névrose, psychose et perversion

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la philosophie ».


En allemand : Neurose, de l'anglais Neurost (Cullen, 1777) ; Psychose, Perversion, Krafft-Ebing (1893), Havelock Ellis (1897).

Psychanalyse

La psychanalyse oppose à la nosographie statique héritée de la psychiatrie, qui suppose l'existence de structures stables, une conception dynamique des modalités d'apparition, de transformation et de disparition des moments et défenses névrotiques, psychotiques ou pervers.

Freud oppose d'abord les psychonévroses de défense, déterminées par un conflit psychique qui s'origine dans l'histoire infantile et dont les symptômes sont l'expression d'une formation de compromis entre souhait et défense, et les névroses actuelles, dont la cause est à rapporter à des perturbations somatiques actuelles de la vie sexuelle. Les psychonévroses de défense comprennent les névroses de transfert, dans lesquelles la libido est transférée, selon la logique du processus primaire, sur des objets fantasmatiques, et les névroses narcissiques (appelées ultérieurement psychoses) dans lesquelles elle est retirée du monde extérieur sur le moi. La première définition de la perversion provient de la reconstruction de la sexualité infantile. L'enfant est « pervers polymorphe »(1) : les pulsions partielles, étayées sur les fonctions physiologiques et les soins, tendent vers une satisfaction autoérotique. En cas de perversion à l'âge adulte, des composantes partielles de la sexualité infantile persistent ou réapparaissent. La névrose est le « négatif de la perversion »(2) : le fantasme de souhait sexuel, refoulé, est identique à l'acte pervers et se réalise dans le symptôme.

Névrose, psychose et perversion se distinguent par le mécanisme de défense mis en jeu. Le refoulement des exigences pulsionnelles en contradiction avec les exigences de la réalité ou du sur-moi définit la position névrotique. Le rejet d'une perception insupportable et du fragment de réalité qui lui est attaché, par lequel le moi désinvestit le monde extérieur et reste soumis au seul ça, la position psychotique. Le déni, par lequel le moi reconnaît et refuse de reconnaître la réalité d'une perception (clivage), la position perverse. Ces trois modes de défense portent, in fine, sur la réalité d'une perception inconcevable : la castration – le manque de phallus – de la mère.

La psychanalyse affirme que la « normalité » suppose, non l'absence de toute position névrotique, psychotique ou perverse, mais le libre jeu de celles-ci : les préliminaires sexuels sont pervers, le sommeil est psychose et la vie courante – avec ses incessantes formations de compromis – névrose.

Christian Michel

Notes bibliographiques

  • 1 ↑ Freud, S., Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie (1905), G.W.V., Trois Essais sur la théorie sexuelle, Gallimard, Paris, 1989, p. 118.
  • 2 ↑ Ibid., p. 80.

→ ça, défense, déni, différence des sexes, moi, phallus, processus primaire et secondaire, psychose, pulsion, réalité, refoulement, rejet, souhait, surmoi