New York
Ville des États-Unis, dans l'État de New York, sur l'océan Atlantique, à l'embouchure de l'Hudson.
- Nom des habitants : New-Yorkais
- Population pour l'agglomération : 18 604 000 hab. (estimation pour 2016)
La ville a été fondée à la pointe sud de l'île de Manhattan, où s'étend le quartier des affaires (Wall Street). Elle s'est développée au XIXe siècle au Nord (Bronx, au-delà du quartier noir de Harlem), débordant sur le New Jersey au-delà de l'Hudson et sur les îles voisines : Long Island (quartiers de Brooklyn et de Queens, au-delà de l'East River) et Staten Island (Richmond). New York est un très grand port, un nœud aérien et ferroviaire, un centre industriel et surtout tertiaire (commerces, administrations, tourisme).
Cité cosmopolite, New York constitue l'une des grandes métropoles du monde par son poids démographique, le volume et la variété de sa production industrielle, surtout peut-être par sa puissance financière (dont Wall Street est un symbole) et son rayonnement culturel. La ville est le siège de l'Organisation des Nations unies (ONU) depuis 1946.
GÉOGRAPHIE
Le site de New York comprend l'île de Manhattan (lieu du premier établissement hollandais au xviie siècle), la partie ouest de Long Island (Brooklyn et Queens), l'isthme entre l'Hudson et l'East River (Bronx) et Richmond (Staten Island). Au-delà de ces cinq « boroughs », l'agglomération s'est étendue dans l'État voisin du New Jersey, dans le centre de Long Island, sur la rive nord du détroit de Long Island et le long de l'Hudson vers l'amont.
La fonction portuaire et l'importance du nœud ferroviaire, à la base de la croissance de l'agglomération, demeurent. La ville est également un centre autoroutier, et trois aéroports (J. F. Kennedy, Newark, La Guardia) accueillent des dizaines de millions de passagers. Parmi les branches industrielles émergent les constructions électriques, la chimie, l'édition et toujours la confection. Mais le tertiaire assure la majeure partie des emplois : commerce (de transit, de gros et de détail), administration (institutions nationales et internationales [siège de l'Organisation des Nations unies (ONU)]), enseignement et activités culturelles et aussi touristiques, la ville demeure, et de loin, la première place financière du monde. Ce poids n'est pas sans contrepartie : difficultés de circulation, d'alimentation en eau, problèmes de pollution, délinquance et tensions sociales et raciales liées au chômage, à la constitution de ghettos ethniques (Noirs, Portoricains).
1. Le site portuaire
Le site portuaire est un des éléments fondamentaux de la localisation et du développement de New York. C’est celui d’une baie abritée (Upper New York Bay), séparée du large par un détroit (The Narrows) et une rade extérieure (Lower New York Bay), elle-même protégée par la pointe de Rockaway et la flèche de Sandy Hook. L’amplitude de la marée y est faible (1,5 m), et les profondeurs suffisantes, du moins au centre, pour les bateaux ne tirant pas plus de 15 m. Le port primitif s’est établi en amont de l’Upper Bay, près des eaux profondes de l’East River (désavantagée cependant par de forts courants de marée) et surtout de l’Hudson : de la Batterie (The Battery) à la 72e rue, la rive du fleuve est restée jusqu’à nos jours une des principales zones portuaires.
À mesure que s’étendait l’agglomération urbaine et que s’accroissait le trafic maritime, d’autres espaces d’eau se sont successivement intégrés au site. Au xixe siècle, les hauts-fonds de l’Upper Bay à l’est (Brooklyn) et à l’ouest (Jersey City, Bayonne) ont été soit dragués, soit remblayés et aménagés en quais et zones d’entrepôts, tandis que sur la rive new-jersaise de l’Hudson la profondeur du fleuve, associée à un terre-plein naturel au pied des Palisades, créait un site favorable à l’installation de piers et de terminaux ferroviaires. Avec l’expansion des industries pétrolières et chimiques, le port a annexé la baie de Newark et le Kill Van Kull, aux eaux suffisamment profondes, puis l’Arthur Kill, qu’il faut constamment draguer. Par suite des progrès des transports par conteneurs et de l’encombrement de certains secteurs portuaires, de nouveaux éléments potentiels du site entrent en jeu : rive ouest de la baie de Newark (espaces aménageables par remblaiement), façade de Staten Island sur les Narrows (eaux profondes de 20 à 30 m), East River entre Queens et Bronx (terrains disponibles sur les rives).
2. Le site urbain
Aux nappes d’eau qui forment le site portuaire sont associés des espaces terrestres, trois éléments morphologiques qui constituent le site urbain :
– l’île de Manhattan, cœur de New York, fait partie du massif précambrien de gneiss et micaschistes bordé par le fleuve Hudson et le détroit de Long Island ;
– Long Island (occupée à l’ouest par Brooklyn et Queens et progressivement incorporée à l’aire urbanisée dont le front progresse vers l’est) et le New Jersey au sud de la baie de la Raritan (banlieue lointaine et frontière industrielle de New York) appartiennent à la Plaine côtière, le détroit de Long Island formant la dépression périphérique ennoyée entre un massif ancien et un bassin sédimentaire ;
– le bassin triasique de Newark, qui constitue une zone basse excavée dans les grès et schistes marneux tendres entre le socle précambrien à l’ouest et la Plaine côtière New Jersey-Long Island à l’est. Le trias contient cependant un filon-couche épais de diabase (300 m) qui forme une falaise (les Palisades) dominant l’Hudson et, localement, l’étroite plaine alluviale mentionnée plus haut (routes et voies ferrées doivent franchir la falaise, qui s’abaisse d’ailleurs vers le sud, par des rampes ou des tunnels). À l’exclusion de la baie de Newark, partiellement surcreusée par les glaciers, la zone basse triasique est occupée par des chenaux peu profonds (Arthur Kill), des rivières au cours paresseux (Passaic, Hackensack) et des marécages qui, après remblaiement, sont le site d’aéroports, de zones industrielles, d’entrepôts à conteneurs.
Aussi importante que le site portuaire et urbain est la situation de New York à l’embouchure de l’Hudson, que les navires de mer peuvent remonter jusqu’à Albany ; de là, suivant son affluent, la Mohawk, en amont de chutes que peut doubler un portage, on atteint les plaines bordant l’Érié et l’Ontario. New York est la seule ville de la côte atlantique bénéficiant d’une telle percée vers l’intérieur. Cet avantage potentiel ne fut exploité qu’après l’élimination de la puissance iroquoise et l’ouverture du canal de l’Érié en 1825 et plus encore avec la construction des voies ferrées. Cette situation est le principal facteur de l’expansion remarquable de New York. Autre avantage, la position centrale de la ville entre les États atlantiques l’aida à s’attribuer une part croissante du commerce transatlantique.
3. La situation de New York aujourd'hui
Aujourd’hui, la situation de New York paraît excentrique par rapport au centre de population et au centre de gravité économique, localisés à l’ouest des Appalaches. Cependant, outre l’effet d’inertie, le poids des avantages acquis, New York bénéficie de sa proximité relative de l’Europe et des rapports étroits qu’elle entretient avec elle. Au temps de la grande immigration, le premier contact des Européens avec le Nouveau Monde se faisait par New York, où un grand nombre d’entre eux se fixèrent, apportant leur travail ou leur savoir. Par suite de l’expansion économique de l’Europe occidentale, les relations anciennes tissées avec celle-ci profitent à New York plus qu’à aucune autre ville américaine : une grande partie des exportations et surtout des importations américaines passe par New York.
4. Quartiers et banlieues de New York
4.1. Manhattan
À l’intérieur d’une agglomération aux aspects fort variés, Manhattan présente le spectacle de la plus grande diversité. Au nord de la 14e rue domine un plan rectangulaire d’avenues orientées N.-N.-E. - S.-S.-O. et de rues orientées O.-N.-O. - E.-S.-E., la 5e avenue séparant les rues ouest et les rues est. Seul le Broadway, ancien chemin indien, coupe indifféremment rues et avenues de l’extrême sud à l’extrême nord. Au sud de Canal Street, le plan de la vieille ville est très irrégulier. Les gratte-ciel font partie du paysage new-yorkais ; la plupart sont situés soit entre les 33e et 53e rues, à proximité de la 5e avenue, par exemple ceux du Rockefeller Center et l’Empire State Building (382 m), soit à l’extrême sud, où se trouvaient les deux tours du World Trade Center (412 m). Ailleurs dominent les immeubles collectifs de taille et d’âge variables : maisons de brique du xixe siècle, à escalier métallique extérieur, hautes de trois ou quatre étages, comme on en voit encore beaucoup ici et là dans un état fort délabré ; grandes bâtisses du début du xxe siècle, à quatre ou cinq étages, abritant ateliers, entrepôts ou magasins ; blocs locatifs construits entre les deux guerres près de l’East River et au nord de la 86e rue.
On peut diviser Manhattan en trois parties séparées par les 14e et 59e rues. L’extrême sud de l’île, Downtown, renferme le Financial District (Wall Street, Chase Manhattan Bank Building), qui a annexé le Lower Broadway et s’étend maintenant jusqu’à West Houston Street, et le Civic Center (hôtel de ville, police, tribunaux). Ce dernier confine à trois quartiers pittoresques : Chinatown, Little Italy et le Bowery. Entre ces derniers et les blocs des grands lotissements bordant l’East River (Government Smith Houses, Baruch Houses), le Lower East Side, héritier de l’ancien quartier juif, plus ou moins transformé en taudis, abrite encore quelques Juifs et des Portoricains. Plus au nord se trouve Greenwich Village, sorte de Saint-Germain-des-Prés, où habitent des artistes et où se maintient une des colonies italiennes de la ville. Washington Square est un quartier de résidences aisées et de bâtiments universitaires (université de New York).
Midtown
Midtown est le quartier de prestige de Manhattan avec ses gratte-ciel anciens (Empire State Building, Chrysler Building) ou nouveaux (Park Avenue), ses grands magasins, ses boutiques de luxe, ses théâtres, le siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), la cathédrale Saint Patrick. Broadway, les 34e et 42e rues, la 5e avenue, les avenues Park, Madison, des Amériques, Times Square sont les lieux les plus animés ou les plus élégants. Ici et là subsistent des ateliers de confection (Garment Center entre les 34e et 42e rues).
Uptown
Uptown commence à la 59e rue, comme Central Park, qui se poursuit, jusqu’à la 110e rue, entre les 5e et 8e avenues, séparant ainsi un West Side et un East Side. Dans le West Side, près de Broadway, le Lincoln Center rassemble tout ce qui concerne les arts (Philharmonie, Metropolitan Opera) ; plus au nord se situent des quartiers d’habitation en blocs collectifs, l’université Columbia, puis Washington Heights avec ses résidences luxueuses. Au-delà de l’avenue des millionnaires (la 5e avenue en bordure de Central Park jusqu’à la 81e rue), l’East Side garde la trace d’anciens quartiers ethniques (allemand, mais rapidement assimilé à Yorkville, hongrois vers la 95e rue, italien vers la 102e) et en abrite de nouveaux (noir à Harlem entre la 110e rue et la rivière d’Harlem, portoricain à East Harlem). Manhattan, qui a compté plus de 2 millions d’habitants en 1910 (soit 39 000 hab. au km2), n’en a plus qu’un million et demi.
4.2. Brooklyn
Brooklyn (2 504 000 hab.) est également en régression. Il est caractérisé par une grande diversité ethnique et sociale et une immensité qui, associée à son plan régulier (deux types de damiers), le rend inhumain. Une partie des Brooklyn Heights a gardé son cachet vieillot et bourgeois, mais elle est cernée par des secteurs en voie de transformation en taudis (South Brooklyn, Green Point, Williamsburg) et les installations de l’US Navy. Il y a des quartiers bien entretenus, comme Bay Ridge, occupé par des Scandinaves, des quartiers juifs, italiens, slaves, parfois dégradés, et aussi un vaste ghetto noir de plus de 200 000 habitants qui s’étend en tache d’huile entre Prospect Park et Queens.
4.3. Queens
Le Queens (2 230 000 hab.) est un borough peuplé plus récemment, plus aéré et qui poursuit sa croissance. À côté de secteurs pauvres et de quartiers riches, peu étendus, le Queens, quoique formant un borough de New York, se présente plutôt comme une banlieue de classe moyenne, avec ses maisons groupées en secteurs socialement homogènes.
4.4. Le Bronx
Au contraire, le Bronx (1 385 000 hab.) est très diversifié socialement ; il comprend des quartiers riches au bord de l’Hudson, des quartiers anciennement blancs au centre, abandonnés aux Noirs et aux Portoricains, et un nouveau quartier de classes moyennes entre Bronx Park et Pelham Bay Park. C’est un borough principalement résidentiel.
4.5. Les banlieues
Les banlieues prolongent New York dans toutes les directions et de plus en plus loin. Vers le nord, elles atteignent Tarrytown sur l’Hudson, Stamford et Norwalk au Connecticut. Elles se développent surtout dans Long Island, à l’est de Queens, dans le comté de Nassau et dans celui de Suffolk, où le taux de croissance est le plus élevé. Aux portes de New York, accessible de Manhattan et de Brooklyn depuis 1964 (pont Verrazano), Staten Island s’ouvre à la suburbanisation avec le borough de Richmond. Dans le New Jersey, les anciennes banlieues, Jersey City, Hoboken, Newark, et les zones industrielles anciennes, comme Paterson, sont devenues des centres urbains à fonctions diversifiées ; n’y résident guère que des ouvriers, surtout des Américains venus d'Italie et, dans une proportion croissante, des Noirs. La nouvelle frontière du peuplement atteint le nord des comtés de Passaic et de Bergen ainsi que les comtés de Morris, de Somerset et de Middlesex, et elle se trouve ainsi en bien des points plus proche de la Pennsylvanie que de la baie de Newark.
L'HISTOIRE DE NEW YORK ET LE DÉVELOPPEMENT DE L'AGGLOMÉRATION
Un navigateur italien au service du roi de France, Giovanni da Verrazzano (ou Verrazano), découvre la baie en 1524. Mais ce sont les Hollandais qui, en 1626, achètent aux Indiens pour 24 dollars l'île de Manhattan et y construisent une bourgade, La Nouvelle-Amsterdam (en néerlandais Nieuw-Amsterdam). Elle compte vers 1660 un millier d'habitants qui lui donnent un caractère cosmopolite. En 1664, elle tombe aux mains des Anglais, qui, en l'honneur du frère de Charles II, la baptisent New York.
Sans être spectaculaires, les progrès de la cité sont constants. La nature avantage le port, par lequel sont expédiés vers l'Angleterre du blé, des fourrures, des porcs et des bœufs, et reçus les sucres et mélasses des Antilles. Mais la pauvreté de la région intérieure et la proximité de la barrière indienne limitent, tout au long de la période coloniale, l'essor de New York. À la veille de la Révolution, la ville abrite 25 000 habitants ; elle dépasse nettement Boston, mais se situe derrière Philadelphie, qui joue le rôle de centre économique, politique et intellectuel des colonies, puis de la jeune République.
Les New-yorkais n'ont été que modérément partisans de la rupture avec la Grande-Bretagne, par loyalisme et par intérêt. Mais l'indépendance, qui fait de la ville la capitale provisoire des jeunes États-Unis, marque le début de leur fortune, et celle-ci ne cesse de s'accroître grâce aux activités du port. Les commerçants de New York achètent les produits textiles anglais et transportent en Europe le coton du Sud. Des lignes régulières (les packets) assurent ce trafic sans interruption et ajoutent à leurs activités commerciales le transport des passagers.
En 1825, l'ouverture du canal de l'Érié, exploitant la Water Level Route de l'Hudson-Mohawk, fait de New York le centre d'exportation des blés du Middle West. Les relations du port avec le reste du pays se développent : des caboteurs distribuent dans le Sud les produits manufacturés venus d'Europe et reviennent chargés de coton ; des péniches assurent la liaison avec les Grands Lacs et le bassin du Mississippi. À partir de 1850, les chemins de fer confèrent à New York un atout de plus. Les capitaux qui proviennent du commerce extérieur sont investis dans le commerce de gros et de détail, dans les assurances, dans l'industrie (confection, fonderie, métallurgie, chaussures, ameublement, raffinage du sucre, brasseries). Les banques de Wall Street l'emportent bientôt sur celles de Philadelphie. En 1817, le Stock Exchange s'ouvre ; en l'espace d'une vingtaine d'années, il accapare la plus grande partie du marché national des titres. Les voiliers rapides qui battent les records de vitesse sur l'Atlantique franchissent aussi le cap Horn pour atteindre la Californie et l'Extrême-Orient.
En 1860, les constructions s'étendent dans Manhattan jusqu'à la limite sud de Central Park. La population continue d'être cosmopolite ; des immigrants de toutes origines, en particulier des Allemands et des Irlandais, transitent par la ville ou s'y installent dans les quartiers nationaux, où ils ont leurs écoles, leurs magasins, leurs églises, leurs organisations politiques. Plus de 33 000 personnes vivent dans l'île en 1790, 515 394 en 1850, 830 000 en 1860, et l'agglomération passe de 336 000 habitants en 1820 à 1 627 000 en 1860. De l'autre côté de l'East River, Brooklyn forme une commune indépendante qui compte près de 300 000 habitants à la veille de la guerre civile. Dans l'ensemble de l'agglomération, les Noirs constituent une très petite minorité, à peine 2 % du total.
De 1860 à la fin du siècle, une croissance extraordinaire se manifeste dans tous les domaines. des industries apparaissent ou se développent. C'est le cas de la confection (organisée vers le milieu du siècle, mais appelée à devenir la principale industrie new-yorkaise avec l'arrivée massive des Juifs, surtout à partir de 1880) et celui des industries de biens de consommation comme l'ameublement et la fabrication d'articles en cuir (chaussures entre autres). La métallurgie secondaire et la construction mécanique prennent une grande importance (tréfilerie, quincaillerie, machines à vapeur, machines pour l'industrie de la confection et de la chaussure, ces dernières concurrençant celles de Nouvelle-Angleterre). Le trafic du port est en progrès constants ; New York importe des vivres et des matières premières ; les exportations, limitées à cette époque par la demande intérieure, comprennent quelques articles manufacturés et les denrées agricoles d'un arrière-pays étendu à la région des Grands Lacs. La place manquant à Manhattan pour la manutention des marchandises, les aménagements portuaires gagnent Brooklyn et la rive new-jersaise de l'Hudson, reliée par « ferries » à Manhattan. L'extension du réseau ferroviaire, surtout à partir des années 1860, a pour effet de concentrer de plus en plus le commerce à New York ; terminaux ferroviaires ou gares de triage sont construits à Manhattan et principalement sur la rive du New Jersey.
Durant la même période, la population s'accroît à un rythme très rapide, New York retenant une grande partie des immigrants qui passent par son port (presque unique point d'entrée pour eux), notamment à partir de 1890. En effet, Irlandais exceptés, une fraction seulement des immigrants d'avant 1890, en majorité allemands, scandinaves et anglo-écossais, restait à New York, les autres gagnant les campagnes et les villes du Midwest, tandis qu'après cette date le courant d'immigration comprend de plus en plus de Méditerranéens et de Slaves, qui, faute de moyens pour aller plus loin, se fixent à New York (et dans les grandes villes de l'Est). L'agglomération, qui rassemblait 2 800 000 habitants en 1880, en a 5 050 000 en 1900 (dont 3 440 000 à New York).
L'aire urbanisée s'est étendue en conséquence.
À partir de 1870, à la suite de la construction de lignes de tramways surélevées (Elevated) sur les avenues de Manhattan, l'espace bâti, qui atteignait alors la 59e rue, progresse rapidement de part et d'autre de Central Park jusqu'à la plaine de Harlem. Les immigrants de la première génération s'établissent par quartiers ethniques à Manhattan, tandis que les Américains de plus vieille date préfèrent les quartiers résidentiels de Brooklyn (relié à Manhattan par le « pont de Brooklyn » depuis 1883) et de Queens, ainsi que la rive new-jersaise (Jersey City, Hoboken).
L'avènement du métro souterrain en 1904 et 1905, qui complète et remplace partiellement l'Elevated, marque le début d'une ère nouvelle. L'IRT (Interborough Rapid Transit) et le BMT (Brooklyn Manhattan Transit) ouvrent des lignes qui réunissent le Bronx à Queens et Brooklyn en passant par Manhattan. L'une d'elles, la Seventh Avenue Broadway Line, mesure 36 km de longueur, de South Brooklyn au parc Van Cortlandt (Bronx). Grâce au métro, l'aire urbaine s'étend ainsi dans le Bronx et dans l'est de Queens et Brooklyn, que trois nouveaux ponts jetés sur l'East River entre 1900 et 1914 contribuent à mieux souder à Manhattan.
L'immigration, d'Europe orientale et méditerranéenne principalement, se poursuit jusqu'en 1914 : des foules misérables de Juifs russes, d'Italiens du Sud, de sujets de l'empire d'Autriche-Hongrie débarquent à Ellis Island. Elles constituent la main-d'œuvre à bon marché dont a besoin l'industrie. Ces immigrants, plus difficilement assimilables que les Germains et les Scandinaves dans le creuset anglo-saxon, s'entassent dans le Lower East Side et d'autres ghettos de Manhattan progressivement transformés en taudis. De leur côté, les vieux Américains et assimilés des classes moyennes se « suburbanisent » : les comtés de Westchester et de Nassau dans le New York, les comtés du nord-est du New Jersey s'intègrent progressivement à l'agglomération. Les quinze comtés de l'agglomération comptent près de 7 500 000 habitants à la veille de la Première Guerre mondiale, dont 5 000 000 pour les cinq boroughs de New York City.
Entre les deux guerres, surtout jusqu'à la crise mondiale, le système des transports en commun s'améliore et s'étend. Le métro est prolongé dans Brooklyn jusqu'à Coney Island et jusqu'à Richmond Hill au centre de Queens (1930). L'Independant Subway system ouvre une ligne le long de la 8e avenue à Manhattan (1932). On perce des tunnels routiers sous l'East River (Queens-Midtown) et l'Hudson (Lincoln et Holland). En conséquence, la suburbanisation, favorisée aussi par le développement de la voiture individuelle, s'étend dans toutes les directions ; les industries se dispersent dans l'agglomération à la faveur de la mobilité accrue de la main-d'œuvre.
Entre les deux guerres mondiales arrivent des Noirs du Sud et, après la seconde, des Portoricains. Faute de place, les industries gagnent des secteurs éloignés, surtout dans le New Jersey, où se développent de nouveaux quartiers d'habitation.
L'ARCHITECTURE À NEW YORK
S'il reste peu de témoignages des siècles précédents (Saint Paul's Chapel, 1764 ; Saint Mark's in the Bowery, 1799), les bâtiments du xixe s. sont encore nombreux, particulièrement l'hôtel de ville (1811), le Federal Hall National Memorial (1842) ou l'ensemble de Colonnade Row (1836), ainsi que divers édifices néo-gothiques, comme la Trinity Church (1846), l'entrée du Greenwood Cemetery (1861) ou la cathédrale Saint Patrick (1879). On doit noter l'importance de la construction en fonte, dont un quartier entier – le « Cast-Iron District » de Manhattan – reste le témoignage, regroupant des édifices aussi significatifs que les Laing Stores (1849), seul bâtiment de James Bogardus encore existant à New York, ou le Haughwout Building de John P. Gaynor, construit en fonte par Daniel Badger, le rival de Bogardus, et équipé dès l'origine (1857) du premier ascenseur des États-Unis, réalisé par Elisha Graves Otis.
La fin du xixe s. est riche en monuments inspirés par l'esprit « Beaux-Arts » français : New York Public Library (1898-1911), Grand Central Terminal (1903-1913) ainsi que les nombreuses œuvres de la firme Charles F. McKim, William R. Mead and Stanford White : Low Memorial Library de la Columbia University (1893-1897), Hall of Fame de l'université de New York (1896-1900), Washington Square Memorial Arch (1889-1892), enfin la très belle Pennsylvania Station (1906-1910), détruite en 1966 (et aujourd'hui souterraine).
À partir du début du xxe s., les gratte-ciel occupent une place de plus en plus importante dans l'architecture new-yorkaise : Bayard Building (L. H. Sullivan, 1898) et Flat-Iron Building (D. H. Burnham, 1902), qui sont des émanations de l'école de Chicago ; puis des œuvres spécifiquement new-yorkaises, à tendances généralement néogothiques, telles que celles de Cass Gilbert (West Street Building, 1905 ; Woolworth Building, 1913), de McKim, Mead and White (Villard Houses, 1909), d'Ernest R. Graham, le successeur de Burnham (Equitable Building, 1915), de Helmle and Corbett (Bush Terminal Buildings, 1918), de Raymond Hood (American Radiator Building, 1924) ou d'Arthur L. Harmon (Shelton Towers Hotel, 1924). Avec l'Empire State Building (Shreve, Lamb and Harmon, 1930-1932) et le Rockefeller Center (1931-1940) culmine cette première période de l'histoire du gratte-ciel new-yorkais, en même temps que se manifeste le rejet de l'esthétique néo-gothique (Daily News Building, par John Mead Howells et R. Hood, 1930).
Après la Seconde Guerre mondiale, un style renouvelé de gratte-ciel apparaît avec le Secrétariat de l'O.N.U. (1947-1953), par Wallace K. Harrison sur une idée de Le Corbusier. La firme SOM se spécialisera dans cette nouvelle formule, dont son architecte en chef, Gordon Bunshaft, est le praticien particulièrement habile : Lever House (1952), Corning Glass Building (1959), Union Carbide Building (1960), Chase Manhattan Bank (1957-1960). Le Seagram Building de Mies van der Rohe (1958) constitue l'aboutissement de cette tendance et sa plus belle expression.
Des architectes comme Walter Gropius (Pan Am Building, 1963) ou Eero Saarinen (Columbia Broadcasting Society Building, 1965) tenteront une redéfinition de l'esthétique du gratte-ciel, mais leurs successeurs ne seront guère inspirés (AT and T Building, de Philip Johnson, 1981). Parallèlement, la tendance au gigantisme, également manifeste à Chicago, autorisera des constructions hors d'échelle, telles que le World Trade Center de Minoru Yamasaki and Ass. et Emery Roth and Sons (1975) : deux tours jumelles de cent dix étages, sept fois la surface de planchers de l'Empire State, quatre fois celle du Pan Am Building. (Les deux tours jumelles se sont effondrées à la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001.)
L'architecture new-yorkaise, quand elle n'est pas celle des gratte-ciel, touche essentiellement au domaine culturel : Solomon R. Guggenheim Museum de Frank Lloyd Wright (1959), Begrisch Hall, amphithéâtre universitaire (1963), et Whitney Museum (1966) de Marcel Breuer, Museum of Arts and Design (1965) de Edward Durell Stone, Vivian Beaumont Theater (1965) d'Eero Saarinen, Ford Foundation Building (1967) de Kevin Roche et John Dinkeloo, les anciens collaborateurs de Saarinen. Certaines de ces œuvres tombent dans un monumentalisme vide de sens : le Philharmonic Hall (1962), le New York State Theater (1964) et le Metropolitan Opera House (1966), groupés dans l'ensemble du Lincoln Center, donnent une idée assez pessimiste de l'évolution contemporaine des courants architecturaux à New York.
LES PRINCIPAUX MUSÉES DE NEW YORK
The Metropolitan Museum of Art
Musée le plus important des États-Unis d'Amérique, et l'un des plus importants du monde.
→ The Metropolitan Museum of Art.
The Cloisters (« les Cloîtres »)
Annexe du Metropolitan Museum of Art, ce musée d'art médiéval s'est formé à partir de la collection de George Grey Barnard et grâce aux libéralités de John D. Rockefeller. Dans le cadre magnifique de Fort Tryon Park, au-dessus de l'Hudson, il occupe depuis 1938 un bâtiment conçu comme une sorte de monastère fortifié et englobant des éléments anciens, français ou espagnols, tels que l'abside de l'église de Fuentidueña, les cloîtres de Saint-Michel-de-Cuxa, de Saint-Guilhem-le-Désert, de Bonnefont et de Trie. Les collections comprennent des sculptures, des tapisseries (tentures des Preux et de la Licorne), le célèbre triptyque de Mérode attribué à Robert Campin, des orfèvreries et des ivoires.
The Frick Collection
La somptueuse collection d'Henry Clay Frick, magnat de l'acier (1849-1919), occupe un palais de la 5e avenue, bâti pour elle en 1913 et où l'on a préservé l'ambiance particulière à l'habitation d'un grand amateur d'art. Meubles, bronzes, émaux, etc., accompagnent de nombreux chefs-d'œuvre de la peinture européenne, notamment de la Renaissance italienne (Giovanni Bellini), du xviie s. (Van Dyck, Rembrandt), du xviiie s. (Fragonard) et de la première moitié du xixe s. (Goya, Ingres).
The Pierpont Morgan Library
Outre la bibliothèque proprement dite, le bâtiment contient les riches collections du banquier John Pierpont Morgan (1837-1913) : tableaux et sculptures, notamment de la Renaissance italienne, dessins, émaux, tapisseries, etc.
The Museum of Modern Art (MoMA)
Musée d'art moderne et contemporain installé à New York, au centre de Manhattan.
→ The Museum of Modern Art (MoMA).
The Solomon R. Guggenheim Museum
Ce musée d'art moderne est une fondation de Solomon R. Guggenheim, magnat du cuivre (1861-1949). Conçu par Frank Lloyd Wright, le bâtiment (5e avenue) compte parmi les créations les plus originales de l'architecture contemporaine (1943-1959) ; il forme un cône renversé, à l'intérieur duquel se déroule une rampe hélicoïdale. Les collections font une place particulièrement large au cubisme et aux débuts de l'abstraction (Kandinsky, Klee). Au bâtiment de Wright a été accolé en 1993 un immeuble en hauteur, qui permet d'abriter notamment la collection Thannhauser, léguée en 1965 ; Picasso y est à l'honneur, accompagné d'impressionnistes et de post-impressionnistes.
The Museum of Arts and Design
Conçu en béton par l'architecte Edward Durell Stone (1902–1978), ce musée situé sur Columbus Circle a été rénové en ciment en 2008. Ses collections de bijoux et objets utilitaires ou à vocation artistique sont célèbres.
The Whitney Museum
Fondé en 1930 par Gertrude Vanderbilt-Whitney, ce musée occupe depuis 1966 un intéressant bâtiment de Marcel Breuer (angle de Madison Avenue et de la 75e rue). Il est consacré aux artistes américains modernes, et notamment à l'avant-garde contemporaine.
The Brooklyn Museum
Des grands musées de New York, c'est le seul qui soit situé hors de Manhattan. Les collections sont particulièrement importantes dans le domaine des civilisations primitives (Afrique, Amérique, Océanie), des arts de l'Extrême-Orient et des antiquités méditerranéennes.
The American Museum of Natural History
Situé à l'angle Central Park Ouest et de la 79e rue, ce musée, fondé en 1869 est un des plus importants au monde dans le domaine de la zoologie, l'anthropologie, la minéralogie, l'environnement naturel, etc.
The National Museum of American Indian
Les collections, qui datent de 1916, ne possèdent pas moins d'un million d'objets des civilisations amérindiennes.
The Cooper-Hewitt National Museum of Design
Ce musée, situé dans la 91e rue, dans un hôtel particulier construit par Andrew Carnegie, est consacré aux arts appliqués : architecture, ingénierie, bijouterie et textile.
The Museum of the City of New York
Ce musée est consacré à l'histoire de la ville de New York et de ses habitants.
The Hispanic Society of America
À l'angle de Broadway et de la 155e rue, ce musée, le plus important des États-Unis présente des collections relatives aux civilisations ibériques, de la préhistoire au xxe s.