Mais les autorités françaises représentées en Principauté ont considéré que de telles émissions portaient atteinte au monopole des commissaires-priseurs, qui ont l'exclusivité des ventes sur leur territoire. Télé-Monte-Carlo a accepté de suspendre provisoirement l'émission Adjugé vendu. Une commission d'enquête du ministère de la Justice doit se prononcer sur la légalité — ou l'illégalité — de ces ventes télévisées qui transgressent le monopole des commissaires-priseurs institué par un édit de Henri II en 1556.

Ce problème risque à nouveau de se poser lorsque des satellites de télécommunication auront la possibilité de couvrir la France entière avec des images envoyées de Londres ou de New York.

Jean Bedel

Photo

De plus en plus créatif

La nouvelle politique culturelle dans le domaine de la photographie donne enfin à cette discipline l'accès aux médias. FR 3, durant toute l'année, présente une remarquable émission d'Agnès Varda, intitulée Une minute pour une image, consacrée chaque jour à une photo différente, commentée en voix off par un non-professionnel.

Dans une autre dimension, les maisons de la culture et autres lieux publics subventionnés mettent de plus en plus leurs murs à la disposition des artistes ou reporters photographes.

Courant esthétique

Ceux à qui l'on propose ce débordement d'images se trouvent, pour une fois, dans la position d'artistes ou de reporters potentiels grâce à la création d'une école, en Arles, sur le lieu même des Rencontres internationales ; et surtout, grâce à la multiplication des stages animés par les grands noms de la photo. Sans cette activité de base, la photographie resterait un art d'élite, réservé aux galeries ou aux grandes agences. Le rôle de ces galeries n'est pas négligeable, puisqu'elles confèrent un prestige nécessaire aux grands maîtres et leur permettent de vivre de leur art. Elles mettent aussi la photographie au rang des beaux-arts et suscitent un vaste courant esthétique dont toute la culture d'un pays peut profiter.

Les grandes manifestations comme Arles (juillet) ou Montpellier (mai) mettent en lumière ce besoin d'un certain prestige, en même temps qu'elles autorisent des rencontres, un dialogue, des confrontations, indispensables à la vie de toute forme d'art.

Trois événements ont dominé à Arles cette année : la grande exposition de Bruce Davidson sur le métro new-yorkais ; la soirée très controversée organisée par Raymond Depardon sur un thème autobiographique ; et l'expérience couronnée de succès de Guy Le Querrec sur le thème du jazz. Un véritable concert a été ainsi monté, qui utilisait les images projetées sur grand écran comme partition. Une expérience qui sera sans doute renouvelée sur d'autres thèmes musicaux.

Thèmes

À Paris, comme dans beaucoup d'autres villes, des expositions s'articulent autour de propositions différentes. Rue de Lappe, c'est toute une voie historique qui est sollicitée, pour se raconter sur ses murs et dans ses lieux privilégiés, comme le Balajo, ou quotidiens, dans les restaurants, les cafés, chez les artisans. Parmi les participants, on relève les noms de William Klein et de Guy Le Querrec.

Ailleurs, c'est l'ARC, au musée d'Art moderne, qui accueille le jazz en images, vu par Dennis Stock, Henri Cartier-Bresson, Jean-Pierre Leloir, Giuseppe Pino et quinze autres, tous concernés, tous en état de jazz. Si les expositions à thème connaissent ainsi les faveurs d'un large public, celles des grands classiques ou des novateurs remportent aussi un franc succès. On retiendra celles de Franco Fontana (octobre), de Lucas Samaras et de Jan Saudek (septembre-octobre), d'Herbert List (juillet-septembre) et de Jean-Philippe Charbonnier (juin-juillet).

Alain Dister

Théâtre

Un nouveau départ à Paris

Miracle à Paris ? Tel est, avec un point d'interrogation, le titre choisi par la très sérieuse revue allemande Theater Heute pour décrire la situation, en cet an de grâce 1983. Il est vrai que beaucoup d'éléments concourent à donner cette impression de renouveau, l'année où Jean-Pierre Vincent s'installe à la Comédie-Française, tandis que Jacques Lassalle lui succède à Strasbourg ; où Patrice Chéreau présente ses deux premiers spectacles à Nanterre ; l'année où Antoine Vitez atteint enfin sa vitesse de croisière à Chaillot, et celle où Giorgio Strehler devait inaugurer à l'Odéon le nouveau Théâtre de l'Europe. Sans oublier les nombreuses troupes, de Paris et de province, auxquelles des subventions accrues, votées en 1981 dans l'enthousiasme des commencements, auront offert une bouffée d'oxygène inespérée. Comme tous les miracles, on peut craindre néanmoins qu'il ne soit éphémère : les largesses du ministère de la Culture ne résisteront pas longtemps aux rigueurs d'un budget de crise. Mais n'anticipons pas, et tenons-nous en, pour une fois, à ce constat de réussite.