La France s'affirme cependant comme le principal partenaire européen de l'Égypte. La visite officielle qu'entreprend au Caire, du 10 au 14 décembre, le président Giscard d'Estaing contribue à renforcer la coopération entre les deux pays ; Paris participera notamment à l'édification d'un complexe d'industries militaires dans les environs du Caire.

Ayant assuré ses arrières en Europe et en Amérique, le président Sadate cherche à rendre à l'Égypte son rôle dirigeant dans le monde arabe. Il s'y emploie en se faisant le champion des revendications de la résistance palestinienne et le défenseur du camp progressiste au Liban, en essayant encore de discréditer la Syrie, laquelle n'avait cessé de dénoncer la « trahison » que constituait à ses yeux la conclusion de l'accord égypto-israélien sur le Sinaï.

Éthiopie

Addis-Abeba. 27 240 000. 22. 1,9 %.
Économie. PNB (72) : 80. Production : G (72) 109 + A(73) 126. Énerg. (*73) : 35. C.E. (72) : 8 %.
Transports. (*73) : 79 M pass./km, 223 M t/km. (72) : 41 000 + 12 700. (73) : 425 M pass./km.
Information. (72) : 9 quotidiens ; tirage global : *46 000. (73) : *175 000. (73) : *25 000. (72) : 26 100 fauteuils. (73) : 61 000.
Santé. (72) : 350.
Éducation. (71). Prim. : 716 729. Sec. et techn. : 149 303. Sup. : 4 978.
Institutions. Un coup d'État militaire (12 septembre 1974) abolit la monarchie et dépose l'empereur. Parlement dissous, Constitution de 1955 abrogée. Président du conseil militaire gouvernemental provisoire : général Teferi Benti ; succède au général Michael Aman Andom, exécuté le 24 novembre 1974.

Le régime paralysé par les querelles

L'annonce, le 27 août 1975, de la mort de l'empereur Haïlé Sélassié passe pratiquement inaperçue ; l'opinion internationale avait oublié depuis de longs mois le vieux souverain. Après avoir été inconditionnellement adulé pendant son règne de quarante-quatre ans, le roi des rois, déposé le 12 septembre 1974, faisait l'objet des pires accusations, particulièrement de la part de ceux qui l'avaient couvert de louanges. C'est ainsi notamment qu'après avoir été présenté comme l'âme de la résistance éthiopienne contre les envahisseurs italiens. Hailé Sélassié était accusé, avant son décès, d'avoir fui l'ennemi et d'avoir préféré au combat l'exil en Grande-Bretagne.

Les conditions mêmes de sa mort sont mal connues. C'est en vain que l'ancien prince héritier Asfa Wossen, réfugié à Londres, réclame l'autopsie du cadavre de son père, certaines informations incontrôlables ayant fait état de son assassinat. Même les chefs d'État africains témoignent d'une étonnante indifférence devant la disparition de ce vieillard âgé de 83 ans, auquel le président Bongo du Gabon est à peu près le seul à rendre un hommage posthume.

Famine

Cependant, la junte insurrectionnelle qui a chassé l'empereur du pouvoir ne résout aucun des problèmes dont elle a hérité et doit même faire face à des difficultés accrues, qui s'expliquent notamment par les querelles intestines qui paralysent son fonctionnement. La famine, dont les conséquences catastrophiques expliquent partiellement la chute de l'empereur, persiste dans neuf provinces. Ceux qui ont accusé leur prédécesseur d'impéritie sont tout aussi incapables de la juguler.

Selon des témoignages dignes de foi parvenus en Europe en mars, 200 personnes en moyenne meurent quotidiennement de faim dans la capitale éthiopienne. Le Tigre ; le Wollo, le Begemder et le Choa sont parmi les régions les plus gravement touchées, mais le Harrar également, où l'on annonce, en octobre, que plus de 20 000 personnes sont menacées de famine, n'est pas épargné.

Rébellion

Trois questions particulièrement graves continuent de préoccuper les dirigeants de la junte : la guerre d'Erythrée, la rébellion afar, la succession française à Djibouti.

Espérant en terminer avec les rebelles du Front de libération de l'Erythrée (FLE), la junte organise en mai une marche rouge : plusieurs dizaines de milliers de paysans sans terre, de chômeurs, de sinistrés éprouvés par la famine sont regroupés, encadrés par l'armée éthiopienne, appuyés par l'aviation et l'artillerie et acheminés vers la zone des combats, sans succès, semble-t-il. Les autorités d'Addis-Abeba stoppent en tout cas le mouvement au début du mois de juin, à un moment où les dirigeants du FLE exigent l'internationalisation du conflit en lançant un appel à l'ONU et à l'OUA, alors que le président soudanais Nemeiry propose sa médiation.