Ce malaise plus ou moins diffus avec les USA n'empêche pas la signature de deux accords, en octobre 1975 et en avril. Le premier assure à Moscou la possibilité d'acheter chaque année à Washington un minimum de 8 millions de t de céréales pendant cinq ans tandis que les Américains s'engagent à commander annuellement à l'URSS 10 millions de t de pétrole pendant la même durée. Le second accord est nucléaire : il permet aux experts des deux pays de venir inspecter les champs de tir.

Mêmes ombres et lumières dans les relations avec l'Europe de l'Ouest et plus particulièrement avec la France. Officiellement c'est parfait, et Leonid Brejnev affirme au XXVe Congrès : « Nous attachons un grand prix à nos rapports avec la France et nous sommes prêts à étendre encore la sphère d'entente et de coopération entre nos deux pays. » Pourtant il faut la visite, à Paris en avril, du ministre des Affaires étrangères Andreï Gromyko pour relancer une coopération qui sommeille depuis un an et dissiper les impressions négatives qu'a laissées la visite de Valéry Giscard d'Estaing à Moscou en octobre 1975.

Proche-Orient

Si l'URSS continue d'étendre son influence vers l'Afrique (selon le Pentagone elle y aurait dépensé 3 milliards de dollars en cinq ans), elle n'en oublie pas pour autant le Proche-Orient. Seul déboire : l'Égypte, qui, le 15 mars, rompt le traité d'amitié et de coopération signé avec Moscou en 1971. Mais la coopération civile se poursuit normalement entre les deux pays. Par le voyage qu'il accomplit fin mai-début juin en Irak et en Syrie, Alexeï Kossyguine démontre le désir de l'URSS de resserrer l'alliance avec ces pays et surtout sa volonté de renforcer son influence.

Fin juin, cependant, une ombre se profile. L'intervention syrienne au Liban, d'abord, semble-t-il, admise, est quelques jours plus tard violemment mise en cause par Moscou.

Autre objectif diplomatique de l'Union soviétique : les pays proaméricains du Sud-Est asiatique : Indonésie, Malaisie, Philippines, Thaïlande et Singapour. Elle multiplie à leur égard les propositions d'aides économiques, pour raffermir sa position dans une région où la Chine a de plus en plus d'influence.

Yougoslavie

Belgrade. 21 150 000. 83. 1 %.
Économie. Production (73) : G 120 + A 134 + I 127. Énerg. (*73) : 1 709.
Transports. (*73) : 10 578 M pass./km, 20 447 M t/km. (*73) : 1 140 500 + 158 000.  : 778 000 tjb. (73) : 805 M pass./km.
Information. (72) : 25 quotidiens ; tirage global : 1 853 000. (73) : 3 685 000. (73) : 2 544 000. (72) : 480 000 fauteuils ; fréquentation : 83,5 M. (73) : 1 004 000.
Santé. (72) : 23 147. Mté inf. (73) : 43,3.
Éducation. (71). Prim. : 2 837 019. Sec. et techn. : 748 207. Sup. : 282 546.
Institutions. République socialiste proclamée le 29 novembre 1945. Devient République fédérale le 31 janvier 1946. Constitution de 1963, amendée pour la quatrième fois en février 1974. Président à vie de la République et président à vie du Parti : Josip Broz Tito, par décision du 16 mai 1974. Président du conseil exécutif fédéral : Djemal Bijedic.

Inflation

À 84 ans, le doyen des chefs d'État, le maréchal Tito, n'a rien perdu de son franc-parler ni de sa manière forte. Malgré une sciatique chronique qui par intermittences l'éloigné des affaires, il tient toujours la barre, bien qu'il proclame : « Je peux mourir n'importe quand, rien ne sera changé. Nous avons une direction collective efficace et bonne. »

Néanmoins la Yougoslavie connaît une passe difficile. Aux propres dires du chef de l'État, l'économie n'y est pas saine. La balance commerciale a enregistré en 1975 un déficit de 3 625 millions de dollars. Malgré une amélioration intervenue au deuxième semestre, plusieurs objectifs prévus au Plan 1975 ne sont pas atteints. Tâche urgente : juguler l'inflation et la hausse ries prix estimée en 1975 à 24 % au moins.

Les responsables de cette crise ? Selon Tito, « en premier lieu les communistes qui occupent des postes de direction » et qui se veulent anonymes à l'heure de rendre des comptes ; les commerçants aussi, qui augmentent constamment leurs prix alors qu'il y a baisse à la production. Enfin une politique anarchique de surinvestissement, qui, en 1975, a probablement atteint le double des prévisions.