D'où l'idée d'améliorer les chances des aciéries françaises en intégrant dans leur catalogue des productions plus rentables, à savoir les aciers spéciaux, qui, contrairement aux aciers bruts, bénéficient d'une demande peu sensible aux aléas de la conjoncture et de marges correctes.

Jusqu'à présent, en France, aciers spéciaux et aciers ordinaires sont produits par des entreprises différentes, les premiers essentiellement par Ugine-Aciers (groupe Pechiney-Ugine-Khulmann) et la division spécialisée de Creusot-Loire (groupe Schneider), les seconds par Usinor et Sacilor. Or PUK et Creusot-Loire perdent de l'argent avec leurs aciers spéciaux, car ils ne veulent pas engager les investissements voulus pour moderniser une activité qu'ils jugent relativement secondaire. Pourquoi ne passeraient-ils pas la main à Usinor et Sacilor, qui ont tout intérêt à compléter vers le haut leurs gammes d'acier ?

C'est à partir de cette constatation de bon sens que se déroulèrent, au printemps dernier, des pourparlers serrés entre Jacques Mayoux (Sacilor), Claude Etchégaray (Usinor), Philippe Boulin (Creusot-Loire) et Philippe Thomas (PUK), l'État intervenant pour hâter les négociations et assurer en partie le financement de l'opération.

Quelle que soit la forme définitive de cette restructuration, l'essentiel est que la sidérurgie française, comme ses concurrentes allemandes et japonaises, parvienne à échapper au moins partiellement au cycle de l'acier. Ainsi, les maîtres de forges ne raisonneront plus uniquement en terme de survie, mais de stratégie d'avenir.

Mécanique

Un nouveau recul

Les activités des entreprises françaises de la mécanique ont — pour la troisième année consécutive — régressé en 1979. La diminution est faible, il est vrai : – 0,6 % par rapport à 1978. Les résultats du début de 1980 ne laissent guère espérer une amélioration sensible durant tout cet exercice.

Pourtant, stimulées sans doute par les succès de leur commerce avec l'étranger, les entreprises de la mécanique se sont donné, en mars 1980, de nouveaux objectifs de progrès d'ici à 1990. Le principal de ces objectifs est de se lancer encore plus vivement dans la concurrence internationale. Le but est clair, sinon facile à atteindre ; les entreprises mécaniciennes doivent s'étoffer, dans un double but :
– résister à la concurrence des grands pays de tradition mécanique (l'Allemagne fédérale, le Japon, les États-Unis), voire grignoter une partie de leur puissance ;
– faire pièce à l'entrée dans l'arène des producteurs de jeunes nations tels la Corée du Sud — qui commence à montrer le bout du nez — et, sans doute bientôt, le Brésil.

Plan décennal

Le plan décennal mis au point par la Fédération de la mécanique peut être ramené à deux points :
– améliorer les capacités propres d'innovation des entreprises. Actuellement, la balance des brevets de cette industrie est fortement déficitaire (108 millions de F de recettes ; 415 millions de F de dépenses) et l'effort de recherche-développement fait par la profession est faible. Or, par cette voie, passent notamment l'amélioration du savoir-faire des firmes et leur adaptation aux transformations technologiques (microélectronique ; physique du solide ; optoélectronique) ;
– concevoir des produits d'abord pour le marché international, et non plus des produits pour le marché intérieur que l'on cherche, ensuite, à exporter.

Plus généralement, selon la Fédération de la mécanique, les entreprises devraient, à terme, se classer en deux catégories : les unes à vocation d'ensembliers, très axées sur l'exportation, auraient des tâches de conception ; les autres fabriqueraient des composants (au sens large) et assureraient leur diversité par la multiplication sectorielle de leurs débouchés.

Grands secteurs

La production en valeur de la mécanique — 126,5 milliards de F — a progressé de 9,9 % en 1979 ; en volume, elle a diminué de 0,6 % (– 0,4 % en 1978 ; – 0,1 % en 1976) et n'a pas encore retrouvé ses sommets de 1972 et de 1973. Vus de plus près, c'est-à-dire par grands secteurs, les résultats des firmes mécaniciennes sont cependant plus encourageants.