Le CLERU (Comité de liaison étudiant pour la rénovation universitaire), de tendance réformiste, remporte quelques succès aux élections universitaires, mais ne parvient guère à s'implanter en dehors de Paris. De même, le MARC (Mouvement d'action et de recherche critique), proche de la CFDT, a une audience limitée.
Au cours du troisième trimestre 1971, plusieurs organisations qui jusque-là fonctionnaient séparément tentent sans grand succès de redonner vie et forme à un syndicalisme apolitique : il s'agit de la Fédération nationale des étudiants des grandes écoles (FNAGE) et de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (ANEMF).
Regroupements et divisions montrent que le syndicalisme étudiant, affaibli par les groupuscules politiques, reste convalescent. Il a cessé de représenter une force réelle dans le pays.
Médecine : le barrage du premier cycle
Barrage sévère à la fin du premier cycle des études médicales : le gouvernement adopte au cours de l'été 1970 les conclusions des quatre groupes de travail créés en décembre 1969. Chargés d'étudier une réforme générale des études médicales, ces groupes devaient avant tout trancher le grand débat qui a agité l'année universitaire 1969-70 (Journal de l'année 1969-70) : oui ou non, le nombre d'étudiants est-il en rapport avec les besoins en médecins de la France.
Poser la question, c'était poser le problème de la sélection. Les rapports des groupes de travail remis au gouvernement en juin 1970 concluent à la nécessité de transformer radicalement l'organisation des deux premières années d'études : le PCEM, premier cycle d'études médicales. Partant du principe que la France aura besoin d'ici quinze ans d'environ 6 500 médecins diplômés chaque année (alors qu'au rythme actuel des entrées en faculté les promotions risquent d'être de plus de 8 000), le gouvernement décide de se ranger à l'avis des spécialistes, qui prévoient un barrage sévère à la fin du premier cycle.
Mais il ne saurait être question de rejeter dans les « ténèbres extérieures » les étudiants non admis dans le second cycle. Toute une gamme de réorientations possibles ont été prévues. Elles correspondent à l'urgence d'organiser en France la formation de ces techniciens de la santé qui existent déjà à l'étranger, notamment aux USA, et dont on prévoit le développement rapide dans les prochaines années. Avec la nouvelle formule du premier cycle, où les enseignements sont fondés sur les matières fondamentales (mathématiques, sciences physiques et chimie, par exemple), les refusés n'auraient plus le sentiment d'avoir perdu deux ans à l'université.
Ces projets n'ont pu être appliqués à la rentrée de 1970. Le Conseil d'État s'avisa qu'ils étaient en contradiction avec l'esprit de la loi d'orientation de l'enseignement supérieur de 1968, qui ne prévoit aucune possibilité d'instaurer une forme quelconque de sélection ou de numerus clausus. L'aménagement de la loi d'orientation voté le 30 juin revient sur ce principe ; la sélection devient obligatoire à la fin de la première année, dans toutes les UER médicales où les capacités hospitalières sont insuffisantes.
Suppression de l'internat
Outre les problèmes posés par les premières années d'études, les groupes de travail ont bu à imaginer une transformation des cycles ultérieurs. Le dernier (septième année d'études et au-delà) fait l'objet des propositions les plus révolutionnaires. Il est prévu (mais cela ne devrait pas entrer en vigueur avant quatre à cinq ans) de transformer le vieux concours de l'internat et de le remplacer par une palette de concours de spécialités, le nombre de places offertes à ces concours étant déterminé en fonction des possibilités d'accueil en « résidents » des hôpitaux. D'autre part, les futurs généralistes pourraient pendant deux ans exercer des fonctions dans des centres hospitaliers (pas nécessairement universitaires pendant la première année) et, en troisième année, suivre des stages chez des praticiens bénévoles, par exemple.
Enfin, la loi hospitalière du 3 janvier 1971 apporte un élément nouveau pour la formation médicale. Elle prévoit que les fonctions hospitalières (théoriquement obligatoires pour tous les étudiants à partir de la seconde année) pourront être exercées dans des établissements publics non universitaires et même dans certains établissements privés à but non lucratif. Le problème du nombre insuffisant de lits des hôpitaux rattachés aux centres hospitaliers universitaires serait donc en partie résolu.