La plupart de ces équipements culturels, prévus dans la capitale, ont fait l'objet de concours internationaux ou nationaux, ou de consultations qui ont mobilisé des milliers d'architectes tant français qu'étrangers. Objectif : réaliser ces huit projets majeurs dont François Mitterrand a fait son affaire. Deux correspondent à l'héritage du régime précédent : le musée des sciences et des techniques de La Villette et le musée d'Orsay. Trois autres projets ont vu leur dossier repartir sur de nouvelles bases, aux lendemains de l'élection présidentielle de mai 1981. L'Institut du monde arabe change à la fois de site et d'architecte. Un nouveau parc de La Villette est conçu comme un équipement vivant et animé. Quant à la Tête-Défense, à l'ouest de Paris, un nouvel architecte doit désormais y loger un carrefour international de la communication et deux ministères. Trois réalisations enfin constituent des innovations. Un opéra « moderne et populaire » est créé place de la Bastille. Le ministère de l'Économie et des Finances déménage, dans de nouveaux locaux, de la rue de Rivoli au quai de la Râpée. Du coup, on peut aménager un « Grand Louvre » revu et corrigé...

Vaste programme, qui coûtera, annonce-t-on, 15 milliards de francs, dont 3,5 milliards prévus en 1984 au budget de l'État. Même si Georges Pompidou a laissé son nom accolé au centre Beaubourg et même si Valéry Giscard d'Estaing a lui-même prévu deux musées, c'est la première fois qu'un chef de l'État se lance, au cours d'un seul septennat, dans une entreprise aussi considérable, tant par son ampleur que par ses ambitions culturelles. Plus que de constructions, il s'agit ici d'un projet de civilisation, inscrit dans la pierre. Un « groupe des quatre » conseille le président pour mener à bien ces opérations : le ministre de la Culture, Jack Lang, l'ancien chef de cabinet de Pierre Mauroy, Robert Lion, l'ex-conseiller culturel du président, Paul Guimard, et l'ancien ministre de l'Urbanisme, Roger Quilliot ; s'y ajoute, en outre, son successeur, Paul Quilès. 1984 est une année décisive pour chacun des huit projets, soit par les décisions budgétaires prises, soit par les choix architecturaux effectués.

Le musée des sciences et des techniques

L'ex-salle des ventes des abattoirs de La Villette, après moult avatars et déboires technico-financiers, devient, ô ironie du sort, musée scientifique du xxie siècle. Une idée du précédent septennat pour replâtrer une erreur monumentale vieille d'un quart de siècle.

À l'issue d'une consultation restreinte (24 participants), c'est le président de la République qui choisit lui-même, en septembre 1980, le projet de l'architecte Adrien Fainsilber, 51 ans. Préférant par goût « les réalisations où la fonction dicte la forme », ce professionnel chevronné a cherché, à La Villette, à dégager et à mettre en valeur les structures et les fondations du bâtiment d'origine : quatre piles de béton et des poutrelles métalliques couronnant l'édifice. Les façades vitrées sont prévues en retrait. Une série d'immenses coupoles de verre éclaireront 30 000 mètres carrés d'expositions permanentes et 10 000 manifestations temporaires, des ateliers, une vaste médiathèque, etc.

Face à l'entrée, une salle de spectacle hémisphérique, qui doit être terminée dès la fin 1984.

Le musée d'Orsay

Bâtie par Victor Laloux pour l'Exposition universelle de 1900, la gare d'Orsay va désormais accueillir non plus les voyageurs mais des visiteurs. Ils viendront en effet, dès 1987, voir exposés sur 47 000 mètres carrés, non seulement la peinture et la sculpture mais aussi la photo et le cinéma, le mobilier et l'architecture créés entre 1848 et 1914. Ainsi le décrète Giscard en 1978.

Lauréats en 1979 d'une consultation restreinte, trois architectes d'une quarantaine d'années, Renaud Bardon, Pierre Colboc et Jean-Paul Philippon, sont chargés de la réhabilitation de l'ancienne gare. Leur objectif principal consiste à faire d'un lieu de passage un espace propre à capter puis à concentrer l'attention, d'où le souci de ménager une série de transitions à partir de l'entrée.