. Constitution de 1960, amendée le 20 décembre 1970. Président de la République et secrétaire général du Parti : Gustav Husak, élu le 29 mai 1975, succède au général L. Svoboda. Premier ministre : Lubomir Strougal.

Continuité

Normalisée, après l'exclusion de 461 000 membres du Parti depuis le Printemps de Prague (Journal de l'année 1968-69), la Tchécoslovaquie veut désormais imposer l'image d'une stabilité qui trouve sa force dans la continuité. « On ne change pas l'attelage qui se révèle le meilleur à sa tâche » affirme Gustav Husak aux 1 200 délégués du congrès (12-16 avril 1976), qui reconduisent pour 5 ans l'équipe dirigeante mise en place en 1971.

Ainsi confortée, l'équipe en place peut donner l'illusion de s'ouvrir à un certain libéralisme, reflet de la tendance Husak face aux éléments les plus durs. Le secrétaire général du Parti laisse entrevoir des amnisties individuelles aux victimes des purges. Convaincra-t-il pour autant la population que le gant de velours ne cache plus la même main de fer ? Les opposants sont réservés face à ces ouvertures et un sondage fait quelques mois avant par la police montre que 5 % seulement des Tchèques approuvent la politique du Parti, 75 % sont parfaitement indifférents et 20 % prêts à se joindre aux opposants.

La vie quotidienne n'exprime pas toujours ces velléités libérales. C'est ainsi que, les vendredis après-midi, la police contrôle fréquemment (c'est la télévision qui le montre) les automobilistes partant en week-end : ils doivent expliquer comment ils ont pu quitter si tôt leur travail. Si leur réponse n'est pas convaincante, le fait est signalé à la direction de leur entreprise. Lubomir Strougal, président du gouvernement, donne le ton en demandant « de bons salaires pour ceux qui travaillent consciencieusement et la possibilité de pénaliser les autres ».

Production

Cette discipline donne des résultats ; depuis cinq ans, la croissance annuelle du revenu national a été de 6,4 %, celle de la production industrielle de 7,6 %. De 1970 à 1975, le salaire mensuel moyen est passé de 1937 couronnes (900 F) à 2 479 couronnes (1 162 F), tandis que les prix de détail restaient relativement stables grâce aux subventions de l'État. Mais celles-ci grèvent lourdement le budget. Conséquence : les objectifs du VIe Plan (1976-80) sont nettement en retrait par rapport au Plan précédent.

Le revenu national ne doit augmenter que de 27 à 28 % (33 % en 1971-75) et les revenus de 25 % au plus contre 28 % lors du Ve Plan. Même tendance pour le commerce extérieur, dont le volume ne dépassera pas 37 % contre 44 % ces cinq dernières années. Seule dérogation : l'URSS, vers laquelle la Tchécoslovaquie va exporter 65 % de sa production industrielle lourde. Cela en partie en échange d'une aide pour la construction de centrales nucléaires, mais surtout pour combler le trou financier causé par l'augmentation de 138 % du pétrole russe que la Tchécoslovaquie importe à 95 % de sa consommation.

Coopération

L'ouverture vers l'étranger n'en demeure pas moins indéniable. Elle est principalement marquée, ces douze derniers mois, par la visite (en novembre 1975) à Paris de Lubomir Strougal, qui se solde par un accord décennal de coopération économique.

URSS

Moscou. 255 500 000. 11. 1 %.
Économie. L'économie soviétique talonne les États-Unis pour nombre de productions industrielles que l'on peut qualifier de lourdes ; elle occupe en effet le deuxième rang mondial pour l'extraction de la houille, du gaz naturel, la fourniture d'électricité (et naturellement la production globale d'énergie), la production d'acier et d'aluminium, devançant même les États-Unis pour l'extraction du pétrole brut et du minerai de fer.
Les résultats sont moins flatteurs dans le domaine des productions élaborées : matières plastiques, textiles synthétiques, construction automobile, où, notamment, le Japon et l'Allemagne fédérale la devancent toujours nettement. Dans l'agriculture, l'URSS vient largement en tête des producteurs de blé, mais, curieusement, est toujours importatrice de cette céréale, situation tenant moins à l'importance du marché intérieur, à des ventes de prestige vers les autres pays communistes qu'à une mauvaise organisation de la distribution et peut-être aussi à une évaluation optimiste des chiffres de production. Près de soixante ans après la révolution d'Octobre, la bataille de l'agriculture est loin d'être gagnée.
Production (73) : G 119 + I 123. Énerg. (*73) : 4 927.
Balance commerciale : exp. : 20,7 MM$, imp. : 18,8 MM$. Productions (74) : blé 84 Mt, houille 513 Mt, pétrole 459 Mt, gaz naturel 261 Gm3, électricité 975 TWh, fer 121 Mt, acier 136 Mt, aluminium 2,2 Mt.
Transports. (*73) : 269 619 M pass./km, 2 957 986 M t/km.  : 18 176 000 tjb. (73) : 4 430 M pass./km.
Information. (71) : 647 quotidiens ; tirage global : 84 953 000. (73) : *110 300 000. (73) : *49 200 000. (72) : fréquentation : 4 569 M. (73) : 14 261 000.
Santé. (72) : 634 600. Mté inf. (73) : 26,3.
Éducation. (71). Prim. : 39 932 000. Sec. et techn. : 9 354 600. Sup. : 4 597 000.
Institutions. Fédération de républiques socialistes. Constitution de 1936. Président du présidium : Nicolaï Podgorny ; succède à Anastase Mikoyan. Président du Conseil : Alexeï Kossyguine. Premier secrétaire du Parti : Leonid Brejnev.

Déboires pour Brejnev : pénurie agricole, difficultés économiques, divergences idéologiques

Les étoiles de maréchal de l'URSS que Léonid Brejnev arbore depuis le 8 mai 1976 auraient pu symboliser le triomphe de sa politique. Mais, quand on jette un regard sur les douze derniers mois écoulés, il est difficile d'accorder complet crédit à cette hypothèse.