Automobile
Le Salon des offensives et des contre-attaques
Record de visiteurs pour le 55e Salon de l'automobile : 1 060 000 visiteurs, soit 150 000 de plus qu'au Salon de 1967. Mais, surtout, record de nouveaux modèles, français ou étrangers.
Au parc des expositions de la porte de Versailles, pourtant, l'intérêt se portait d'abord autour des stands de Citroën et de Fiat, qu'un hasard malicieux avait placés côte à côte. Le suspense précédant leur union battait son plein et le général de Gaulle, lors de l'inauguration, le 4 octobre 1968, augmentait encore le mystère en déclarant à François Michelin, principal actionnaire de Citroën : « Tout s'arrangera comme il le faut, parce qu'il le faut. Vous voyez ce que je veux dire... ».
La menace — ou l'espoir — d'une proche conclusion de ce mariage à l'italienne qui allait bouleverser toute l'industrie européenne de l'automobile donnait au Salon l'aspect d'un champ de bataille, où chacun des nouveaux modèles présentés par les grands constructeurs représentait une offensive — ou une contre-attaque — sur tel ou tel front du marché.
Traction avant
Au printemps 1969, parmi les nouveautés annoncées par les constructeurs européens, deux nouvelles traction avant. L'une est présentée par la British Leyland. Ce qui n'étonne personne : l'Austin Maxi, une robuste berline, est la digne descendante de la Mini, une des plus célèbres et des plus répandues tout à l'avant. La seconde est plus surprenante. La Fiat 128, une berline moyenne de 6 CV, qui doit remplacer la 1100, est, en effet, la première traction avant produite par la grande firme italienne, adepte du tout à l'arrière ou des formules classiques. C'est la conséquence directe d'une évolution générale en Europe, mais particulièrement manifeste en France : en 1968, 65,6 % des voitures françaises produites étaient des traction avant. Contre 23,5 % seulement en 1960.
Deux grandes nouveautés
Ainsi la sortie simultanée de deux nouveaux modèles par Peugeot et Renault, associés depuis le mois d'avril 1966, prenait le caractère d'une riposte immédiate.
– La Peugeot 504, une grande routière, luxueuse et rapide, bien dans la tradition bourgeoise de Sochaux, vient chasser sur les terres des ID et DS, comme sur celles de la Fiat 125 ou d'un certain nombre de belles étrangères. Elle est offerte en versions carburateur et injection. De conception traditionnelle, elle marque cependant l'abandon par Peugeot de la technique du pont arrière rigide.
– La Renault 6, une traction avant qui s'est inspirée de la Renault 16 pour la silhouette et de la Renault 4 pour la conduite et la mécanique, vient remplacer la Dauphine, qui disparaît après une carrière de douze ans, et plus de 2 millions d'unités produites.
En réponse, Citroën, qui fait toujours attendre son modèle intermédiaire, pare au plus pressé avec quelques modifications significatives :
– Dans le bas de la gamme, la Dyane 6 et, surtout, l'Ami 6 gagnent en puissance. Avec un nouveau moteur de 35 CV, au lieu de 28, l'Ami 6 atteint une vitesse de pointe légèrement supérieure à celle de la Renault 6.
– Riposte évidente à la Peugeot 504, l'ID 20 fait son apparition. Ce modèle, intermédiaire entre l'ID 19 et la DS, est plus puissant et mieux fini. Il est suivi par la DS 20, plus nerveuse et plus rapide que la DS 19, qu'elle remplace.
Diversifier la gamme
Cette politique de diversification des modèles, pour répondre aux désirs d'une clientèle de plus en plus exigeante, est poussée à l'extrême par Simca. Le plus petit constructeur français, associé, lui, au troisième grand américain, Chrysler, a regagné le terrain perdu, grâce au succès de la Simca 1100, qui représente plus de la moitié de ses ventes. Une nouvelle version (5 CV au lieu de 6 dans le modèle normal) reprend le moteur de la Simca 1000 et est vendue au même prix que la R6, qu'elle vient concurrencer.
Pour relancer la Simca 1000, la firme de Poissy la présente en version économique et en version sportive :
– La Simca 4 voit le moteur de la 1000 (944 cm3) ramené à 777 cm3. La vitesse (100 km/h au lieu de 135 km/h) et le prix (6 595 F contre 7 695 F) diminuent.