Sur le plan international, puisqu'il a permis de rattacher à la couronne chérifienne ce territoire aux immenses ressources minières. Mais aussi sur le plan intérieur, car il réalise (pour la première fois depuis bien longtemps) une union sacrée de toutes les forces politiques autour du souverain. Les partis d'opposition, en particulier l'Istiqlal et l'Union socialiste des forces populaires, ont toujours demandé le « retour » du Sahara occidental à la mère patrie et ils avaient même accusé le roi de mollesse ou d'incurie face à ce problème national. Ils ne peuvent donc faire autrement que de se rallier à la nouvelle politique de Hassan II.

Leur soutien est d'ailleurs total et déterminé. Ils participent à la campagne pour la Marche verte et ce sont leurs leaders que le roi envoie comme émissaires pour expliquer sa position à travers le monde. À Paris, en février 1976, Me Abderrahman Bouabid, secrétaire général de l'USFP (Union socialiste des forces populaires), précise en ces termes la position des partis de l'opposition : « l'affaire du Sahara est pour nous définitivement réglée, mais nous souhaitons que ce règlement se situe dans une perspective maghrébine comportant l'association des peuples marocain, algérien et mauritanien à l'édification d'un Maghreb uni, avec notamment la mise en œuvre d'un programme de coopération sur le plan économique ». Il ajoute : « Nous avons un espoir, et même un espoir raisonné, de voir, dans les mois prochains, l'unanimité nationale se traduire par des actes sur le plan de la démocratisation des institutions ». Le dialogue avec le roi semble donc solidement renoué.

Assassinat

Cette unanimité retrouvée risque pourtant d'être remise en cause, le 18 décembre 1975. Le roi vient de gracier trois anciens ministres et des militants de l'USFP, dont Ahmed Benjelloun, et on y voit un signe de détente avant les élections. Mais, quatre jours après la libération de son frère Ahmed, Me Omar Benjelloun, directeur du quotidien de l'USFP, membre du bureau politique et du Comité directeur national du parti, est assassiné dans la rue, à Casablanca.

Ce crime soulève une émotion considérable : Me Benjelloun, qui fut le compagnon et l'ami de Mehdi Ben Barka, a été pendant des années l'âme de l'opposition marocaine. Huit personnes, dont le meurtrier, sont presque aussitôt arrêtées. Elles appartiennent, dit-on de source officielle, à une organisation extrémiste religieuse, l'Organisation de la jeunesse musulmane. Le motif du crime reste pourtant inexpliqué.

France

Le soutien discret apporté par le président Giscard d'Estaing à la cause marocaine dans l'affaire du Sahara s'inscrit dans un contexte de resserrement des liens du Maroc avec la France. Le 16 juillet 1975 interviennent d'importants accords sur l'aide financière, la protection des nouveaux investissements et le fonds de garantie automobile.

Concrétisant les intentions annoncées lors du voyage du président français au Maroc, le roi décide aussi de régler le contentieux franco-marocain : les terres reprises en 1973 aux agriculteurs français sont indemnisées, les droits de transfert des Français quittant définitivement le Maroc sont portés de 10 000 à 250 000 dirhams (environ 275 000 F). L'ensemble de l'aide financière, crédits gouvernementaux et privés, atteint 1 milliard de F en 1975.

La coopération économique se développe en 1976 dans divers domaines : projet de complexe pétrochimique, irrigation de 100 000 ha de plaine dans le Gharb, nouveau câble sous-marin de Marseille à Tétouan. Mais le chapitre le plus important est celui des achats d'armement français. Le Maroc commande à la France des bâtiments de transport militaires (3 patrouilleurs légers Batral, 6 patrouilleurs de 32 m et 2 patrouilleurs rapides de 400 t pouvant être équipés de missiles surface-surface Exocet). On annonce le 16 janvier que Rabat pourrait acheter à la France 75 Mirage F-1 pour renouveler sa flotte aérienne.

5 Français disparaissent

Pendant les vacances de Noël 1975, 5 jeunes Français partent en excursion dans le Sud marocain. Ils disparaissent sans laisser de traces. Ont-ils été enlevés puis exécutés par les maquisards du Front Polisario, comme le prétend Rabat ? Ont-ils été obligés de s'intégrer à un détachement marocain et sont-ils tombés avec lui dans une embuscade, comme on l'affirme à Alger ? La découverte du minibus des jeunes gens à Mahbès, le 9 mars 1976, ne fait que compliquer le mystère de leur disparition.

Sahara occidental

14 octobre 1975, 16 octobre 1975 : ces deux dates marquent à la fois la fin d'une longue attente et le début d'un tournant décisif dans l'histoire du Sahara occidental.