Chez tous les constructeurs, les mêmes tendances se remarquent :

– Peu de nouveautés techniques ; la traction avant poursuit son avance en France avec la Renault 6. L'injection indirecte d'essence progresse chez Peugeot (504) ou Porsche (911 E). Par contre on ne peut accepter la voiture électronique Jarret que comme un prototype expérimental.

– Beaucoup d'efforts, en revanche, pour améliorer le confort de l'automobiliste, et, aussi, sa sécurité : appui-tête intégré, pour la première fois, dans les sièges avant (504), sièges réglables en hauteur (504, VW 411, Volvo, Jaguar), chauffage de la vitre arrière (Renault 16 TS, Jaguar, Porsche, Citroën), utilisation des phares à iode pour la plupart des voitures rapides.

La première voiture électronique

Est-ce la voiture urbaine de demain, celle qui permettra de rendre à la circulation sa fluidité perdue ? Fabriqué par deux frères, Jean et Jacques Jarret, un curieux prototype d'une voiture électronique a été présenté au Salon de l'automobile, suscitant la curiosité des visiteurs et du plus illustre d'entre eux, le général de Gaulle. Son aspect extérieur diffère singulièrement d'une automobile classique : pédales et volant disparaissent, remplacés par un simple levier, qui, placé dans la main du conducteur, assure par de légers mouvements l'ensemble des opérations de commandes. Grâce à lui, le conducteur informe de ses vœux de variation de vitesse et de trajectoire les moteurs à commutation électronique montés directement sur les roues. Conçu pour transporter deux personnes à une vitesse pouvant varier, selon les usages, de 14 à 60 km/h, ce prototype ne pèse que 100 kg nu, avec 80 kg de batteries. Large de 1,15 m et long de 1,68 m, il passe par des portes de 1,20 m et tourne sur place dans des couloirs de 1,80 m. Seulement, l'autonomie de marche n'atteint que 50 à 80 km.

Le Japon attaque

Encore marginaux, mais déjà dangereux en Europe, les constructeurs japonais étaient encore plus nombreux à Paris. À côté de Honda, Toyota et Hino, deux nouveaux constructeurs attaquent : Nissan, qui présente notamment la Datsun 1600, une berline développant 96 CV et atteignant 160 km/h. Tandis que la Société Toyo-Kogyo, d'Hiroshima, révélait pour la première fois sous la marque Mazda son nouveau coupé Cosmo à moteur rotatif Wankel. Cette nouvelle venue parmi les sportives permet de frôler les 200 km/h ; elle est proposée sur le marché au prix de 35 000 F.

Nouveautés de printemps

À huit jours du printemps, le jeudi 13 mars 1969, le Salon de Genève présente les nouveautés habillées en coupés et cabriolets à tendances plus ou moins sportives : coupé et cabriolet Peugeot 504, dessinés par Pininfarina, Ford Capri, petite Mustang offerte en cinq versions à des prix révolutionnaires (moins de 15 000 F), nouveau coupé Lancia 2000.

Les grosses Opel Admiral, Kapitän et Diplomat ont, elles aussi, été dotées de robes nouvelles. Les Fiat 124 et 125 sont présentées en version spéciale, plus nerveuse et plus rapide. Elles viendront rejoindre, sur des routes aux vitesses limitées, les Renault 16 TS ou Simca 1501 LS.

Tandis que Citroën rajeunit l'Ami 6 par une nouvelle version, l'Ami 8, la véritable bombe du Salon de Genève reste la présentation de la Fiat 130, une grande routière dotée d'un moteur 6 cylindres en V de 2,4 litres ou 2,8 litres, et qui, surtout, est équipée, en série, d'une boîte à transmission automatique. Comme Renault révèle la Renault 16 TA (transmission automatique), le Salon de Genève 1969 constitue une date importante pour la progression de la conduite à l'américaine en Europe.

Portrait-robot de l'automobiliste français

Qui achète quoi ? Un sondage de la Sofres, portant sur des résultats d'immatriculation et les questionnaires de 2 000 automobilistes, permet de répondre (1).

Dans la période considérée, la répartition par marques du nombre d'automobiles vendues en France était la suivante :

Renault : 30 %

Citroën : 26 %

Peugeot : 18 %

Simca : 10 %

Marques étrangères : 15 %

Les femmes, elles, achètent plus volontiers des petites cylindrées : 83 % des voitures achetées par les femmes ont moins de 6 CV (61 % chez les hommes). Ainsi, plus du quart des 2 CV sont vendues à des femmes. Fiat, grâce à ses 500 et 850 cm3, vend le tiers de ses voitures à des femmes, couvrant 8 % du marché féminin français.