La bagarre entre Édouard Leclerc (celui des centres qui portent son nom) et Carrefour, qui avait trouvé bon de se lancer dans la publicité comparative avec l'« indice des économies » (affichage des comparaisons de prix avec ses concurrents géographique ment directs), a fait long feu. Carrefour a renoncé, après six mois, à utiliser publicitairement cet indice, tout en continuant à s'en servir à usage interne.

Attendre

En fait, la grande affaire du commerce a été, début 1980, la libération des marges, accordée moyennant des « engagements de développement de la concurrence, d'information et de protection des consommateurs ». Il faudra attendre pour savoir si, réellement, la liberté assortie de concurrence est plus efficace que la réglementation sur la progression des indices des prix de détail.

Agriculture

La crise européenne ébranle la politique agricole commune

Le fait dominant de l'année agricole 1979-1980 est la crise qui secoue l'Europe verte. La politique agricole commune, toujours fondamentale pour l'agriculture française, est violemment attaquée par la Grande-Bretagne et, dans une moindre mesure, par la RFA. La nécessité de la réforme de cette politique est reconnue, plus ou moins implicitement, par tous les pays membres de la Communauté, dont la France en premier lieu, ce qui est nouveau, et, fait révolutionnaire, par les Chambres d'agriculture.

La dégradation de la politique agricole commune, les montants compensatoires monétaires et les échecs successifs des négociations communautaires provoquent le mécontentement et l'inquiétude des agriculteurs. Notamment des producteurs de fruits et de légumes, de lait et de viande et, parmi ceux-ci, des éleveurs d'ovins, qui voient s'éterniser la guerre du mouton entre la Grande-Bretagne et la France.

La conjoncture est marquée par une augmentation continue et importante du volume de production et par une hausse moyenne des prix. Les coûts de production s'accroissent encore. Conséquence, le revenu agricole stagne puisqu'il ne progresse que de 0,3 %. De nombreuses mesures sont décidées en faveur de l'agriculture afin de lui permettre de mieux résister à la concurrence étrangère ainsi qu'à la hausse des charges. Les pouvoirs publics donnent la priorité à plusieurs secteurs tels que élevage, vin, productions méditerranéennes, filière bois et filière du progrès.

La loi d'orientation agricole, annoncée par le président de la République à Vassy en décembre 1977, est définitivement votée le 4 juin 1980.

Conférence

La concertation entre dirigeants agricoles et pouvoirs publics se renforce. Des rencontres au plus haut niveau ont lieu au cours de l'année.

La 9e conférence annuelle se tient en novembre à Matignon. C'est la plus difficile de la série, Raymond Barre rompant avec l'habitude prise d'accorder à l'agriculture de nouveaux crédits constituant, en fait, un budget-bis. Les dirigeants agricoles réclament 1,3 milliard d'aides diverses. Ils obtiendront seulement 68 millions, promis au ministre Pierre Méhaignerie, et destinés à augmenter les crédits d'orientation de l'année en cours.

Mais trois dossiers fondamentaux sont ouverts : orientation des productions en fonction de la demande, renforcement de la filière du progrès, et agriculture et énergie. Quatre orientations sont décidées : conquérir les marchés extérieure grâce à des produits à forte valeur ajoutée ; mise en œuvre d'un plan pluriannuel de l'élevage, notamment pour les races à viande ; revalorisation de l'indemnité spéciale montagne ; amélioration de la compétitivité des productions méditerranéennes.

À la suite de la fixation des prix agricoles à Bruxelles, le ministre de l'Agriculture annonce, le 30 mai, la mise en œuvre du plan pluriannuel de l'élevage, qui sera doté de 5,5 milliards de F sur cinq ans. Six options sont définies : faciliter la reconversion laitière, promouvoir un modèle français de développement, renforcer la maîtrise technico-économique des élevages, améliorer la qualité de la production, développer les industries de transformation, accroître les exportations. L'objectif est d'atteindre un excédent commercial de 2,5 milliards au lieu du déficit actuel de 2 milliards. La production de viande bovine doit augmenter de 100 000 t en 1985, en plus des 1,6 million de t prévues, et celle de viande porcine, de 150 000 t.