falaise
(mot normand, du germanique falisa, rocher)
Escarpement littoral plus ou moins abrupt dû à l'action ou à la présence de la mer, et dont le pied se raccorde ordinairement à une plate-forme d'abrasion.
Les différents types de falaises
Une falaise vive est soumise directement à l'action de la mer. Portion de littoral abrupt, elle domine les eaux d'au moins quelques mètres. Elle est précédée d'un replat, de largeur variable, recouvert par une faible profondeur d'eau : la plate-forme d'abrasion. Le plus souvent, la falaise vive est séparée de la plate-forme d'abrasion par une encoche d'érosion creusée par le sapement des vagues et dont la profondeur et la hauteur peut atteindre quelques mètres. Le talus qui la surmonte évolue sous l'influence des processus gravitaires (éboulement, glissement) et du ruissellement.
Une falaise morte, peu à peu séparée du rivage par des sédiments ou à la suite d'une baisse locale du niveau de la mer, cesse d'être une forme littorale vivante pour devenir un simple versant continental. Elle est séparée du trait de côte par une ceinture d'accumulation. Certaines falaises mortes peuvent être situées à plusieurs kilomètres du rivage.
Une falaise dédoublée a son pied occupé par un important paquet éboulé ou glissé.
Une falaise plongeante disparaît rapidement sous la mer sans l'intermédiaire d'une plate-forme d'abrasion ; elle provient de l'ennoiement récent d'un abrupt tectonique ou continental.
Sur les côtes de submersion, lorsque la mer baigne d'anciens flancs de collines ou de montagnes partiellement recouverts par les eaux, les falaises ne sont pas précédées d'une plate-forme d'abrasion et leur modelé n'est pas dû à l'action ou au recul de la mer : il s'agit de fausses falaises. Une fausse falaise peut devenir une falaise vraie après l'attaque de sa base par la mer et le dégagement d'une plate-forme.
L'évolution des falaises
La forme (profil, tracé) de la falaise et sa vitesse de recul dépendent principalement de la cohérence et de la résistance des matériaux qui la constituent.
Dans les roches consolidées, la falaise agit directement, en profitant de toutes les faiblesses de la roche (clivage, diaclases, schistosité). C'est dans les roches consolidées faites de calcaires, de craies, de grès durs, de basaltes que les falaises sont les plus hautes et les plus raides. La verticalité (due aux éboulements brutaux) est localement atténuée par des discontinuités structurales. La plate-forme d'abrasion est étendue. Les vallées suspendues (valleuses) sont tronçonnées par le recul, se terminant en cascades. Dans les roches consolidées faites de roches résistantes stratifiées (schistes, micaschistes), la falaise est formée de facettes structurales, avec un profil très fréquemment adouci. Il apparaît des grottes, des lapiés et des alignement de récifs taillés selon les plans de schistosité. Dans les roches consolidées faites de roches massives (socles ignés, calcaires durs), la falaise est très découpée, mais peu élevée, avec une forme convexe où seule la partie basse est vive. Il apparaît des grottes, des couloirs d'érosion, des cuvettes, des cannelures, des taffoni, en partie dus à l'érosion sélective guidée par les cassures ou les diaclases.
Dans les roches mal consolidées, la falaise régresse rapidement sous l'effet des processus aériens. La plate-forme d'abrasion est encombrée de matériaux peu ou mal déblayés par la mer, dont le rôle apparaît comme accessoire. Dans les roches mal consolidées faites de sables, cendres volcaniques, loess, dépôts glaciaires, il se succède des versants adoucis, avec glissement, et des versants raides, déblayés par la mer. Dans les roches mal consolidées faites d'argiles, les coulées et loupes de glissement, provenant de ravins (bad-lands) et de niches de décollement, ennoient la plage. Dans les roches mal consolidées faites de roches cohérentes (grès, calcaires) surmontant des assises perméables et plastiques, des glissements et des coulées affectent les assises sous-jacentes et entraînent le couronnement de la falaise qui s'accumule en chaos de blocs sur la plage.
Une côte rocheuse évolue normalement par extension de la plate-forme d'abrasion, recul et adoucissement de la falaise. Sa vitesse d'élaboration est parfois difficile à évaluer, mais paraît lente en de très nombreux cas. Les falaises entaillées en roches dures sont parfois considérées comme fossiles, c'est-à-dire façonnées par les hauts niveaux marins quaternaires, les processus actuels se bornant à redégager d'anciennes plates-formes d'abrasion encombrées de dépôts.
Ces évolutions peuvent être inversées sous les climats tropicaux.