Nord-Pas-de-Calais
Ancienne région administrative groupant les départements du Nord et du Pas-de-Calais. → Les Hauts-de-France.
- Superficie : 12 414 km2
- Population : 4 042 015 hab. (recensement de 2011)
- Nom des habitants : Nordistes
- Chef-lieu : Lille
GÉOGRAPHIE
L'entité régionale
La région résulte de l'assemblage ou du démembrement progressif, du Moyen Âge au début du xixe s., de plusieurs entités territoriales (comté d'Artois, comté de Flandre, Boulonnais, Hainaut…). Son incorporation à la France, en deux étapes (1668, 1815), est récente. Zone frontalière, le nord de la France, toujours marginalisé sur le plan national, fut souvent disputé entre États limitrophes rivaux ; ravagé par les invasions (1870, 1914-1918, 1940), il n'a pas été épargné par les sièges et les destructions. Dans le même temps, la frontière, perméable aux échanges, et la situation géographique – entre la Rhénanie et le bassin de Londres – ouverte sur la mer, ont permis l'émergence, sur cette bordure septentrionale de l'Hexagone, de puissantes villes marchandes. Le Nord fut aussi l'un des berceaux de la révolution industrielle. À partir du xixe s., grâce au charbon, au textile et à la métallurgie, il apparaît comme l'un des premiers grands foyers industriels et ouvriers.
Les frontières régionales, mis à part le littoral, ne correspondent pas à des limites naturelles précises. Les images, en partie inexactes ou très exagérées, ne manquent pas : pays de plaines, paysages monotones, froid, humidité permanente, etc. Certes, le milieu naturel ne présente pas de contrastes brutaux, mais il connaît des nuances suffisantes pour introduire une diversité.
Le relief
Au sud, le « haut pays », rebord soulevé du Bassin parisien et de la Picardie, s'étend du haut Boulonnais au seuil du Cambrésis. Il se relève vers l'Avesnois, où affleure le socle primaire ardennais, puis s'enfonce lentement vers le « bas pays » et la plaine de Flandre. Plus basse, vallonnée, avec çà et là des buttes isolées (176 m au mont Cassel), cette dernière se prolonge en Belgique. En bordure de la mer du Nord s'étend la plaine maritime, naturellement inondable et transformée en polder dès le Moyen Âge. En profondeur, sur la marge septentrionale du socle primaire ardennais et du « haut pays », le bassin houiller s'égrène jusqu'en Wallonie (Mons, Charleroi, Liège) et dans la Ruhr. Varié, le littoral comporte trois grands secteurs : côtes basses, rectilignes, bordées de dunes et de larges plages le long de la mer du Nord ; falaises vives et petites baies entre le cap Blanc-Nez et Boulogne ; côtes basses froncées de dunes, de larges plages (Le Touquet) et d'estuaires plus ou moins envasés (Authie, Canche) au sud de Boulogne, le long de la Côte d'Opale.
La Région, où le problème de la pollution des eaux se pose avec acuité, est partagée entre les systèmes hydrographiques côtiers (Aa, Authie, Canche, Liane) et ceux de la Meuse et de l'Escaut, avec leurs affluents, la Sambre, la Lys, la Scarpe, la Sensée, la Deûle. Certains secteurs, canalisés dès le Moyen Âge,ont fixé de nombreux ports fluviaux (Saint-Omer, Aire-sur-la-Lys, Béthune, Douai, Lille, Arras…).
Le climat et la végétation
Le climat, similaire à celui du sud-est de l'Angleterre et de la Belgique, résulte de la combinaison de la latitude et de la proximité de la mer. Il se caractérise par la fraîcheur des hivers et un peu de continentalité. Les oppositions de relief introduisent des nuances pluviométriques : le haut Boulonnais reçoit plus de 1 000 mm, l'Avesnois de 800 à 900 mm, l'intérieur du « bas pays » moins de 700 mm. Pourtant, le climat est tempéré, sans froids intenses et prolongés. Sécheresses et crues sont rares. Il pleut moins à Dunkerque qu'à Marseille, mais les pluies y sont fréquentes et fines ; la nébulosité est plus forte, et l'ensoleillement plus faible.
Quelques forêts, souvent domaniales, subsistent (Boulonnais, Mormal, Raismes - Saint-Amand - Wallers…). Elles accueillent des peuplements de chênes sessiles et pédonculés, de hêtres ou de charmes, de bouleaux et de résineux récemment plantés. La végétation des dunes littorales, fragile, est menacée par la surfréquentation humaine.
La population
La Région se classe au 18e rang pour la superficie, mais au 4e pour la population, avec une densité moyenne (326 habitant/km2) supérieure au triple de la moyenne nationale ; le Nord est le département français le plus peuplé. En relation avec de forts excédents naturels et une forte immigration (belge avant 1910, polonaise dans les mines, italienne entre 1920 et 1930, maghrébine après 1945), la population s'est fortement accrue tout au long du xxe s. En 1954, elle représentait 7,8 % du peuplement national et a longtemps été, économiquement et démographiquement, une des plus dynamiques de l'Hexagone. Depuis 1999, la population n'augmente plus que faiblement, grâce à un solde naturel positif, le solde migratoire étant négatif. Cette croissance s'avère être la plus faible des régions françaises (cinq fois inférieure à celle de la France). Le manque d'attractivité de la région explique ce phénomène qui perdure depuis de nombreuses années. Les départs de la région se font principalement vers l'Île-de-France et la Picardie. Le Nord-Pas-de-Calais demeure la seconde région la plus jeune de France après l'Île-de-France : 40 % de ses habitants ont moins de 30 ans (30 % pour l'ensemble de la France). Si le taux de natalité est un peu supérieur à la moyenne française, l'espérance de vie est nettement inférieure, particulièrement pour les hommes.
Des deux images historiques de la population de la région , à la fois ouvrière et urbaine, la composante urbaine perdure : plus de 90 % de la population vit dans un grand nombre de villes ou d'agglomérations très diverses, soit des villes isolées, petites ou moyennes, soit la nébuleuse de l'ancien bassin minier, soit l'immense conurbation lilloise, la capitale de la Région étant le coeur d'une agglomération devenue métropole européenne transfrontalière.
L'économie
Depuis l'après-guerre, le Nord-Pas-de-Calais a été confronté à de graves difficultés structurelles et à une crise économique et sociale persistante. Des trois grands secteurs de son économie ancienne : charbon, acier, textile, seul le dernier reste performant (1/10 des effectifs nationaux). Cependant la mise en service du tunnel sous la Manche et du TGV a engagé la Région dans une nouvelle dynamique.
Par son produit intérieur brut (environ 5 %), le Nord-Pas-de-Calais se situe au quatrième rang français, après l'Île-de-France, Rhône-Alpes,et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le secteur secondaire n'occupe plus que 21 % de la population active (20 % pour la France), tandis que le secteur tertiaire, en expansion, rejoint la moyenne nationale (77 % des actifs). La situation de l'emploi s'est améliorée, le niveau du chômage restant cependant le plus élevé des régions françaises après le Languedoc-Roussillon, tandis que 10 % de la population vit dans des zones urbaines sensibles (près de 50 % de cette population vit dans l'unité urbaine de Lille).
L'agriculture
Cette dernière, en valeur, représente 3,9 % de la production nationale. Les paysages ruraux sont d'une grande variété ; les fermes sont groupées en villages au sud d'une ligne approximativement ouest-est passant par Lille, et elles sont dispersées au nord. Les campagnes sont ouvertes, sans haies, au S. (sauf dans le Boulonnais et l'Avesnois, bocages herbagers) ; au N., chaque ferme isolée s'entoure d'une ou deux parcelles, en herbe et bordées de haies. Orientée vers les marchés urbains et les industries agroalimentaires, l'agriculture nordiste se caractérise par sa haute productivité et l'étendue de sa surface utile (66 % du total régional). Elle voit se juxtaposer l'élevage laitier (Avesnois, Boulonnais, Thiérache), des zones de polyculture intensive avec élevage industriel (Flandre) et des zones de grande culture céréalière et betteravière (Artois, Cambrésis). Les cultures légumières (endives, pois, pommes de terre) constituent une importante source de revenus. La proximité de la mer du Nord a suscité l'essor d'une pêche industrielle concentrée à Boulogne, premier port français pour le volume des débarquements et premier centre de transformation du poisson.
Industrie
La désindustrialisation recouvre des réalités très diverses. Alors que certaines branches ont disparu (la dernière mine a été fermée en décembre 1990), d'autres se sont adaptées. Le secteur des industries de base reste important ; la sidérurgie et la métallurgie lourde ont disparu de la Sambre et du Valenciennois pour se concentrer à Dunkerque, où s'est ajoutée la pétrochimie. Auparavant produite à partir du charbon, l'électricité provient aujourd'hui pour 100 % de la centrale nucléaire de Gravelines.
La construction automobile vient en tête dans le secteur de la métallurgie de transformation. Elle a été introduite depuis 1970 et représente environ un tiers de l'emploi régional, avec plusieurs établissements dépassant 2 000 salariés, notamment Renault à Douai, PSA Peugeot Citroën à Valenciennes, Toyota à Onnaing (un des plus gros investissements industriels étrangers en France). Viennent ensuite le matériel ferroviaire, l'agroalimentaire, les équipements électriques, électroniques et informatiques, les machines et la chimie, très diversifiée (parfums, cosmétiques, carbochimie, chimie minérale, colorants, détergents, pharmacie) et le textile. Ce dernier, localisé surtout à Lille-Roubaix-Tourcoing, qui travaillait la laine et le coton, produisant articles de bonneterie, et tissus d'ameublement, s'est reconverti en misant sur les textiles à très hautes performances, autour du pôle de compétitivité à vocation mondiale Up-Tex.
De nouveaux secteurs d'activités se sont développés comme l'électronique et la plasturgie et plus récemment le secteur biomédical, présent près de Lille, avec le pôle économique et scientifique d'envergure européenne Eurasanté. Le pôle de compétitivité NSL, Nutrition-Santé-Longévité, conforte cette filière, dont le nombre d'emplois est désormais supérieur à celui du textile. Il favorise l'émergence de projet de Recherche et Développement dans le but de renforcer et d'accroître la compétitivité de l'industrie dans le domaine de la nutrition et de la santé.
Tertiaire
Les services
Malgré un ancien retard, la Région a connu une rapide tertiarisation. Le développement régional peut s'appuyer sur des compétences fortes et reconnues, comme la vente par correspondance (La Redoute, les 3 Suisses, Vert Baudet, Damart), la grande distribution (Auchan). Les manques en matière de formation scolaire et universitaire ont été comblés. Avec sept universités, le potentiel formation-recherche est devenu considérable.
Le développement et la diversification du secteur tertiaire s'appuient sur le réseau des villes moyennes et surtout sur la conurbation Lille-Roubaix-Tourcoing. Elle concentre près de la moitié des services supérieurs de la Région, au cœur d'une très vaste agglomération, devenue europôle transfrontalier, ce qui a donné à la région Nord-Pas-de-Calais une expérience de la coopération territoriale européenne (programmes Interreg). Par ailleurs, la ville nouvelle de Villeneuve-d'Ascq, grâce à son cadre urbain moderne et à sa stratégie « technopolitaine », est un lieu dynamique de développement administratif et universitaire.
Les transports et la fonction de carrefour
Le tunnel sous la Manche, dont l'axe ferroviaire (navettes pour voitures et camions ; TGV et trains classiques) relie le Kent au continent, à Sangatte, près de Calais, a été ouvert en mai 1994. Même s'il concurrence en partie les ports français et belges, il a puissamment contribué à l'intensification du trafic transmanche. Par ailleurs, la mise en service du TGV entre Paris, Lille et le débouché du tunnel, puis jusqu'à Londres, Bruxelles, Amsterdam et la Rhénanie, a considérablement raccourci les temps de parcours entre les grandes métropoles de l'Europe du Nord-Ouest et fait de Lille une plaque tournante européenne. Son aéroport, Lille-Lesquin, dépasse maintenant le million et demi de passagers annuels.
Déjà favorisée par sa situation de jonction entre les îles Britanniques et le continent, la Région a renforçé sa fonction d'échange, de carrefour de communication entre l'Europe du Nord et du Nord-Ouest, le reste de la France et la péninsule Ibérique. La présence de trois grands ports l'atteste : Boulogne, Calais (premier port pour le nombre de voyageurs en France et 2e port européen derrière Douvres avec 10 millions de passagers annuels), Dunkerque (troisième port pour le trafic pondéreux minéralier). Un quadrillage serré d'autoroutes, à la fois nord-sud (A 1, A 2) et du littoral vers l'intérieur (A 25, A 26, A 27), canalise un trafic régional, interrégional et international considérable. D'importants aménagements ont été réalisés sur le littoral et sur le site du terminal du tunnel. Un plan routier et autoroutier (A 16, rocade littorale), source de vives polémiques, les accompagne.