Les mécontentements éclatent un peu partout : à Lisbonne, on manifeste contre la vie chère ; à Porto, c'est en faveur des prisonniers politiques (il y aura un mort et six blessés) ; ailleurs, dans le nord, les petits paysans s'en prennent à la politique agricole.
Élections
Mais les responsables politiques sont accaparés par l'approche des élections législatives et présidentielles. Et d'abord la renégociation du pacte constitutionnel liant le MFA aux partis. Cet accord, finalement signé le 26 février, après bien des tergiversations, consacre l'effacement des militaires. Le Conseil de la révolution, qui avait régné en maître jusqu'à novembre, perd la plupart de ses prérogatives, notamment le droit de veto sur la désignation du Premier ministre et sa compétence en matière législative. Il n'est plus qu'une sorte d'organe consultatif dépendant du président de la République. En revanche, la nouvelle constitution renforce le rôle du chef de l'État de même que celui du Parlement.
Les élections législatives sont fixées au 25 avril et, dès le 4, s'ouvre une campagne qui, en dépit de quelques bagarres (notamment à Beja, fief du PC, où un manifestant est tué), se déroule dans un calme relatif.
Mario Soarès espère égaler le score de l'élection à la Constituante de 1975 et il proclame très haut qu'il a l'intention de former un gouvernement unicolore socialiste ; position contestée aussi bien par le communiste Cunhal, qui affirme qu'« aucun gouvernement de gauche n'est possible sans le PC », que par Sa Carneiro, qui estime que son parti, le PPD, second dans le pays, ne saurait demeurer à l'écart du gouvernement ; pour sa part, le CDS, centriste de droite, va s'efforcer d'améliorer sa représentation.
Stabilité
Le dépouillement du scrutin du 25 avril démontre une certaine stabilité de l'électorat par rapport à 1975. Si le PS (35,01 contre 37,87 %) et le PPD (20,01 contre 26,38 %) accusent un certain tassement, le PC conserve son audience ; seul le CDS double ses voix (15,87 contre 7,65 %). Craignant de perdre son électorat en s'alliant aux communistes ou de se voir lâché par ses militants en traitant avec le centre. Soarès confirme sa résolution de gouverner seul. Il s'agit moins d'un défi que d'une nécessité.
Reste maintenant la désignation du président de la République. L'on sait déjà que le Premier ministre, l'amiral Pinheiro de Azevedo, s'alignera au départ. Les socialistes hésitent entre le général Pires Veloso, commandant de la région de Porto, et le jeune chef d'état-major de l'armée de terre, le général Ramalho Eanes, personnage glacial et indéfinissable derrière ses lunettes noires. Il a, en quelques mois, rétabli la discipline dans l'armée et on l'appelle l'incorruptible.
Le PPD va tenter de couper l'herbe sous les pieds du PS en annonçant son soutien à Eanes. Manœuvre mal inspirée puisque le chef de l'armée de terre déclare, en annonçant sa candidature, que, s'il est élu, il désignera Mario Soarès comme Premier ministre. Le CDS se prononce à son tour pour le général, qui réunit ainsi sur son nom 80 % de l'électorat d'avril.
Pour sa part, le PC présente Otavio Pato, numéro deux du parti, lorsque Carvalho, libéré un mois plus tôt, intervient afin de garantir « l'existence de forces armées où régnent l'ordre et la discipline au service des plus pauvres », semant la confusion dans les rangs de l'extrême gauche.
Eanes préconise, dans un manifeste publié le 1er juin, un modèle de société socialiste fondée sur « les valeurs, l'histoire, la culture et les caractéristiques de notre peuple ». Celui que les sondages désignent déjà comme le vainqueur du scrutin se prononce, en outre, en faveur d'un gouvernement socialiste homogène.
L'amiral de Azevedo, malgré sa truculence et sa popularité, apparaît très isolé dans cette course ; il s'est lancé dans une campagne épuisante, tout en continuant à poursuivre sa tâche à la tête du gouvernement. C'est dans ces circonstances que, le 23 juin, il est frappé d'une crise cardiaque à l'issue d'un meeting.
Dès lors, la voie est libre pour Eanes, qui triomphe sans peine le 27 juin avec 61,05 % des suffrages. Quelques jours après, tenant ses promesses, il appelle Mario Soarès pour former le nouveau gouvernement.
Roumanie
Bucarest. 21 030 000. 89. 0,9 %.
Économie. Production : G (72) 124. Énerg. (*73) : 3 429.
Transports. (*73) : 21 228 M pass./km, 57 103 M t/km. (70) : 45 100. : 611 000 tjb. (73) : 347 M pass./km.
Information. (72) : 58 quotidiens ; tirage global : 3 624 000. (73) : 3 076 000. (73) : 2 145 000. (72) : 217 200 fauteuils ; fréquentation : 179,7 M. (73) : 886 000.
Santé. (71) : 24 720. Mté inf. (73) : 38,2.
Éducation. (71). Prim. : 2 766 368. Sec. et techn. : 664 903. Sup. : 148 428.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Président de la République, président du Conseil d'État et secrétaire général du Parti : Nicolae Ceaucescu, réélu pour cinq ans, le 17 mars 1975. Président du Conseil : Manea Manescu.
Indépendance
« Celui qui ne se dresse pas pour défendre son droit à la liberté et à l'indépendance mérite pleinement son sort d'esclave... » Cette paraphrase de Lénine reste l'étendard de Nicolae Ceaucescu. Le chef de l'État roumain continue de revendiquer le droit de chaque pays à sa politique propre. Coup de patte à droite en direction de l'Occident impérialiste : certains organismes supranationaux, certaines compagnies ne cherchent qu'à s'approprier les richesses nationales, pratiquant ainsi une nouvelle forme de domination des États. Coup de patte à gauche à destination de Moscou : l'idée d'un centre idéologique dirigeant est dépassée. Tous les PC sont égaux et, sous couvert d'internationalisme prolétarien, on ne doit pas les brider. Même au sein d'une union économique comme le COMECON, il doit être tenu compte des plans nationaux.
Bilan positif
Les négociations menées en août par Manea Manescu et Alexei Kossyguine, Premiers ministres roumain et soviétique, pour la coordination des plans quinquennaux 1976-80 respectifs, achoppent sur deux points, le pétrole et l'agriculture.