Bien que ce drame ait été dépourvu de toute portée politique, c'est sans doute la tuerie de la nuit de Noël qui témoigne le plus spectaculairement de la brutalité du comportement de certains éléments de l'armée fédérale : à Ugep, localité du sud-est du pays, des militaires ayant eu une controverse avec des fermiers, un raid de représailles des premiers fait 13 morts en quelques heures, une centaine de blessés et 7 000 sans-abri.

Corruption

Alors que le général Yakubu Gowon participe, à Kampala, à la conférence des chefs d'État membres de l'OUA le 29 juillet 1975, un groupe d'officiers mutins dépose le chef de l'État, mettant fin à neuf années de pouvoir. Le général Murtala Ramat Mohammed annonce la constitution d'un Conseil militaire suprême et remplace, à la magistrature suprême, son collègue Gowon qui, après une escale au Togo, s'exile en Grande-Bretagne, où il entreprend des études de sciences politiques à l'université de Warwick.

Pour les causes de ce coup d'État, on est tenté de faire référence au climat persistant d'agitation sociale entretenu par les grèves d'étudiants et d'ouvriers, mais aussi au fait que, après avoir promis, en 1970, de restituer dès 1976 le pouvoir aux civils, le chef d'État est revenu sur cette décision en 1974. Il faut aussi tenir compte des classiques oppositions tribales et régionales, de l'atmosphère de corruption générale aggravée par le boom pétrolier, de l'attitude de mépris que le régime déchu avait adoptée à rencontre des chefs traditionnels.

Cependant, la constitution, le 6 août 1975, d'un nouveau gouvernement, au sein duquel le colonel Joseph Garba, considéré comme l'un des principaux auteurs du coup de force, détient le portefeuille des Affaires étrangères, ne fournit guère d'indications très précises sur l'orientation politique du nouveau régime. Certes, une vaste épuration est entreprise dans les rangs de l'armée et de l'administration, mais c'est une initiative classique en de telles circonstances.

Le général Murtala Ramat Mohammed annonce, le 21 octobre, que le pouvoir sera restitué aux civils en 1979. Il présente simultanément un plan de réformes prévoyant de porter de 12 à 19 le nombre des États fédérés, ce qui devrait entraîner, entre autres conséquences, une nouvelle répartition des revenus considérables tirés des profits du pétrole (un produit qui, en 1974, représentait, en valeur, 92 % des exportations nigérianes).

Devenue le premier producteur de pétrole d'Afrique noire et le sixième du monde, la fédération est cependant vulnérable dans ce domaine. En effet, 1975 marque un palier dans le développement de la production pétrolière, bien qu'au cours des trois années précédentes les champs nigérians aient permis annuellement l'extraction de plus de 100 millions de t de pétrole brut.

Répression

Dans la nuit du 12 au 13 février 1976, le général Murtala Ramat Mohammed est tué, pendant une tentative de coup d'État ourdie par le lieutenant-colonel Dimka, mais dans laquelle, affirme-t-on à Lagos, a directement trempé l'ancien président Gowon. Le général Olusegun Obasanjo devient chef de l'État. Il exige vainement l'extradition du général Gowon, Londres opposant une fin de non-recevoir. Un tribunal d'exception condamne à mort 32 personnes pour participation au dernier putsch manqué. 30 des condamnés sont immédiatement passés par les armes (les uns sur une des plages de Lagos, les autres à l'intérieur même de la prison de Kirikiri, située dans la banlieue de la capitale fédérale). Pour accentuer le caractère spectaculaire donné à la répression, une partie des conjurés sont exécutés au pistolet mitrailleur. Le 15 mai, le lieutenant-colonel Dimka et 6 de ses complices sont à leur tour fusillés. Tandis que l'on s'interroge sur les mobiles des conjurés, les nouveaux dirigeants se contentent d'affirmer qu'ils poursuivront la politique de leurs prédécesseurs.

Scandales

La fédération du Nigeria bat des records dans le domaine des scandales. Parmi ceux-ci :
– le recensement. À l'époque coloniale, les Britanniques avaient établi à 31,5 millions le chiffre de la population. En 1962, un recensement donnait 45,6 millions d'habitants, mais, vivement contesté par les États du Sud, il n'était jamais publié. Onze ans plus tard, un troisième recensement totalisait 55,6 millions d'habitants, mais les publications de l'ONU font état de 56,5 millions d'habitants (estimation 1971) et de 60 millions (estimation 1973). Enfin, des estimations plus récentes avancent les chiffres de 70, voire 79 millions d'habitants ;
– le Festival international des Arts nègres. La date en a été reportée à plusieurs reprises. Il devrait, en principe, avoir lieu à Lagos, du 15 janvier au 12 février 1977. Mais un différend oppose le Sénégal au Nigeria, à propos de la participation des pays d'Afrique du Nord. Le gouvernement sénégalais la récuse parce que ces pays n'appartiennent pas au monde nègre et s'oppose à la conception politique des Nigérians. Les Sénégalais risquent de boycotter la rencontre. D'autre part, la préparation du Festival a été très onéreuse, par suite des divers gaspillages et de lourdes dépenses pour un personnel pléthorique. Le licenciement du secrétaire général du Festival, le Sénégalais Alioune Diop, à la suite d'une décision nigériane unilatérale, alourdit le climat ;
– l'embouteillage du port de Lagos, spectacle grandiose de 400 à 500 navires stationnés au large, où ils sont dans l'impossibilité d'accoster. En effet, sous le régime du président Gowon, le gouvernement nigérian ayant passé commande à l'étranger de 20 millions de t de ciment (sur l'achat desquels des fonctionnaires indélicats ont touché de substantielles commissions), des hommes d'affaires (au seuil de la faillite) ont fait converger sur Lagos des bâtiments parfois déjà promis à la démolition, avec des chargements de ciment enlevés chez des fournisseurs européens. Ils espéraient ainsi que le gouvernement de Lagos paierait sans sourciller des centaines de milliers de dollars en droit de surestaries aux navires immobilisés. Ce calcul, juste dans un premier temps, est devenu faux. Lagos décide, à la fin de 1975, de ne plus payer de droit aux compagnies qui essaient d'abuser de sa bonne foi.

Ouganda

Kampala. 11 170 000. 47. 3,3 %.
Économie. PNB (72) : 141. Production : G(72) 104. Énerg. (*73) : 64. C.E. (72) : 17 %.
Transports. (72) : 25 700 + 8 200. (73) : 122 M pass./km.
Information. (72) : 7 quotidiens ; tirage global : *78 000. (72) : *275 000. (72) : *15 000. (71) : 8 700 fauteuils. (72) : 34 000.
Santé. (73) : 305.
Éducation. Prim. (72) : 786 227. Sec. et techn. (72) : *55 000. Sup. (71) : 4 463.
Institutions. Indépendant le 9 octobre 1962. État fédéral. République du 8 septembre 1967. Constitution de 1967 ; régime présidentiel Président de la République et chef du gouvernement : maréchal Idi Amin Dada, qui renverse le président Milton Oboté le 15 janvier 1971, Amin Dada est nommé président à vie le 25 juin 1976.

République centrafricaine

Bangui. 2 610 000. 4.
Économie. PNB (71) : 126. Énerg. (*73) : 53. C.E. (71) : 15 %.
Transports. (72) : 6 500 + 3 200. (73) : 91 M pass./km.
Information. (72) : 1 quotidien ; tirage global : 500. (73) : *65 000. (71) : 5 000.
Santé. (72) : 60.
Éducation. Prim. (71) : 177 924. Sec. et techn. (71) : 12 121. Sup. (70) : 88.
Institutions. État indépendant le 13 août 1960. République (1er décembre 1958). Président de la République et chef du gouvernement : maréchal Jean Bedel Bokassa (nommé à vie en février 1972), auteur du coup d'État du 1er janvier 1966 qui renverse le président David Dacko. La Constitution de 1959 est abrogée.

Attentat

Le maréchal Jean Bedel Bokassa échappe, le 3 février 1976, à un attentat à la grenade à l'aéroport de Bangui. Huit personnes impliquées dans cette affaire sont jugées par un tribunal militaire et condamnées à mort ; le 14 février, les condamnés sont passés par les armes. Parmi eux figure le commandant Fidèle Odrou, ancien commandant de l'escadrille centrafricaine et gendre du président Bokassa.