Automobile
Au Salon, la traction progresse... les cylindrées aussi
Paris a donné le traditionnel coup d'envoi des Salons de l'auto, suivi peu après par Londres et Turin. Des trois, c'est le premier qui, de loin, a été le plus brillant (Francfort, organisé tous les deux ans, n'a pas eu lieu en 1970 et les nouveautés allemandes ont été présentées à Paris).
La moisson 1970 a été riche : aucun constructeur français ne s'est présenté les mains vides pour affronter le jugement du million de visiteurs de la Porte de Versailles. Nouveautés d'inégal intérêt sans doute, qui avaient nom : Citroën G S, Chrysler 160 et Chrysler 180 (en fait, des modèles Simca, dont la raison sociale a été modifiée en juillet 1970), break Renault 12 et Renault 12 Gordini, moteur 1 100 cm3 sur la Renault 6 et puissance accrue pour celui de la R 16 ; cylindrée portée de 1 800 à 2 litres pour la Peugeot 504, dotée également d'un diesel, tandis qu'un break apparaît dans la série 304. À cela il faut ajouter des nouveautés étrangères de première grandeur, comme la Volkswagen K 70, l'Opel Manta, la nouvelle série de Ford Taunus, pour ne citer que les plus marquantes.
Pierre Dreyfus, président-directeur de la Régie Renault, soulignait, voici quelques années, « la nécessité pour les constructeurs de disposer d'une gamme susceptible de satisfaire les goûts et les besoins de la clientèle ». Cette affirmation s'est depuis trouvée vérifiée dans les faits. C'est ce souci de la « gamme » qui a dicté la politique de la plupart des constructeurs. Pratiquement, toutes les nouveautés de ce 57e Salon comblent une lacune.
C'est le cas en particulier de la Citroën G S, voiture moyenne qui s'intercale entre l'Ami 8 et les I D et les D S : elle devrait permettre aux clients de la marque de rester fidèles au double chevron lorsqu'ils souhaitent acquérir un modèle de la classe supérieure à l'Ami 8, sans pour autant pouvoir atteindre celle de la D S. La G S était aussi la plus attendue, Citroën ayant le souci de rester en pointe sur le plan technique, qui garde chez cette firme une primauté certaine sur le commercial. La dernière-née fera date également en raison des solutions adoptées sur une voiture dont la cylindrée n'est que de 1 015 cm3 et qui offre des possibilités bien supérieures à celles que l'on attendait habituellement dans cette catégorie. Pour les dirigeants de Citroën, leur G S est véritablement une petite D S et ils s'appuient pour justifier cette affirmation sur les arguments suivants :
– la voiture est très spacieuse, c'est une véritable quatre places en dépit de ses 4,12 m ;
– la suspension hydropneumatique et les quatre roues indépendantes lui assurent un confort et une tenue de route exemplaires ;
– les freins à disque assistés sur les quatre roues lui confèrent un freinage progressif et efficace ;
– la vitesse de pointe est proche de 150 km/h (supérieure à celle de la D S à sa naissance) ;
– le moteur à quatre cylindres à plat refroidi par air (la meilleure solution dans le domaine de la résistance et de la longévité) a été particulièrement étudié pour supprimer son inconvénient majeur : le bruit.
Un bilan nettement positif pour cette voiture qui peut concurrencer des modèles de la classe supérieure. Ses atouts majeurs sont incontestablement sa suspension et son freinage ; il est dommage cependant que le moteur ait tendance à s'essouffler lors du gravissement des côtes à pleine charge. Néanmoins, Citroën a réussi à résoudre des impératifs apparemment contradictoires comme : habitabilité - encombrement, confort - sécurité, performances - économie, refroidissement par air - insonorisation. Les solutions techniques avancées adoptées pour un modèle de grande diffusion offert à un prix abordable (prix du modèle Confort : 11 800 F) doivent donner satisfaction à une clientèle habituée par Citroën à certaines exigences. Quant à la faiblesse relative du moteur, il est facile d'y remédier. Depuis janvier, une version semi-automatique est offerte, moyennant un supplément de 960 francs.
La vignette automobile fleurira sur les pare-brise de toutes les voitures (en circulation ou en stationnement) à partir du 1er décembre 1971. Elle sera obligatoirement apposée sur la partie intérieure droite, au moyen d'une pochette transparente adhésive remise avec la vignette. Cette décision (prise le 27 mai) devrait réduire les contrôles routiers.
Les « grosses » Simca
En dépit du nom finalement donné aux voitures, les Chrysler 160 et 180 sont bien les grosses Simca attendues. La firme de Poissy a complété sa gamme vers le haut avec une voiture présentée sous le même aspect en trois versions différentes et deux moteurs : un 1 639 cm3 pour la 160, un 1 812 cm3 pour la 160 GT et la 180.